lundi 31 janvier 2011

30/1/2001-Bruce Springsteen & The E Street Band - Adam Raised A Cain



jade aime les animaux. Jade aime caresser de petits êtres : chiots lapins chatons et pointe ce souci de protéger l’autre, de le nourrir de l’essentiel : l’affection!
Mais Jade n’a jamais aimé s’occuper “totalement “ de cet autre quelque peu dépendant. Oh elle ne rechigne pas à les nourrir mais la magie de l’écran télé scintille plus qu’une gammelle vide. Alors bien sûr la jeunette (disons depuis ses cinq ans, elle en a dix aujourd’hui) s’entend réprimander par ses parents et sa soeur aînée (toute contente de démontrer là sa différence). 
Et ce n’est pas un credo facile à entendre d’autant qu’il est vérifié.
Il en est toujours ainsi quand chacun de nous est critiquable : il faut assummer et : changer. Et c’est là que le bas toujours blesse, dans cet effort à un faire, surtout quand on s’en fait une montagne et qu’au final, c’est assez simple.
Le père que je suis, un peu étroit d’esprit s’est longtemps contenté d’élever la voix considérant (à tort) que c’était peut être une question de volume. Mais les enfants ne sont pas sourds. Par contre ils perçoivent dans l’énervement de l’adulte, toutes ses limites. 
Ils en souffrent doublement, tant voir un proche censé les protéger, perdre le sens du réel dans cette démesure où il est hors de lui, les plonge dans un paradoxe insoluble entre aimer et nuire . 
De plus se grave l’idée que dans l’existence : la force donc la violence fait loi. Tant elle semble le garant d’un “ce qui doit être”.
Là déjà vous imprimez dans le mental d’un enfant combien l’éducation n’est finalement qu’un dressage.
Hors la loi comme éthique est une mise en perspective de notre pensée dans la compréhension de la vie sociale, de ce qui nous interroge dans nos rapports à l’autre aux autres, à la nature à la vie.
Jade, a cette singularité d’être capable de témoigner une profonde affection à des êtres qu’elle croise comme si elle percevait immédiatement ce qu’il y a d’aimable dans l’autre. 
Quand Jade me dit “je t’aime papa”, je sens un frissonnement particulier tant ce n’est pas le père qu’elle vise mais cette part de moi que j’ignore et qui est aimable. 
Je n’ai jamais ressenti cela, un tel dire, d’aucun de mes proches et encore moins de mes géniteurs. Ce n’est pas peu dire car sur l’amour, je suis d’un naturel très suspicieux 
quand les dits de l’amour me sont adressés.
Avec l’animal, Jade a cette douceur enveloppante qui nimbe d’un message identique le petit mammifère. Mais la communication baisse d’intensité quand il s’agit soudain de changer sa litière. 
Je m’en suis souvent offusqué ne voyant qu’une tâche de plus à faire dans une maisonnée. 
Mais le soin, je le vois chaque jour dans mon activité d’aide-soignant, ne va pas de soi. 
S’occuper d’un être dans la sphère de l’intime requiert un oubli de soi, une position où s’abstraire de certains codes, de relativiser ces fonctions du corps qui sont si facilement choquantes ou repoussantes, qui vous rappellent votre propre enfance, ces temps de grande dépendance à la mère ou à la personne qui joue ce rôle entre dévotion et grand pouvoir et vous transmet non consciemment des codes premiers de l’existence. 
Alors trouver mille subterfuges pour s’épargner des odeurs, des couleurs, tous ces petits détonnateurs qui déclenchent des hauts le coeur devient compréhensible. 
Nous sommes allés dimanche à l’animalerie. Nous avons observé, débattu du pour et du contre. Elle ferait l’effort de nourrir réguliérement le petit animal, de veiller à son hygiène et de mon côté je l’aiderai à changer de temps à autre les copeaux souillés. 
Restait une appréhension de taille, affronter l’ironie de sa soeur, ses critiques anticipées pour lui rappeler comment elle avait démissionné jusqu’alors avec cawet “son golden retriver” ou “Peluche” son lapin. On sentait dans son regard encore plus d’appréhension qu’à l’idée de nettoyer les déjections animales. 
Le pouvoir des mots, les jugements intempestifs, définitifs sont toujours des arrêts de mort. 
Je l’invitais à s’en affranchir, à essayer d’être son propre juge, d’oser faire ses propres choix, de les défendre simplement, de les vivre entièrement. 
D’écouter autrui mais d’agir avec ses propres motivations, non en fonction des désirs ou diktats des autres. 
Comme d’hab mon discours trop moraliste dessina ses ondes planantes. La jeune vendeuse de jardiland sortit la petite bête au poils raz et la tendit à Jade, un peu surprise mais convaincue de l’offrande. Le cochon d’inde se blottit dans les nouvelles mains, apeuré de la nouvelle vie qui commençait. 
La nouveauté n’est elle pas déstabilisante par essence. Jade était convaincue d’avoir là un nouvel ami, restait à lui trouver un prénom. Je lui proposais “oyonnax” un trotteur d’enfer qui s’élançait pour la conquête d’un second prix d’amérique. C’était trop long et n’évoquait rien. 
C’était vrai un prénom se devait d’être une ouverture au symbolique, je me fendais d’un “bombay” ajoutant “c’est en inde c’est pas un tag”, “c’est nul” ajouta-t-elle et puis devant la caisse le film de besson me revint à l’esprit et “Léon” qu’en penses tu” : “Léon” ah oui “Léon”, le cochon et sa boite glissait sur le tapis roulant, c’est le titre d’un film lui murmurais je, une histoire d’un tueur bienveillant et d’une petite fille
L’idée faisait sens dans mon esprit mais de là à lui expliquer en quoi ce cochon d’inde pouvait devenir son protecteur, il y avait une galaxie. Léon était pour le moment dans sa boîte en carton, la jeune vendeuse nous avait remarquablement renseignés sur son mode d’emploi et sa durée de vie. 
Jade serait une jeune adulte quand Léon aura atteint son quatrième âge.
Quant à moi j’étais déjà sans âge.

samedi 22 janvier 2011

21/01 "Fisherman's Blues" The Waterboys


FATIGUE
Le mot revient en boucle dans nos bouches après un cumul d’heures : la fatigue.
Cet état est bizarre, je me souviens de séquences de plus de 50 h sur chantiers ne pas me plonger dans l’état de fatigue de ces heures dans un service de soins ortho.
Certes nos fatigues sont singulières, subjectives, elles intégrent la globalité de nos existences et ces parts hors du travail mais dans cette sphère du soin, il y a cette particularité vampirique où vous êtes au contact d’autres personnes comme une éponge dans une eau à écouter, “boire” ces flux de discours , de souffrances mais aussi de banalités minantes en essayant de retenir ce “qui fait sens dans cette situation post opératoire de la personne, qui serait une “alerte”.
Je me suis allongé sur le futon hier vers 19 h et le mot “nazz” noyautait mon mental.
C’est là que pointe cette dimension . Certes, je suis un vieil homme" aux facultés déclinantes, mais cette notion de fatigue traduit non pas une saturation musculaire mais une saturation mentale.
Certes mon volontarisme n’a jamais trop été “guerrier”, certes mon hygiène de vie laisse à désirer mais là tout désir, toutes pensées m’avaient déserté, j’étais allongé et la TNT me bombardait d’images insipides que j’accueillais soumis et défait sans même avoir la force de feuilleter ce bouquin à portée de ma main “Surmonter les émotions destructrices”, une réflexion à deux voix entre un psychologue américain daniel Goleman et le Dalaï Lama.
Ai trouvé un sommeil avec des remugles de rêves qui me réveillérent, glacé sur ce futon jusqu’à m’amener vers un 8 h du matin et le sentiment d’avoir fait une “grâce matinée” et oui “Jade”, le sommeil a bien une fonction réparatrice.
Me suis mis au clavier comme d’autres manient la machette pour tracer une voie dans l’entrelac des possibles. C’était un jour nouveau, je griffonnais sur un post-it les choses à faire, sur france inter un sociologue parlait de l’économie du “don” (Alain caillé). Cela me fit sourire, je repensais à la fatigue, à notre salaire d’aide-soignant, j’étais au coeur du sujet : notre travail était bien une offrande tant la rétribution me semblait si éloignée du “juste prix”.
Le mot “obscéne” s’imprima dans mon esprit. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier les salaires dans la sphère du soin (ou d’ailleurs) et les discours patronaux sur “le poids excessif des masses salariales (mais jamais des profits of course).
Décidais de passer ss la douche pour ressentir le bien être d’autres eaux.

mardi 18 janvier 2011

pas assez de toi - Mano Negra

une”collégue” me disait un peu provocante qu’elle était de droite, “même d’extréme droite” pensant peut être me faire sortir de mes gonds. Hors ce besoin d’affirmation me semble toujours très touchant sur cette fragilité de l’autre qu’elle dévoile! Un peu comme ce site sur fbk “noir et fier de l’être” ou cet autre besoin de normalité qu’affichent certains homosexuels à vouloir se marier.
La fragilité identitaire de chaque être le propulse immanquablement dans une déclaration d’adhésion à un club, secte , parti dans un effet miroir où scintille son “je suis” : pourquoi pas! C’est touchant.
Cette semaine le bouillonnement des média a fait s’agiter le passage de témoin entre un père et sa fille pour la reprise de l’entreprise “juteuse” (pour ses propriètaires ): le front national sa. Ce gonze capable de dire aussi tout et son contraire a toujours été un coquace matamore. Claironnant que son père breton bon teint avait été “résistant” en 1940 et lui , le fils prodigue, éditeur à ses heures n’hésitant pas à diffuser des chants des waffen SS et autres logorrhées nazillonnes.
Du bizznes me direz vous ; non il est préférable que vous ne me le disiez pas!
Je suis toujours attentif quand j’entends ce besoin de clamer “je suis de droite ou de gauche” tant la surprise survient toujours dans la vie pratique de chaque quidam. J’aime pour ma part une femme “de droite” qui ne m’aime plus mais que je sais aimable. Même si l’autocritique n’a jamais été son fort et si son égo ébréché me fait payer bien des blessures dont je suis étranger. Je reste admiratif non seulement de son apparente beauté mais de ses qualités intellectuelles, de son souci de l’autre et de ce savoir transmettre qui me fait tant défaut. Bien sûr, elle n’a pas confiance en moi, craint chaque fois que j’ouvre mon clapet en public, prête à changer de trottoir au besoin, me trouve trop gros ou trop vieux en tous cas vraiment pas un “bon coup” mais c’est peut être là de la lucidité. Elle me juge injuste avec ma mère, tourné vers le passé et je dois omettre quelques autres facettes. Le plus étrange dans tout cela est qu’en toutes connaissances de “la chose” (moi), elle m’aît choisi pour être le géniteur de nos enfants (“il n’y a de père que mort”) et aussi un peu , le père!
Dans “le monde de femmes où je bosse”, il est banal d’entendre une critique de “l’homme”, "cet être au seul neurone!" parait-il. C’est un credo fédérateur, bien sûr, celle qui le proclame, n’englobe surtout pas “le sien”. Emouvant et pas anodin car dans l’intimité “femme change”. J’ai connu nombre de femmes de gauche, très radicales en société, devenir bien soumises dans les moments de tête à tête et s'en têter etc démontrant et là est le charme, l’étendue des rôles.
Au faîte, je suis “ce que mes forces d’être”!
à ciao

mercredi 5 janvier 2011

juillet-juin/Leonard Cohen- who by fire


j’écris peu en ce moment. Le mental peu visionnaire mais surtout un sentiment des limites,
de ces contradictions qui n’accouchent d’aucune évidence. Il y a en moi ce besoin imprécis de normalité, de cette illusion scintillante d’un possible. L’amour, les enfants. Je crois que cet état “édenique” fut presque atteint durant les neuf mois de la gestation utérine d’Anna-V.
J’écrivais en paralléle à l’enfant des commentaires un peu sententieux sur sa naissance à venir dans ce monde chaotique de vie-mort entremêlées. Etais je encore “dans l’amour avec Séverine”?
Je crois que nous vivions chacun à l’aune de nos histoires singulières.
Je suis un être solitaire qui se lie et fonde ses pactes unilatéraux. Ce que je livre de moi-même reste un glossaire minimum pour l’échange. Les êtres avec qui je me lie sont sacrés. Quelles que soient les bifurcations de nos existences. Je pense à Michel pour l’exemple.
Pour autant ma vie va son chemin.
L’amour n’est pas ma sphère de prédiclection. Peut être par ce que dans l’épreuve inaugurale, j’ai failli. Peut être par ce que cette vision idyllique, un peu “fleur bleue” a éclaté en mille morceaux, me laissant sans voiE/x.
Attention, je ne parle pas de fixation sur une culpabilité. Je parle d’irréversible. Je suis un être chanceux mais la chance ne vous dispense pas d’être à la hauteur de l’événement. J’ai trahi par ce besoin de survivre “à n’importe quel prix” et le prix s’est inscrit dans mon mental avec ce goût âpre de finitude.
Ma compréhension des lois de l’existence a toujours été limitée. Mes neurones ont probablement été quelque peu tétanisés dans ce temps naissance-émergence. Ma phrase emblématique reste un tatouage de grand-mère inscrivant “un gout de défaite avant le combat”. Elle vivait le “lutto” et subissait “la lotta”. Nous arpentons nos chemins de résilience comme dans un “je” de colin-maillard” ainsi je chemine. Chez moi, c’est déjà un flirt avec la cécité. Je suis toujours très surpris d’observer mes contemporains cintrés dans la certitude de leur ego danser devant mon regard mononucléique leur no doubt.
Sylvia, ce que j’aimais dans vos seize ans étaient cette sensibilité acérée qui ne relevait d’aucune sensiblerie mais du fil de l’âme incisant le réel. J’ignorais vos blessures, vos démélés avec la vie. Nous allâmes nos chemins. J’aime la femme que vous êtes. Ton souffle vital dans l’étreinte, ta soif de vivre, ce mental exigeant de vivre à temps plein.
Ce que j’aime de l’autre n’est toutefois pas moi. Je suis un corps qui n’existe que dans l’adversité, dans une sorte de chaos, je suis un intellect qui a besoin de tenir une pioche et de sentir son corps tordu par l’effort, la transpiration, tous ces indices exsudant traces de vie.
Je suis fait pour le sacrifice pour avoir été sacrifié. Je peux rester des heures avec un esprit perdu, la mémoire érodée par ce que j’ai été immergé dans les bras de la nonna scandant “voglio morire” : que tout cela m’est si familier, la tangence avec les chemins frontières me sont si familiers et je dialogue avec mes peurs.
Pour aujourd’hui je voulais vous dire ceci
je t’embrasse

lundi 3 janvier 2011

2/01/2011 dimanche/Portishead - Glory Box



mon ami édouard, appelons-le, édouard, mais sait-il qu’il est mon ami,
cet homme alité et d’un grand âge, qui sait sa mémoire en lambeaux et raconte
annonnant des épisodes imprécis et poignants.
Ai passé ces derniers jours à lui faire la toilette, à écouter cette appréhension si singulière des êtres qui entendent leur mémoire s’éroder et courent après d’improbables épisodes. Dans ces moments l’hésitation qui le saisit affole ses membres supérieurs de tremblements incontrôlables, “et merde” conclut-il.
“Oui, merde, c’est bien le mot!” je réplique avant de faire rewind sur le souvenir qui s’échappe “vous êtes dans l’avion et le réservoir percé vous asperge d’essence”. “oui j’ai de l’essence plein le visage et le pilote me regarde, dites je serai bien opéré lundi”. Nous regardons souvent les patients à travers le prisme d’antécédents médicaux sans prendre la mesure de la personnalité qui nous fait face avec des a-priori sur ce que recouvrent ces antécédents médicaux de l’ordre des démences multiples ou de maladies qui confrontent l’individu à sa durée de vie. 
Monsieur édouard est un inquiet, mais il a des raisons. Sa mémoire friable ne l’a pas glissé dans l’oubli de son âge, des mésaventures de sa fracture, de cette vie vraiment pas facile sous le regard de sa femme attentive et fragile. Le jour de son départ, énervé par l’attente d’une ambulance qui ne vient pas, plus très au courant de ce qu’il l' attend, il me demande tendant la main vers le tiroir de la table de chevet “donnez moi s’il vous plait le 7.65”.
Je sursaute, m’approche de lui, il répéte “le 7.65 dans le tiroir”, je lui prends la main, lui rappelle qu’il est dans la chambre de la clinique, qu’il s’est fracturé le fémur. Sa mémoire se reconnecte “oui mais ma femme est tombée, c’est ma faute, je suis une charge, vous savez! 
Je repense au 7.65, me dis que sa mémoire slalome autour d’idées fixes. Que cet homme en vienne à penser au suicide dessine en mon esprit l’ombre de son désarroi. Comment y répondre quand les mots dits, s’effacent peu après. Nous devrions avoir un psy dans ce service : pour les patients, pour l’équipe, pour la qualité de notre travail. Je rêve!
Sur l’échelle “piano”, étalonnage des sonnettes actionnées par les patients, monsieur édouard était sobre disons 1 voire 2 selon le jour. Pas le cas de Madame Piano, appelons la ainsi. Etrange personne, elle aussi avec cette mémoire friable mais pas que!
Dimanche 2/01, Première sonnette vers 14 h * “pourrais je avoir le bassin”, = oui bonjour, vous êtes sondée mme piano.14 h17, * “j’ai mal” aux fesses”= oui, je vais vous passer du sanyréne, 14 h 40 “j’ai mal aux fesses “,= “oui, je vais vous installer sur le fauteuil, je vais mettre un matelas à eau “, 15 h, *je suis fatiguée, je voudrais me coucher”, =”vous devriez rester un peu plus au fauteuil mme piano, vous allez avoir mal aux fesses.”, 15 h 15 *je suis fatiguée”, =”je vais vous remettre au lit”, 15 h 30 * “j’ai chaud avec la couette”, =”je vous mets un drap à la place” 16 h 05*” je voudrais avoir un calmant pour la douleur”, =”je vais en parler à l’infirmiére”. L’infirmière “petit lutine se déplace, lui demande où elle a mal, pourquoi ne l’a t elle pas signalé au chirurgien, le matin, lui replace l’attele-mousse sous la jambe opérée, lui propose de la glace, mme piano n’a que le mot calmant en tête, ayant déjà gommé qu’elle a pris le traitement deux heures auparavant. “le petit lutin” lui rappelle qu’elle ne peut pas improviser, que la glace va faire effet et sort. 16h 16, sonnette toujours à la 356 =”oui de quoi s’agit-il dis je en invalidant la diode rouge. *”ah mais je n’ai pas appelé” précise mme piano. Je regarde la voisine, son aînée, qui observe mes allées et venues en souriant et je ne cherche même pas à la questionner. Je sors de la chambre imperturbable et dès la porte fermée, je sens en moi un torrent de questionnement, sur la vie, la folie, ces tribulations un 2 janvier dans ma cinquante neuvième année, sur l’impuissance, la mienne à résoudre ce jeu, faut-il ne pas répondre, quel ton employer, faut-il raisonner devant l’irrationnel? Je m’empresse de voir les IDE pour apaiser mon trauma mais nous sommes sans voie et il n’y a même plus un carreau de chocolat.
Deux IDE, un AS l’après midi pour courrir après ces êtres en demandent. Qu’importe la demande, quand la sonnette sonne vous devez répondre, las cet après midi, il faut préparer des personnes en urgence pour être opérées, les descendre au bloc puis les récupérer, s’occuper des autres, certains d’un grand âge, hémiplégiques. Penser qu’aider pour un repas une personne ne pouvant utilisant un bras paralysé, l’autre fracturé, c’est se concentrer pendant trente minutes, à son rythme et pendant ce temps mme piano, pianote toujours sur la sonnette, quand je répond avec retard à une autre patiente , elle est en pleurs par ce qu’elle n’en peut plus d’attendre le bassin et vous restez devant elle muet tant lui dépeindre un après midi en sous effectif ne fait pas sens pour elle.
Suis parti vers 21 h 10; la 356 sonnait, suis entré, *”je voudrai la télécommande de la tv”, suis resté zen disant “tendez le bras”. Suis ressorti
Sur l’échelle de PIANO, le 10 était atteint! Me suis changé, Suis rentré à pieds, j’avais eu la bonne idée de faire un peu d’exercice, la brise était glaciale, portishead susurrait à mon oreille “glory box” : elle est pas belle la vie!