vendredi 23 août 2013

14/06/2023 A-propos



je cherchais le sommeil ou des rêves anciens . Quant aux rêves éveillés, ils tissaient une légende que je tricotais comme une corde à arpenter. Funambule/somnambule glissant pas à pas sur le sujet-verbe-complément.
Ne vivons nous pas tous dans des mondes de légendes, des champs réifiés pour nos âmes inquiètes. L’histoire des peuples ou des individus s’épellent dans des écritures approximatives et chacun entonne l’hymne qui lui convient. J’étais un être ingénu, je l’avais été pour survivre au rejet, à cette toxine sans nom qui parcourait mon être, tous les capteurs de mon être dans cette état d’alerte qui irrigue tous nos pores -time after time.
Il n’était plus temps de l’inquiétude, il n’était plus temps de remords, de regrets. Les larmes d’aquarelle pouvaient sécher dans un lavis aux formes de Test de Rorschach. J’avais vécu 90 jours au chevet de celle qui était ma génitrice comme un temps précieux non pour la connaître ou la comprendre, peut être plus simplement pour laisser nos coeurs battre côte à côte au rythme de leur pulsation singulière. Sans illusion sur les rôles de chacun, sur les histoires de chacun, leurs épiphanies, leurs mensonges, leurs déroutes.
A l’extérieur de la chambre 330 du CHU de Nîmes, tour D, le monde vombrissait de fracas meurtriers, plus meurtriers.
Je n’étalonnais pas mon existence à l’aune d’autrui, à ses souffrances comme à ses bonheurs. Je prônais un exercice singulier de ma conscience à vivre dans ce monde au demeurant invivable. Un être entre dire et taire, s’essayant à un dire qui repousse le taire pour se hisser, permettre l’ascension à la station debout. Ne rampons nous pas dans nos translations laborieuses?
Un jour d’aout 1975, je perdis le langage. Je me tus. Un cataclysme remue votre langage, cette construction fragile de toute notre perception du monde. Un effondrement reste un effondrement. Il trame même une fondation radicalement nouvelle où l’”avant” se miroite avec constance  en tant que - fin du monde- advenu et son irréversible. Nous ne devenons pas plus fort marqué par nos épreuves. Nous survivons autre à nous mêmes, entamés, scarifiés, nos taires craquelés, rocs à vif et poussière, le sens des mots happé dans le ressac de ce qui est soustrait.
suis je né un 14 Juin
consonnes et voyelles dans un chant de sépultures.
J’avais donné.
-J’eusses aimé être un héros : à mes propre yeux-.
L’expression soulevait quelques ambiguïtés.
Il faut se méfier des expressions, des métaphores, de toutes ces formules langagières qui bornent nos êtres. L’héroïsme dans mon entendement tramait la tentative de démêler mes propres peurs de grain de sable sous les étoiles. Je me posais depuis l’origine une question simple : comment me tenir debout? Faute de tuteurs et aidé par l’oubli la question tournait en forme de ritournelle. Sarah Kofman avait écrit un très bel essai “Comment s’en sortir”
N’avais jamais été obsédé par le besoin d’écrire, d’être écrivain. Ai toujours été soucieux du langage, du sens des mots, des détours de nos langues. Je cherchais mon chemin dans les mots plus que dans le langage, une traversée buissonnière loin des écoles du dire. Mon esprit raisonnait par écho. Le NON DIT/le nom dit. Ces marquages offerts Rouge.