mercredi 29 avril 2015

pour venezia




Venezia,
je n'ai jamais tenté de t’apprendre la langue de ton prénom ni de t’entrainer sur les traces des êtres qui t’ont précédée sous cette latitude, venus à pieds d’un Piémont voisin, fuyant misère, faim, obscurantisme. 
Non que je veuille omettre ou effacer par honte ou par ignorance. 
Je voulais pour toi une légèreté et une nouveauté pour ce temps que tu inaugurais. 
Je voulais que tu découvres et que tu te construises dans ce chemin que ta jeune et bouillante énergie empruntait. 
Tu le fis, tu l’as fait. 
Quand je parcours toutes les photos prises durant ton enfance, quand je convoque ma mémoire pour saisir la jeune femme que tu es devenue, je mesure toute l’originalité de ta jeune existence, ta précoce émancipation, tes aspirations à te réaliser, à cultiver tes passions. 
Tu es "une être", secrète, généreuse en amitiés, naïve en amour et je crois qu’il faut le rester, il faut laisser l’opportunité dans ces rencontres pour que l’autre « s’étalonne »,  se révèle même ou surtout dans ses failles. 
Tu te connais suffisamment pour savoir ce que tu dois faire évoluer en toi pour gagner en indépendance et libertés.
Bizarrement entre nous si la parole est toujours restée très libre, elle a aussi fait place à un silence paradoxal. Je n’ai pas été avec toi un père très subtil, trop cassant, à l’autoritarisme étroit. L’adulte fait souvent payer à l’enfant ses propres frustrations, ses manques et de le savoir n’exonère pas  des conséquences. 
Au rendez-vous de tes vingt ans, il me plaît d’être admiratif devant toi et de savoir que si je devais donner du sens à mon existence, la trajectoire de ta gestation à ta naissance et ces 20 ans brillent et vibrent comme une polarité régénératrice et essentielle. 
Je ne m’en accapare pas ni ne la monopolise. 
Il me plaît de voir l’être que tu es et que tu deviens et simplement te l’écrire.
En 318 mots plus 2X7

baci
JM

vendredi 3 avril 2015

4 avril 2015



me suis réveillé vers 4 h.Tiré du sommeil par la piqure d’un insecte, rencontré dans les broussailles du jardin. Mon corps dès son plus jeune âge se méfiait de la nature, de ces herbes dont les caresses inattendues s’avéraient irritantes. 
Je me souviens de ma défiance particulière pour les chardons. Tout semblait me prédisposer pour un univers urbain et une sphère intellectuelle où le corps s’épargnerait tout dialogue avec la nature et les outils. Il n’en fut rien.
En arpentant le lieu de mon enfance, en le travaillant, je procède un peu comme les abeilles répétant à l’infini des parcours qui nourrissent ma mémoire. Mon propos n’est plus vraiment de comprendre ni d’apaiser mon être, peut être saisir des éclairages qui indiquent les pistes suivies vers cette solitude qui devient pour moi la seule identité.
Il fut un temps où j’interrogeais cette étrange blessure de porter un nom qui ne  disait rien de mes origines. La dépossession de son histoire est un montage mortifère. J’eusses préféré l’abandon à ce faux témoignage. Mais là encore tout n’est qu’une question de neurones. Mes connections demeurèrent embryonnaires dans un état de néoténie. 
Dans un monde où être en relation  domine nos existences, il devient ardu de fonctionner quand votre faille est entamée du côté du rapport à l’autre. Il est fort probable que mon être assimila très tôt la duplicité et investit la crédulité comme parade. Donner à croire que l’on croit : jusqu’à y croire. Une dilution du moi dans l’émoi.
Dans les sonorités de l’enfance l’entre deux langues balança un rythme à l’indétermination, à l’aléatoire, à la durée relative des choses. L’enfance est le territoire premier de la philosophie dans cette découverte du langage et du sens et des sens et de la perception. L’ignorance des adultes s’observe en chaque instant. Leurs convictions, leurs certitudes, le diktat de leurs impératifs trament des coercitions à l’apprentissage. Je n’ai jamais cru à l’instinct maternel mais j’ai souvent décelé de l’altruisme et une générosité qui était « plaisir à procurer ».
Ecrire à l’aube, émerger. 
Le cancer (astrologie) en moi privilégie toujours les eaux mêmes troubles. Le chaos, le mien n’est pas pour me déplaire. Il n’est pas sur qu’être aimé ait été et soit ma quête. Un conformisme somme toute naturel m’a parfois guidé vers ce rivage. Je sais repérer des êtres lumineux à aimer. Mais être aimé reste un monde qui me reste étranger, imperceptible.
Il n’est pas difficile d’abuser de mon esprit mais il serait naïf de croire que je l’ignore. En chaque relation chacun se révèle et dessine ses limites.
J’ai en moi taggué des phrases définitives :
-un sentiment de défaite avant le combat-
-la peur de la perte est une perte au carré-
-devant l’être aimé avoir défailli et failli-
-il n’y a point de rédemption, que la conscience toujours plus aigüe de la faille-
une phrase de Burroughs : « panama collait à nos corps »
-j’eusses aimé être meilleur mais cela requérait trop d’effort-
Au matin j’écoutais Paolo Conte et je me revoyais enfant sur les genoux de Tonton Dinù qui me contait les dix manières de faire enrager sa soeur, ma grand-mère et la voix de cet homme est restée douce en mon esprit même après qu’elle se soit éteinte. Oui Dinù, dis moi encore