jeudi 30 avril 2009

febbraio 2001



en ce temps là je passais pas mal d'heures sur un escabeau, démontant chemin de câbles
et en tirant d'autres.
J'allais de colléges en écoles, histoire de remettre aux normes de sécurité des établissements scolaires du département dont certains dataient du lendemain de la seconde guerre et les plus récents des lendemains de la guerre d'algérie.
J'étais le contemporain de ces édifices vascillant laissés a volo par cette myopie politique de ne pas préparer l'avenir et ceux qui en sont porteurs : les jeunes , bien sûr.
Ils avaient été édifiés dans mon enfance et là je faisais le constat de leur délabrement.
Chose qui me rassurait quelque peu sur moi même.
La tendance pour les colléges étaient à la destruction systématique des wc. Pour les écoles , c'était plus subtil, les peintures s'écaillaient se salissaient, les tuyauteries se fossilisaient dans le calcaire, les baies vitrées s'ouvraient une fois sur deux quant aux câbles entre ceux qui avaient trop chauffés et le restant qui n'était pas aux normes : il valait mieux une remise à zéro.
La boite pour qui je bossais avait donc eu le budget rénovation de la partie électrique et il ne m'avait pas fallu longtemps pour comprendre que pour remettre dans un état digne d'accueillir de jeunes enfants, d'autres corps de métiers auraient été nécessaire.
Cela me déprimait, l'incohérence me déprimait toujours.
Je n'avais plus mis les pieds dans un établissement scolaire depuis près de 30 ans et je n'avais pas imaginé cet état des lieux.
Mais enfin la semaine s'était terminée dans cette sérénité d'être dans les temps et de pouvoir commencer à remettre les choses en ordre dès le lundi.
C'était quand même agréable de travailler dans un lieu déserté.
J"étais donc depuis 7 h à mettre des colliers qui tiendraient les nouveaux câbles quand je vis des adultes dans la cour, L'escalier s'amplit de voix rieuses, féminines qui, arrivées à l'étage, restérent un moment en suspens.
Nous dûmes nous saluer. Ma mémoire , parcellaire. Elles étaient de même taille, l'une très brune et l'autre des cheveux courts plutôt blonde,. Je restais sur mon escabeau à tricoter mes colliers me rapprochant peu à peu de la salle où les jeunes femmes poursuivaient leur conversation.
Dans la cour des gamins commençaient à arriver en grappe accompagnés de leurs parents.
L' odeur de café prenait possession de l'espace.
La femme aux cheveux courts fit une incursion dans le couloir me saluant à nouveau "je suis la directrice, voulez vous du café".
Je dus marquer ma surprise par une sorte de grimace ou un tic car mutine et rieuse, elle répéta "oui un café, nous avons fait du café". Je les rejoignis passant dans une salle encombrée de cartons de cartes et de dessins d'enfants aux murs. Pendant le chantier, la bibliothéque scolaire allait donc ouvrir aussi.
Le café avait l' arôme augmenté par cette sensualité du partage, quand des êtres l'amplifient par leur simples présences.
Les jours suivants, il devint tradition.
J'étais toujours surpris de voir l'ambiance chaleureuse de ce lieu vétuste quand les conversations d'enfants et de leurs tutrices glissaient dans les sonorités occitanes, je n'avais jamais imaginé combien une langue dite mineure pouvait se faire entraînante, et me venait ce sentiment que ces enfants participaient à un voyage bien original où la prépondérance du sens, des mots appropriés leur procuraient des feux d'artifices bien excitant que des artificier(e)s sans moyen s'ingéniaient avec cette infinie patience des pédagogues, à insuffler.
En croisant la femme au café hier, à l'étage de mon lieu de travail, je me suis dit que j'eusses aimé connaître quelques mots d'occitan pour la saluer mais elle n'avait pas le temps de prendre un café.

lundi 27 avril 2009

29 avril 09




dans deux jours, elle est née
elle aura 14 printemps
quatorze années étonnantes
prolifiques.
Voir grandir un petit être
voir une force de caractère se former
chercher sa place, son style
grappiller le meilleurs des autres
grappiller avec pudeur mais perspicacité.
J'aime chez cet enfant -femme la détermination
faite de silence, d'exercices solitaires et patients
j'aime son choix d'apprendre la vie avec pour principal tuteur
sa passion chevillée aux étriers.
Bien sûr j'ai peur parfois devant la disproportion
entre l'animal et son mètre quarante
comme ce dimanche où la chute l'a cueillie
la mâchoire blessée et séjour à l'hosto.

Mon histoire a déjà mis sur ma route de jeunes gabarits
qui n'avaient rien à envier à "james dean", d'autant que c'étaient de jeunes femmes.

Quand je vois s'avancer Venezia, je sais ma chance
d'être entouré par de jeunes étoiles qui saupoudrent
de leurs simples existences
mon firmament!

BON ANNIVERSAIRE ANNA
ET LONGUE VIE MON ENFANT

vendredi 17 avril 2009

agosto la fine di




Dans cette activité de soignant se poser la question de la pudeur devient un leitmotiv quotidien (je n'aime pas le mot récurrent trop pédant à mon gout, trop happy few). La pudeur est un théme qui implique chacun dans la continuité de l' existence. Dans ce face à face avec un patient, cela devient une question immédiate et presque permanente durant la durée du soin. Pour un homme dans ce monde où il est plus habituel de voir des femmes, la question est encore plus prégnante. L'uniforme blanc ne vous exonére pas de devoir énoncer à la personne qui vous fait face (quel que soit son sexe) si elle accepte votre présence dans cette intimité des corps. Cette question de la pudeur ne se réduit pas à une question sexuelle tant à ces moments, devant la douleur d'autrui, les pensées se fixent sur d'autres préalables. J'en viens souvent à penser que dans cette sphére du soin la pudeur a à voir avec le "corps souffrant".
Montrer son corps souffrant, être confronté au regard de l'autre (supposé bien portant) sur son corps alité! Voilà l'énoncé dont je garde la formulation muette chaque fois que j'entre dans une chambre, chaque fois que je cherche le regard de l'autre qui me fait face.
Chaque fois, tant les lignes peuvent fluctuer d'un temps à l'autre, l'ouvert se refermer.
Le regard curieusement est pour moi la clé, il est cette sphére de la première approche où l'autre se fait une idée de vous avant même d'avoir entendu votre voix. Je pense souvent à un éléve infirmier que je croise de temps à autre et qui prépare un mémoire sur le sourire. Nous discutons peu mais à l'observer je sais qu'il a tout pigé même si la notion de sourire mérite d'être étendue. à la question du visage (il y a quelques années les éditions autrement avait sorti un numéro de leur revue sur "le visage", interventions de philosophes, de sociologues et d'un chirurgien plasticien).
La scéne du "soin" a ce mérite extréme d'offrir des rencontres de dénuement.
C'est souvent le patient qui en fait les frais, expédiés comme un numéro de dossier, une pathologie classifiée en nombre de jours mais en retour c'est aussi la mise à nu de ceux qui interviennent dans le soin.
La question de la pudeur n'et pas une question de voile sur un corps, de pose d'un drap, d'une serviette mais de la maniére dont vous considérez celui qui est devant vous, du ton d'une voix, de l'attention, de la prise en considération que l'être qui est face à vous a une histoire faites d'épreuves, de savoir, d'expériences.
Car la question de la pudeur prend forme quand l'autre sent dans votre manière d'être cette dépossession de lui-même, de ce qui le constitue en tant qu'être pensant.

Me coltine depuis une semaine au refus d'une patiente. Je reprenais le service samedi dernier et faire connaissance à 7 h du matin a été un peu brutal. J'ai pressenti sur son visage l'inquiétude et à peine avais-je formulé l'alternative qu'elle opta pour ma collégue. Las nous étions deux hommes ce matin là, aussi nous trouvâmes "la collégue" dans autre service.
Depuis nous avons fait connaissance et la distance s'est restreinte mais en moi demeure le questionnement.
Il faut dire que j'ai beaucoup d'a priori. Je croyais que le rock and roll avait dissout à jamais
ces archaïsmes sur corps et nudité et puis le retour du religieux a insidieusement reconverti les anciennes pudibonderies. La liberté sexuelle s'est transformée en sa commercialisation à l'extrème, le corps marchandise fait partie de la spéculation à outrance, si bien que si vous venez à émettre l'idée saugrenue "pas d'amour sans amour" on vous prend (est ce bien le terme) pour un marsien. C'est étonnant cet écart entre les années 68 où le désir et la volonté des femmes (jeunes) à décider de leur vie de leur sexualité s'insurgeaient contre l'ordre moral , les diktats patriarcaux et le glissement depuis la fin des années 70 dans ce marketing triomphant mêlant vulgarité et sexe retournant les slogans de révolte "nous voulons tout tout de suite" dans cette idéologie sarkoziste avant l'heure de la jouissance consummériste à tout crin ( premières années canal plus, des fameuses radio libre sans parler des cauet et autres phénoménes d'aujourd'hui). Le langage de la marchandisation des corps a pris toutes ces tonalités mortiféres injurieuses où s'immisce la volonté de pouvoir de néantisation de l'autre.
Ce n'est pas un voile sur le corps qui indiquerait "la mesure" mais plutôt un baillon sur toutes les bouches qui n'éructent que des crachats. L'humour qui peut être aussi un apannage de la pudeur est vide de sens sur les ondes d'aujourd'hui (je pense à skyrock (sky c sur), et autres nrj etc). Le mot "cul" prononcé par Férré dans un temps guindé est cent fois plus détonnant que les blagues graveleuses d'un cauet mais ainsi est la vie. (je m'énerve, je le sens)

Désormais la mécanique des corps carbure dans des enchevêtrements même pas tantriques et sans grande imagination : il suffit de taper sex ds google pour que la machine cent balles.
Et si dans libé je trouve une annonce style "con cherche bite for the beat" me sentirai pas con/cerné d'ailleurs je ne lis pas libé!

samedi 11 avril 2009

février 01





regarder deux vidéos en miroir :
deux vidéos qui sur la vie dialoguent à leur maniére et se dire
que la translation dans l'une comme dans l'autre renvoie des éclairages singuliers
au plus prêt de l'existence.
La voix d'Iggy sur les images de goran slalomant la vitalité de cet espace américain et une animation en pâte à modeler sur intra muros nimois stylisé
qui vous travaille le corps de questionnements.
Ainsi est la vie!
J'écoute iggy pop, le matin en passant devant le service oncologie de cette clinique de valdegour et je glisse vers mon lieu de travail qqs kms plus bas, j'écoute la voix d'iggy pop et je pense à votre synopsis, Corinne, à la prégnance du temps, à ces menus faits qui font la pesanteur de chaque jour, je pense à des proches et les nommer est ss importance et je monte le son à chaque nouveau jour naissant.

jeudi 9 avril 2009

maggio sempre

Bruce Springsteen and the E Street Band : Backstreets - kewego
Darkness On The Edge Of Town Concert en registres en 1973 avec son groupe le E street band



je me suis souvent laisser porter par les intonations de l'E street band" quand dans le silence advenu, il n'y avait que l'écriture qui délivre un peu de sens devant la perte de l'être aimé.
J'ai longtemps goutté à ce paradoxe de la perte du sens de la vie et de cette tentative effrénée de forer dans le magma pour se frayer un chemin dans la frayeur.
Nous sommes tous confrontés à ces questions philosophiques que nous traitons pragmatiquement avec notre langage, notre souffrance nos croyances.
Longtemps la mort de l'autre fut pour moi un alibi pour fuir la réalité, se recroqueviller, ne pas penser, c'est à dire ne pas se faire violence pour se hisser à un autre niveau de compréhension de la vie.
J'ai fait payer le prix cher à celles qui me furent proches, celles qui recueillirent mon corps exsangue et posérent leurs mains et baume d'affection. J'ai la mémoire vive d'avoir étreint le corps d'une femme après avoir erré dans cimetierre et elle devinait les visions qui me traversaient et me retenait de ses jambes, de ses bras comme s'il en allait de ma vie et à ces moments en allait il peut être de ma vie. Nous vivons avec paquets de névroses, blindés de certitudes but trop souvent blind.
Je suis un garçon chanceux et j'en ignore les raisons si raison, il y a. Toujours eu sur ma route anges ou rois mages appaisant de leur attention, de leur sagesse, de leur beauté et versant san compter ces rasades de bienveillance qui vous donnent la ressource de tenir un jour de plus : ne serait ce que pour le voir se lever.
J'ai toujours eu la naïveté de croire que le corps qui m'approchait, m'ouvrant son champ d'intimité m'offrait plus que le plaisir éphémére mais l'accés à travers lui à son chant singulier, son savoir sur ce monde, sa mémoire et l'infinie promesse de la vie.
prove it all night


mercredi 8 avril 2009

fin aout



pensant à ce signe de la "vierge" à l'ascendant de mon âme : hic et nunc.
j'ai sur la vie un regard distant pour avoir longtemps séjourné dans la sphère de l'attente.
Les chansons de léonard cohen me sont tjs parvenues ésotériques et aussi
incompréhensibles que l'existence.
Quand elles parlaient d'amour, de désespoir, de résistance, quand elles zoomaient sur la souffrance et l'ineffable rédemption.
J'eusses aimé déposé aux pieds de ceux que j'aime ses mots.

Plus que bob dylan, L Cohen est le poète qui nourrira mon âme captive de ses quêtes.
Chaque jour, en m'asseyant devant le clavier, tentant de revisiter les moments de mon activité, de noter ces menus faits qui parfois sont aussi des offrandes, je convoque les êtres chers dans ce facebook à l'arrière du crâne et je murmure comme un mantra :
"je vous aime : puissiez vous le savoir".

vendredi 3 avril 2009

sabato, aprile il 4



una nonna torinese mi diceva questa settimana" gli italiani sono i migliori"! J'ai ri "sicuro"!
Il m'arrive souvent de parler la langue de l'origine avec des patients
souvent âgés, cherchant dans ces sonorités le plus court chemin vers l'autre.
Les souvenirs bien sûr viennent se mêler, la blancheur d'une chevelure, cette intonation pièmontaise un peu plaintive, qui parle et de l'exil et du pays tout cet inconscient que je partage et qui m'attache malgrè moi.

Ma culture est la langue française, elle a modelé ma perception, mon imaginaire et permis toutes les greffes grappillées avec frènésie comme le blues, le rock, le jazz, la littérature américaine et surtout la poésie d'un allen ginsberg ou de Mac clure.
L'idée de l'intégration ne s'est jamais posée à moi. Il est fort probable que si l'on m'avait dit à l'adolescence "garçon, il faut vous intégrer", j'aurai répondu "me ne fregga etc".
En ce temps, l'école avait fière allure même si le savoir doctrinal se craquelait, c'était encore un sanctuaire. Je me souviens de profs français, de latin nous faisant déclamer cicéron ou du bellay, marot, villon, certains y prenaient gout d'autres s'en fichaient. Je me souviens d'un éléve guy odirici brillant comme une nova qui nous avait lu du kerouac en anglais dans un cours de français, c'était en 1967.
Je n'ai jamais voulu chanter la Marseillaise sur commande, ni commémorer les dates de ces conflits antérieurs, boucheries organisées. Je ne suis pas pacifiste. Je ne serai jamais du côté des sabres-peuple, des esclavagistes. N'en déplaise à ségoléne, la notion de gagnant-gagnant reste une vulgate gnan gnan. La bourgeoisie française n'a jamais brillé par des idées généreuses, altruistes. Les trois mots sur le frontispice de nos monuments "liberté, égalité, fraternité" ont depuis longtemps de la moisissure.

Je comprends que des jeunes aujourd'hui dont les racines viennent de par de là les mers se sentent en porte à faux. La richesse de notre histoire, de notre patrimoine, de notre langue, son extrème diversité loin d'avoir ce besoin paranoiaque d'intégrer devrait accueillir, stimuler, faire confiance à toute l'énergie d'une jeunesse qui ne demande qu'à créer, vivre. Le raï, le zouk, des auteurs comme Glissant Chamoiseau sont des chances cardinales, optimistes dont notre pays peut s'enorgueillir. Tout comme on peut demeurer sensible à paolo conte quand on vient du piémont, n'en déplaise à un max gallo dont le credo godille depuis 68 dans des eaux tjs plus troubles.

jeudi 2 avril 2009

2 avril



je me souviens que ce titre d'Arno m'avait mis terriblement mal ou plutôt fait comprendre le programme parental que j'avais souhaité pour mes enfants.
J'ai toujours été très circonspect considérant l'instinct maternel (ou paternel d'ailleurs).
Je dirai même que je crois qu'il ne s'agit pas d'un instinct mais d'un acquis culturel qui certes faisant partie de la programmation des "filles", les prépare à ces tâches de soins et d'éducation.
Je n'ai jamais adhéré aux discours faisant de la maternité le détour obligé de la féminité. J'ai souvent aimé des femmes qui avaient d'autres objectifs et qui n'en étaient pas moins femme.
Elles savaient affirmer consciemment leur désir et leur faim de vivre. Sans la moindre culpabilité!
Je n'ai jamais eu d'affinités avec ma mére qui ne sait rien de ma vie et ma grand mère qui s'occupa de moi m'aurait probablement laissé adopter si j'avais été une fille.
Il en était ainsi dans cette culture pièmontaise de la moitiè du siécle passé.
Quand je vois anna et jade avec leur mère, je mesure les années lumières qui nous différencient et j'en suis fort aise.
Quand j'entends certaines femmes parler de leurs enfants, j'entends ce chant d' Arno et je sais combien elles méritent des pétales de roses à leurs pieds.