lundi 9 décembre 2013

9 décembre 13


Cigarette 2

Le 9 décembre. Ecrire pour rassembler son être en paraphrasant Ezra Pound. 
J’étais un être dépressif mais pas que. 
L’état de ce monde a de quoi nourrir la dépression. 

Je lis le dernier livre de Sorj Chalandon, -Le quatrième mur-. Chalandon, Kravetz restaient en mon esprit, ces plumes salutaires qui m’avaient aidé à passer la fin des années 70/80, à comprendre ce que devenait ce monde. 
Chalandon racontait l’Irlande, Kravetz, Israel et le Moyen Orient et Libé était leur quotidien. Le journalisme était devenu pour nombre de militants de 68, le nouveau mode d’expression. Chez certains ce fut une continuité mêlant témoignages et analyses, pour les autres une manière de se faire une place au soleil ou du moins de revisiter l’essor du monde marchant-d.
-Le quatrième mur- est un livre que je n’abandonne pas. Pas une question de suspens mais de densité, une question de souffle. J’avais besoin de souffle, faute de neurones. J’avais vécu dans un état larvaire, dans un état de néoténie. J’avais longtemps cherché un nom avec ingénuité. Le risible de la quête calligraphiait le non : originel. Le militantisme comme la religion offre sa fragile colonne vertébrale, il faut plus pour se tenir debout. En moi le doute éroda vite l’os-sature. Ne voulais pas souffrir, ne voulais pas payer le prix : d’un savoir. La connaissance, le travail intellectuel comme un effort : à fuir. 
Être épargné, Xray zébrant mon ADN. 

Cigarette 3


Être son historien et son barde, son archéologue, travailler sur le matériau brut de son être. En mesurer l’inanité, mais s'y tenir sans trop de rigueur, devinant le peu d’efficience de la démarche. 
J’ai toujours côtoyé des êtres blessés prises dans des étaux familialistes comme des mâchoires d’autant plus cruelles qu’inconscientes. Enfants sur l’autel. 
Je n’ai pas encore lu l’Antigone d’Anouilh. Le théâtre m’est longtemps resté étranger. Une forme de cécité ou d’un irreprésentable de la perspective, d’une vision 3 D à X personnages. Ne pas entendre des voix multiples. La scène,  une galaxie lointaine. Le cinéma me fut toujours plus familier que le théâtre. A rebours, je pressens une manière de tamiser le vital. Le théâtre résonne en moi comme une exacerbation du vivant.
Il me faut une cigarette.

lundi 2 décembre 2013

22/6/1952 2 décembre 2013





Rituel :
Ai allumé une clope préalablement roulée, ai inhalé, toussé et me suis installé au clavier.

Chapitre 1

Mon esprit est désert. Je suis dans un état -naissance. Je ne comprends rien à ce monde. J’observe les rapports sociaux et les êtres en relation sont comme ces arabesques d’abeilles en quête de pollen. D’incessantes translations et retour à la ruche. Plus violence, cynisme, grandes cruautés quels que soient les âges.  Mais pas que. L’oubli me fonde. Objectivement je ne devrais pas être si affirmatif. L’oubli semble me fonder. Je suis perdu. Devrai écrire. «Je» est perdu. Constat. Point n’est question de susciter moindre émotion. Un travail d’enquêteur. Des écrivains m’aident à vivre. Parmi eux, Ph.K. Dick , -substance mort-, Antonio Lobo Antunes, -mon nom est légion-. Inciter, mes enfants à lire est une stupidité. La lecture est avant tout une urgence, une nécessité. Une question de soif. Fin de la cigarette.
La lecture, en moi donne chair. Je perçois la vie de Dick, dans ses récits. Je comprends le monde d’Antunes, médecin, ayant traversé la guerre coloniale en Angola de 69 à 73 et enquêtant sur l’âme de ses contemporains, sur la sienne. Deviennent chers à mon être.
Je discutais brièvement avec une jeune collègue ce week-end. Nous discutions de nos masques, du besoin de garder le contrôle. J’apprécie ces moments de vie, mots-ment?
Le langage comme les mots écrits me tiennent en vie par curiosité. Mathématique. Nos êtres comme des abstractions dans nos tribulations.
Cigarette 2