mardi 29 mars 2011

agosto 15 , long times ago /somebody to love-jefferson airplane





S’appelait-il encore colonnel Lawrence, ce mois de mai 1935, roulant entre les cottages d’angleterre sur sa Brough 1000 cm3. Un dos d’âne, deux cyclistes masqués, c’est la fin.
Je me souviens des yeux bleux de Peter O’Toole et d’un désert sur un écran des années soixante.
Plus tard, bien plus tard, je pris connaissance de sa phrase-emblème.
Ou Phrontis, en grec, ne  t’en fais pas.

Elle avait treize ans en ce printemps 1968. Treize ans et un savoir immémorial puisé dans ses parcours dans l’anoxie. C’était un samouraï, elle en avait le codex gravé  dans la peau et les yeux bridés et l’art de vivre avec urgence : intensités. Elle était vivante, danse avec un E, dense avec un A : ses polarités  Quand ma mémoire a-t-elle basculé, faisant de moi un faux témoin, pétrifié, des éclats  dans la tête, des secrets relégués, des visions ensablées, tant de trésors dans ce dédale?  

OU PHRONTIS
je me souviens
-Ne t’en fais pas” disait elle, “tu me survivras, tu connaîtras d’autres filles, bien sûr tu ne m’oublieras pas...”
-Ne t’en fais pas, désenclave toi de ce marécage, j’ai besoin de ta présence, de toute ta présence...”

OU PHRONTIS
un an avant sa mort, son retour à Cannes.
-”j’ai lu la terreur dans tes yeux , jm, tant de choses étaient mêlées...” -”je voyais ma mort dans tes yeux, je voyais ta peur.” -”J’attendais de toi, l’énergie de la vie, tu savais combien mon temps était compté.” -”je suis partie à paris, tu ignoreras toujours combien je t’aimais. Tu ne sauras rien de l’amour, n’ayant vu ce que mon être condamné était prêt à donner.” -”je suis partie à Paris, je n’avais pas d’autre choix.” -”Tu étais fantôme, tu avais perdu la parole. Quand tu l’as retrouvée, c’était pour balbutier des choses insensées : t’établir en usine et toutes tes chimères militantes de luttes des classes.” -”Tu me fuyais, jm et tu fuyais la vie, bien sûr nous étions murés et tu as oubliué tous les secrets qui nous liaient, tous les chemins parcourus, tu as laissé la peur te posséder.” -”je suis revenue vers toi, tu en as pleuré. Il t’a toujours fallu du temps pour comprendre, ce lent travail de l’intellect à sous peser toutes choses.”  
OU PHRONTIS
je me souviens
-”je te verrai avant ton départ pour Londres, jm”
*”je ne sais pas si j’y vais”
-”tu en as envie”
*”oui”
-”n’hésite pas, tu te souviens de cette chemise de nuit?
*”tu l’avais piquée à ta mére”, je ne peux pas rester!
-”tu ne me désires plus!”
*”ô bambolina”

OU PHRONTIS
il descend du train, c’est l’assomption, il a 23 ans, dans le snack de la gare, deux copains attablès font mine de ne pas le voir, il s’approche, ne comprend pas leurs visages, demande des nouvelles. Les garçons restent évasifs, il se dirige vers le bus sentant leur regard ne pas le quitter.

OU PHRONTIS
vers la casa ses pas. Il doit être onze heures, Dans la rue, un homme sur son vélomoteur se rapproche, Henri va au marché. Le vélomoteur ralentit, henri s’arrête, des siècles sur son visage, deslarmes dans sa voix :
¤”Où étais tu?”
*”à Londres!”
¤ “Patricia est morte, il y a trois jours, Jacqueline veut te voir.” *”oui, oui murmure-t-il,son mental assourdi devient proie de l’absurde. *”cela s’est produit/ cela s’est produit...” Ces mots imaginés sont moi sonnés. Ces mots, fourches caudines, récolte tant redoutée Now liés/ syllabes après syllabes à son corps, mécanique apeurée. Aporie!  
OU PHRONTIS
il prend la voiture, se retrouve chez des amis, lourds de veille leurs visages, attendant un impossible démenti.
<”Jacqueline veut te voir, disent ils
*”je sais, je sais” .Il prend L par la main, il l’embrasse, lui parle, le réconforte
*”je ne peux même pas pleurer” murmure-t-il
*”allons chez toi”, elle acquiesce, il lui tient la main, la tiendra tout au long du trajet, dans l’appartement, il la saisira à bras le corps criant  : *”tu es vivante, vivante”, elle l’écoute, l’accepte assummant sans mot dire la dérive de l’autre, puis quand il lui dit qu’il lui faut être seul quelques heures, elle hésite :  “ne t’en fais pas” ajoute  -t-il

OU PHRONTIS
derrière des lunettes fumées, incognito de lui même, il regarde une tombe simplement fleurie.
Ses lèvres, sans qu’un son ne les franchisse, tentant un impossible dialogue.
*”je suis là/je suis là”
borborygmes de l’absurde et l’écho lui rèvéle le dérisoire.
Dans une allée adjacente, une femme s’approche, elle est grande, jeune, porte une robe à fleurs, une manche déchirée dénude son épaule, elle s’arrête de vant lui :
↠”vous connaissiez cette personne” me demande -t-elle
*”Elle avait vingt ans”, les mots s’échappent de ma bouche
↠”je suis venue sur la tombe de mon enfant” reprend la femme, “il est mort asphyxié, nous étions à une soirée.... Je viens lui parler”
J’acquiesce de la tête tant je n’ai plus de mots, la femme s’éloigne.
Je la suis du regard dans ce périmétre d’enfance parcouru ogni domenica
dans ces rituels al campo santo cadencés aux sanglots de la nonna et de sa tante.
Lui aussi s’éloigne et sa mémoire s’éloigne aussi.

OU PHRONTIS
Jacqueline t’attend
du haut de la rue, elle le regarde dans cette non ascension, lenteur de ses pas
vers un moment tant appréhendé.
Jacqueline sourit, il est désemparé de se trouver devant la mère.
Il oubliera à tout jamais les premiers mots échangés, se retrouve dans le salon.
Elle apporte du café, il le hume comme un besoin d’encens, comme si les volutes
traçaient les torsades d’un temps projeté.
Elle raconte la crise d’asthme, le périple du transport à l’hôpital des broussailles, puis de Nice.
Le seul poumon d’acier en salle de réanimation déjà utilisé, cette même salle dont elle était sortie d’un coma de dix jours, trois ans auparavant. Son regard balaye le salon, les photos de leur fille, vesta silencieuse d’une histoire chaotique. Henri entre, s’assoie dans un fauteuil, laissant sa femme parler, des larmes dans ses yeux. Les voilà face à face sans le seul être qui régulait tant de folies et dans le paroxysme de leur douleur, cette femme, cet homme s’inquiètent de ses réactions.
Jamais dans son existence, il n’a ressenti une telle bienveillance.
Redouble dans le trèfond de mon être une sorte d’indignité
tant grande fut ma lâcheté.

tout ce qu’il enregistre est absorbé par l’oubli.
Il perd la chronologie de cette vie.
Les repéres de son existence
se dérobent
Cette peur de la perte si inhérente à son être
trouve la voie de sa réalisation.
Ses sens se pétrifient
-corps dans son chaos-






-



S’appelait-il encore colonnel Lawrence, ce mois de mai 1935, roulant entre les cottages d’angleterre sur sa Brough 1000 cm3. Un dos d’âne, deux cyclistes masqués, c’est la fin.
Je me souviens des yeux bleux de Peter O’Toole et d’un désert sur un écran des années soixante.
Plus tard, bien plus tard, je pris connaissance de sa phrase-emblème.
Ou Phrontis, en grec, ne t’en fais pas.

Elle avait treize ans en ce printemps 1968. Treize ans et un savoir immémorial puisé dans ses parcours dans l’anoxie. C’était un samouraï, elle en avait le codex gravé dans la peau et les yeux bridés et l’art de vivre avec urgence : intensités. Elle était vivante, danse avec un E, dense avec un A : ses polarités Quand ma mémoire a-t-elle basculé, faisant de moi un faux témoin, pétrifié, des éclats dans la tête, des secrets relégués, des visions ensablées, tant de trésors dans ce dédale?

OU PHRONTIS
je me souviens
-Ne t’en fais pas” disait elle, “tu me survivras, tu connaîtras d’autres filles, bien sûr tu ne m’oublieras pas...”
-Ne t’en fais pas, désenclave toi de ce marécage, j’ai besoin de ta présence, de toute ta présence...”

OU PHRONTIS
un an avant sa mort, son retour à Cannes.
-”j’ai lu la terreur dans tes yeux , jm, tant de choses étaient mêlées...” -”je voyais ma mort dans tes yeux, je voyais ta peur.” -”J’attendais de toi, l’énergie de la vie, tu savais combien mon temps était compté.” -”je suis partie à paris, tu ignoreras toujours combien je t’aimais. Tu ne sauras rien de l’amour, n’ayant vu ce que mon être condamné était prêt à donner.” -”je suis partie à Paris, je n’avais pas d’autre choix.” -”Tu étais fantôme, tu avais perdu la parole. Quand tu l’as retrouvée, c’était pour balbutier des choses insensées : t’établir en usine et toutes tes chimères militantes de luttes des classes.” -”Tu me fuyais, jm et tu fuyais la vie, bien sûr nous étions murés et tu as oubliué tous les secrets qui nous liaient, tous les chemins parcourus, tu as laissé la peur te posséder.” -”je suis revenue vers toi, tu en as pleuré. Il t’a toujours fallu du temps pour comprendre, ce lent travail de l’intellect à sous peser toutes choses.”
OU PHRONTIS
je me souviens
-”je te verrai avant ton départ pour Londres, jm”
*”je ne sais pas si j’y vais”
-”tu en as envie”
*”oui”
-”n’hésite pas, tu te souviens de cette chemise de nuit?
*”tu l’avais piquée à ta mére”, je ne peux pas rester!
-”tu ne me désires plus!”
*”ô bambolina”

OU PHRONTIS
il descend du train, c’est l’assomption, il a 23 ans, dans le snack de la gare, deux copains attablès font mine de ne pas le voir, il s’approche, ne comprend pas leurs visages, demande des nouvelles. Les garçons restent évasifs, il se dirige vers le bus sentant leur regard ne pas le quitter.

OU PHRONTIS
vers la casa ses pas. Il doit être onze heures, Dans la rue, un homme sur son vélomoteur se rapproche, Henri va au marché. Le vélomoteur ralentit, henri s’arrête, des siècles sur son visage, deslarmes dans sa voix :
¤”Où étais tu?”
*”à Londres!”
¤ “Patricia est morte, il y a trois jours, Jacqueline veut te voir.” *”oui, oui murmure-t-il,son mental assourdi devient proie de l’absurde. *”cela s’est produit/ cela s’est produit...” Ces mots imaginés sont moi sonnés. Ces mots, fourches caudines, récolte tant redoutée Now liés/ syllabes après syllabes à son corps, mécanique apeurée. Aporie!

OU PHRONTIS
il prend la voiture, se retrouve chez des amis, lourds de veille leurs visages, attendant un impossible démenti.
<”Jacqueline veut te voir, disent ils
*”je sais, je sais” .Il prend L par la main, il l’embrasse, lui parle, le réconforte
*”je ne peux même pas pleurer” murmure-t-il
*”allons chez toi”, elle acquiesce, il lui tient la main, la tiendra tout au long du trajet, dans l’appartement, il la saisira à bras le corps criant : *”tu es vivante, vivante”, elle l’écoute, l’accepte assummant sans mot dire la dérive de l’autre, puis quand il lui dit qu’il lui faut être seul quelques heures, elle hésite : “ne t’en fais pas” ajoute -t-il

OU PHRONTIS
derrière des lunettes fumées, incognito de lui même, il regarde une tombe simplement fleurie.
Ses lèvres, sans qu’un son ne les franchisse, tentant un impossible dialogue.
*”je suis là/je suis là”
borborygmes de l’absurde et l’écho lui rèvéle le dérisoire.
Dans une allée adjacente, une femme s’approche, elle est grande, jeune, porte une robe à fleurs, une manche déchirée dénude son épaule, elle s’arrête de vant lui :
↠”vous connaissiez cette personne” me demande -t-elle
*”Elle avait vingt ans”, les mots s’échappent de ma bouche
↠”je suis venue sur la tombe de mon enfant” reprend la femme, “il est mort asphyxié, nous étions à une soirée.... Je viens lui parler”
J’acquiesce de la tête tant je n’ai plus de mots, la femme s’éloigne.
Je la suis du regard dans ce périmétre d’enfance parcouru ogni domenica
dans ces rituels al campo santo cadencés aux sanglots de la nonna et de sa tante.
Lui aussi s’éloigne et sa mémoire s’éloigne aussi.

OU PHRONTIS
Jacqueline t’attend
du haut de la rue, elle le regarde dans cette non ascension, lenteur de ses pas
vers un moment tant appréhendé.
Jacqueline sourit, il est désemparé de se trouver devant la mère.
Il oubliera à tout jamais les premiers mots échangés, se retrouve dans le salon.
Elle apporte du café, il le hume comme un besoin d’encens, comme si les volutes
traçaient les torsades d’un temps projeté.
Elle raconte la crise d’asthme, le périple du transport à l’hôpital des broussailles, puis de Nice.
Le seul poumon d’acier en salle de réanimation déjà utilisé, cette même salle dont elle était sortie d’un coma de dix jours, trois ans auparavant. Son regard balaye le salon, les photos de leur fille, vesta silencieuse d’une histoire chaotique. Henri entre, s’assoie dans un fauteuil, laissant sa femme parler, des larmes dans ses yeux. Les voilà face à face sans le seul être qui régulait tant de folies et dans le paroxysme de leur douleur, cette femme, cet homme s’inquiètent de ses réactions.
Jamais dans son existence, il n’a ressenti une telle bienveillance.
Redouble dans le trèfond de mon être une sorte d’indignité
tant grande fut ma lâcheté.

tout ce qu’il enregistre est absorbé par l’oubli.
Il perd la chronologie de cette vie.
Les repéres de son existence
se dérobent
Cette peur de la perte si inhérente à son être
trouve la voie de sa réalisation.
Ses sens se pétrifient
-corps dans son chaos-



-

dimanche 20 mars 2011

domenica 20/03 /pj harvey down by the water



me suis réveillé à 5 h, me suis levé à 8h, j’appelais cet état faire la grâce matinée.
Des idées imprécises traversaient mon esprit et je crus bon de boire un café et de fumer une lucky strike pour mettre un bémol à mon hygiène de vie. J’étais entouré de livres que je ne lisais pas ou trop peu et en tous cas insuffisamment. Je savais pourtant leurs bienfaits. Ils étaient là, rangés négligemment sur des planches recouvertes d’un papier imprimé, illustré de galets. Livres sur une rive rêvée, une berge à 59 berges (et non une verge à...) parcourus du regard comme l’on regarde le cours d’une eau, une source : prometteuse.
Je ne reste qu’à la surface des choses. Je me contente de la surface de toutes choses, là est ma seule approche du monde. Même lorsque je me plonge dans un agir, lorsque je m’y emploie de longs moments voire des années comme ce temps en usine, sur des chantiers ou à écrire.
La surface uniquement la surface. Là réside une de mes failles ou plutôt là réside l’essence de mon être.
Je suis sans être.
Ce sentiment diffus d’inexistence colle à ma peau comme un tatouage aussi invisible qu’indélébile. Mon esprit se gondole. Dans l’ingénuité.
J’ai toujours regardé les gens bardés de certitudes avec curiosité. Un peu intimidé par cet aplomb qui tend leur édifice, un peu inquiet sur leurs devenirs en temps de séismes. Ne me suis jamais attardé auprès d’eux, sans mystére. J’ai rapidement compris que je faisais rire. Que ma présence pouvait susciter ces secousses du corps-esprit. Une histoire de nonchalance, d’asynchronie avec le présent, d’absence au monde. Les rires tracent aussi des estafilades. Mon enfance fut protégée comme on garde un secret. Fus immergée dans une drôle de folie. monde de femmes, monde de la double contrainte, du double langage, monde de la folie ordinaire dont les régles comme un non-dit vous réservent constantes surprises et cette insécurité devinée vous rend gourd, rêveur, déambulant dans un théatre d’ombres, variante du jeu de colin -maillard.
A trop être perdant, votre esprit tente de s’abstraire, tirer un trait. Mais le gout de la défaite avant le combat avait irradié le trèfonds de mon âme enfantine (tjs). Ne fus jamais un spartacus. Je dirais même que la notion de liberté n’effleure pas mon être. En même temps je suis epargné de ces discours guerriers qui mêlent la liberté à toutes les addictions. Une jeune fille sur fbk avait noté une phrase soulignant qu’en quelque sorte la liberté était avant tout un accord avec soi même. L’idée était séduisante mais gommait la part inconsciente qui guide nos vies. Tout comme l’assertion que notre liberté est de faire ce que l’on veut. Comble de la naïveté.
Je regarde la vie autour de moi dans mes activités d’aide-soignant et j’écoute les préceptes glissés dans cette idéologie du soin prônant l’autonomie des individus et suis toujours attéré devant la lanscinate méthode coué, déversée comme une lithurgie sans tenter de connaitre l’être qui vous fait face. Comme si la psychologie de la fin du 19 siècle était la pierre angulaire de notre humanité. Je n’ai pas la connaissance. Mais je n’ai surtout pas la certitude d’avoir la connaissance.
Le rock and roll fut une affirmation vitale en temps d’étroitesse d’esprit. On semble oublier que la ségrégation raciale régnait encore aux usa dans les années soixante.
Mais “le rock and roll” s’est aussi transformé en idéologie du consumérisme outrancier et de cette déperdition du sens des mots que les états majors du marketing ont mixé avec ardeur. Dans cette purée où tout s’équivaut, dans cette univers du tout marchandise, nous sommes de retour dans la jungle où la notion de progrès, voire de progrès humain s’est érodée pour laisser place aux temps des mutations.
Sur bfm,chaine de la tnt, un mickey chauve en bretelles, jouant journaliste sérieux nous vend la guerre brassant infos avant écrans de pub, itélé nous vend/vante images analogues. Pas la force de zapper sur tf1 et a2 à 12 h 12. J’éteins. Ai pris négligemment un livre entretien de w burroughs avec Daniel odier “le job”. J’ai feuilleté. Puis suis sorti déambuler dans la ville avant d’aller au cinéma, je veux dire au “sémaphore” (sans pop corn, les filles).RDV avec ken loach, “route irish”.
Un dimanche de plaisirs simples.

samedi 19 mars 2011

23 mai 1975 / Paolo Conte - Madeleine



la nonna aimait le duce : en cachette.
Je le découvris intempestivement le 23 mai 1975 quand dans les bras d’un être que j’aimais, une équipe de pandores nous braqua sans rete/nue, éventrant matelas, recensant jusqu’à la présence de sucre glace sur étagère.
Plaqué et menotté, j’entendis alors, la voix de la nonna dans la cour, s’époumonant, supportrice de la maréchaussée : “mon petit fils est un terroriste, mon petit fils est un terroriste”. Les effets de l’alcool n’expliquent pas tout. Ma grand mère garda ses secrets. Le duce n’en était pas l’unique. Oh elles étaient nombreuses, ces femmes qui vibraient pour mussolini, nombreuses à lui écrire leurs étranges passions et je garde en tête le souvenir d’”una giornata particolare”, ce film d’ettore scola de 1977, qui sur la complexité de ces temps, glissait la mise en perspective.
L’histoire du vingtième siècle fait la place belle à toutes les fascinations.
Celle du chef jalonne les rives des fleuves de sang dont ils sont la source. 
Il est surprenant de mesurer combien l’oubli de tout l’édifice pervers des tyrannies modernes fonctionne bien. 
Les fuhrers en question loin de résoudre des problèmes ont aiguisé leur narcissisme dans le meurtre de masse, les esclavages de tous ordres et des simagrées lamentables à l’aune de leurs névroses. Mais les foules (non le peuple) en redemandent. 
Elles ne demandent pas la justice, la liberté, la fin de cette exploitation inique du salariat, de ce vol organisé par les banques, les trusts, les maffia en tout genre. Elles ne s’insurgent pas contre les famines organisées, les pillages des ressources, ce business cynique des labos pharmaceutiques, toutes ces mascarades qui s’agitent sous nos regards toujours plus stupéfaits : dans la sidération.
Quand vient le temps des boucs-émissaires, juifs, roms, immigrés, jeunes, chomeurs quand les gouvernants se complaisent à flatter la veulerie des gens, quand les gouvernants criminalisent les révoltes, les revendications qui se font jour sur les délocalisations industrielles,les droits à l'éducation, à la santé il est temps d’entrer en résistance, il est temps de retrouver le chemin de l’histoire, de l’éthique en politique : de choisir son camp.

Non sono un' tosello, maddalena!
nemmeno un'arcobaleno
dopo la pioggia!


sempre straniero
uno solito straniero

jeudi 17 mars 2011

17 mars 2011/Percy Sledge - A Whiter Shade Of Pale (With Lyrics)



suis rentré vanné, ai machinalement pris une rondelle blanche de vitascorbol
et ma bouche s’est mise à pétiller, la salive semblait décupler de volume, je n’arrivais pas à avaler , j’ai croqué le cachet effervescent me disant que c’était ma seule issue et la vision des anges blancs aspirant le patient mal en point de la matinée s’est glissée en surimpression à ce dégout profond qui ne semblait plus trouver de fin. 
La posture philosophique s’impose souvent à mon être en déséquilibre quand le questionnement taraude mon esprit crédule d’un “y-a-t-il du-sens -à trouver : ici et maintenant.
J’ai porté mes pas sous la douche, l’eau comme un sablier inversé accélérait un “rewind” sur les derniéres heures passées, dans ce glissement de chambre en chambre, de malêtre en douleurs, d’inquiètudes en pure folie. 
La richesse de ce service est d’offrir le spectre large de l’âme humaine ; soignants et patients immergés qqs heures durant dans la même mélasse parfois à jouer à qui craquera le premier et dans ce théatre du réel, de l’improvisation pure, tenter de trouver une distance, une neutralité, une sonorité dans la voix et le geste qui vous dessine diaphane, impalpable mais présent et suffisamment efficace. 


Suis entré dans la chambre et ai trouvé la patiente assise, calme et nue, le pansement arraché posé négligemment sur son genou. Elle avait franchi les barrières de son lit et attendait. Elle avait le sourire, j’ai donc souri aussi, observant si sa jambe opérée n’était pas luxée. Je lui ai proposé sans mot dire la tenue hospitaliére qu’elle a repassé. N’ai pas cherché à savoir depuis quelle heure, elle attendait ainsi. Le besoin de garder mon énergie pour d’autres tâches. 
J’ai approché le plateau du petit déjeuner qu’une collégue apportait et ai préparé ses tartines, “deux sucres” m’a-t-elle précisé en m’indiquant les sachets et la remarque m’a amusé tant elle tombait comme une ponctuation toujours interrogative sur cet état étrange qui se profile dans la catégorie “alzheimer”.
Je n’avais pas le loisir de projeter des hypothéses. Nous étions un nouveau jour, à courir de chambre en chambre pour préparer les opérés du matin,toujours plus dépendants et à faire la toilette de ceux de la veille émergeant d'une nuit approximative. Et à 7 h 45, je ne devinais pas de la journée, tout le film.