samedi 26 avril 2014

mai 1994 septembre 2009





il fallait
avant que ma mémoire se délite
ces mots, point trop,
elle ne les liraient pas.

-Cet étrange paradoxe d’avoir des enfants 
hors de l’amour
hors de cette confiance irriguante
hors de ce besoin insensé et palpable de l’autre
hors de cette soif de la voix qui abreuve
hors de ces acmés de l’étreinte et d’un rire
hors du frôlement des lèvres et du dire
hors de ce seuil de reconnaissance
qui inscrivent l’élection mutuelle
qui inscrivent l’alliance à tisser
qui inscrivent l’indéfectible de la présence à l’autre,
un pacte même muet/même secret
dans cette trame singulière 
qui lie les êtres à une naissance
et édifie :
-en hébreu Aimer et Bâtir sont noués par étymologie-.

Ni l’un ni l’autre n'étions « hébreux ».
Avions si peu bâti en communion
bien plus pâti 

-lui dire
qu’avoir d’elle, ces enfants
signifiait de l' amour
s'ignifier la brûlure
et le sens s’avère parfois
pour l’autre 
insignifiant-

vendredi 25 avril 2014

22/06





flux flou
la narration comme une adresse, une érosion 
de ce qui se détache dans l’instant 
de moi.
Gagner sa liberté sous le regard de l’autre, 

toujours un effeuillage de mots. 


Phréatiquement,  se frayer sans s’effrayer. 

Je suis fait de mes lectures et de sons 
qui m’ont cueilli à l’adolescence. 
On n’est pas trahi par ses lectures, 
on est crucifié par ses proches.
Je ne regrette rien. 

Si ce ne sont mes lâchetés et les blessures occasionnées. 

Mon sentiment de culpabilité est lucide et mesuré. 
I pay the bill.

Voulais être meilleur. 

Sans plus. 
Mais n’en fis pas une obsession. 
Fus plus exigeant envers les autres qu’envers moi-même. 
Ceci ne fut pas le moindre de mes défauts.
Par ingénuité, je réclamais un chèque en blanc. 

Par ingénuité.

« Etre aimé » ou « ne pas tuer »
 restent des injonctions idéales d’une signalétique virtuelle.
J’aime bien cette phrase et suis surpris 
de la voir surgir de mon esprit fixé sur un clavier.

J’ai collé sur mon front intérieur des post it de cet ordre.
Un peu sentencieux, un peu définitifs parfois charmants 

toujours dérisoires
Dans la fin des années 70, des phrases de William Burroughs me zébraient l'esprit.

-« comprenez bien ceci, je n’ai pas de motifs, j’agis à propos et j’agis automatiquement »-
-« le but de l’écriture est de faire arriver les choses »-
L’écriture comme champ d’existence, 
de constitution plus que d’expression. 
La parole écrite comme une érection, se hisser.
Loin du verbe je rampe. 
Une gravité en quête de centre.
 Je comprends que cette velléité à écrire ainsi
soit brocardée comme pusillanime voire narcissique. 
Cela certes me blesse et m’a toujours blessé. 
Il est rare de trouver sur sa route des esprits-corps 
qui vous entendent ou qui en résonance,
d’un sourire vous encouragent.
Je n’en ai pas manqué et n’ai pas su les entendre.
Le sésame à mon être pourrait avoir ce libellé :
-Chérie, si tu veux jouir, 

ne perds pas ton temps avec moi »-
Cervantés n’a pas murmuré à mon oreille son Don Quichotte mais Sancho en moi pensa
à ces châteaux en Espagne ou ailleurs.


Le premier qui dit que je suis un doux rêveur devrait compter le nombre de corps que j’ai lavé ces dernières années.


Je suis un amant hors père mais ne suis pas un père en or.
Celles qui m’ont essayé ne m’ont pas adopté
Fragilité de l’ai non sait.


Je suis philosémite par bon sens
épris des maux.

Lamma lamma Sabbactani
je ne gémirai pas maman dans mon dernier instant

j’ai peur de l’aphasie, de la souffrance aussi
les conneries je peux les dire sans morphine

j’aimerai bien que l’on lave mon corps au champagne
dans l’ultime toilette sans « prendre de gants ».

On dira de lui
-il préférait « les révoltés du Bounty à Mars attaque »-

je n’aime pas les gens qui rient des autres

-les écrits sans queue ni tête sortent des abattoirs-

mon rosaire est fait du seul prénom des êtres aimés

je ne passe jamais plus d’une demie heure au clavier
par mesure d’hygiène.

ma blessure est un vide du nom 
non un vide

samedi 12 avril 2014

12/04/2014




je crois
j’ai ce sentiment ancré
d’une solitude originelle
à fleur de peau
une connaissance puisée dans la matrice
que la vie serait danger.

Fus mis au monde par Suzanne Lavis : sage -femme à Marseille (livret de famille à l’appui).

Le mot danger n’existe pas dans le mental du baby born
Il y a probablement la violence de la lumière
le froid hors de la matrice
la pression soudaine des mains qui extirpent
les forceps pour certains
Le bruit, les sons les voix
Nous pouvons considérer que toute naissance est violence et danger.

je garde en tête la naissance de Venezia.
« Je sens la tête disait sa mère »
mes mains en guise de forceps

Même dans ce temps exceptionnel où
une femme arrive à contrôler son propre corps,
sa propre souffrance 
et où le foetus cherche sa liberté
forant de sa tête l’étroit passage
saisie par mes mains dont la bienveillance
était aussi étau
l’extrayant de sa matrice.
Et ce choc-rencontre
avec 
premier contact de son « nouveau-monde ».

Le cri primal
n’est pas qu’une simple transition respiratoire
vers ce monde extérieur
Il dit que vie et violence
sont consubstantiel à notre origine

Le foal sort de sa mère
roule à terre et
se dresse.

Humains, nous sommes plus démunis
tributaires, dépendant de l’autre.
Point de langage
Point de compréhension de ce qui advient
Au début la violence des balbutiements.

 Je dis violence car souvenons nous à l’âge de raison
la violence en nous d’une incompréhension.

J’ai mis du temps à comprendre
cette empathie en moi pour les êtres blessés
à l’origine.

Parfois entre nous s’est forgé ce langage muet
d’un toucher qui dit toute la vibration.

La jouissance n’est pas le fonctionnement d’organes en leur acmé

mais ce savoir atteint en tangence à l’autre
d’un partage et d’un pacte

mardi 8 avril 2014

8 avril 2014




8 avril 2014
mon esprit se délite et mon prénom de Pierre augure cet état.
Ai toujours écrit comme l’on tient une boussole.
Je regarde l’aiguille et ne cherche nul Nord ou Sud ou Est ou Ouest.
Le frétillement de l’aiguille suffit à m’apaiser.
Je vais vers l’oubli et cette idée depuis longtemps fait lit.
L’abus sans la coulpe
La coupe,  ne l’a bue
Il.
Un savoir à trouver en soi.
loin des mots menteurs
L’oubli peau lie ment
Ne plus savoir
de cette blessure
qui tenait la lame
et l’oubli
fleuve
être gagné par sa traversée
J’écoutais ce matin
James Ellroy parler de ce travail constant 

dans la fenêtre de son obsession, l’Amérique des années 50.
Cette idée de ne rien brader quitte à se coltiner une folie singulière me plaît.
Créer est un verbe à la résonance futuriste, une histoire de postérité. 
Une dimension qui ne me concerne pas.
Au quotidien ma pensée ferraille dans l'abstrait, dans ces bribes de l'histoire contée,
de mille voies. 
Là choisir son chemin. 
Je porte depuis mon éternité ce sentiment
d'être sans nom, a-nommé.
Quand la génitrice dit "je t'ai donné un nom",
parlant de son propre mariage.
Elle n'évoque que son propre trauma.
Être annexé à sa parole devient le votre.
Le mot dit fait parfois le maudit.

Ai porté leurs corps jusqu'au caveau
Cette histoire se clôt , cimetière du Clos
Le Cannet-Rocheville.
Je suis sensible
aux mots
Mon sens auditif en devint même tactile.
Ai tant de fois caressé le marbre al campo santo
pour rechercher du sens, enfant,
à cette distorsion faite au mot "partir".
Parti, son mari et grand-mère pleurait
Parti son frère, et grand-mère pleurait
Parti, sa fille et grand-mère pleurait
Et mourir restait l'innomé
Ai tant de fois caressé le marbre
faute de n'être
ou de ressusciter