mercredi 2 octobre 2013

05/12/2009 he was a friend of mine





j'avais écrit un jour de décembre 2009 dans le TGV
-aller à Paris, mais qu'elle est la destination réelle.
Nous avons parlé, hier soir au téléphone, des mots à l'essentiel, la vie, la mort sans la nommer. Recueillir les mots de l'autre, suspendus au dessus de la durée comme épitaphe sur la pierre.
Les mots n'ont pas le même poids selon le locuteur qui les prononce.
L'émotion nous étreint.
Nos échanges avaient/ont cette vibration sinusoïdale entre rires et gravité. La gravité se nourrissait de notre inscription dans l'histoire, de cet adoubement consenti à des valeurs inspirées d'anciens combats d'hommes et de femmes libres dans leur pensée, exonérés du religieux et de ce culte du veau d'or.
Une pensée peut être ancienne et juvénile quand elle s'immerge dans son temps, repense ses outils, ose d'autres chemins.
Le marxisme en tant que philosophie de l'action, arme de la critique avait en nous ce parfum. Elle était le scalpel et le sang. Sa gravité fut ce vaccin à ne pas renoncer à cette compréhension de ce monde, ses lignes de fractures, classes sociales, ère de la marchandisation des objets et des corps.
La théorie est grave quand elle se propose de mettre à nue le réel.
Et le rire fut toujours notre contrepoint.
Nous avons toujours ri de nous mêmes, de notre "don quichottisme", des trahisons et des défaites promises avant que les reflux de l'après Mai 68 engendrent tant d'imposteurs.
Nous n'avons pas été meilleurs que les générations qui nous avaient précédées et nous n'avions traversé nul conflit guerrier, nulle occupation avec son lot de crimes et de tortures et nos actions, nos vélléités de monde meilleur s'étaient délitées sous le seul assaut de l'argent facile, de cette "mondialisation" qui dopait les marchés dont celui de la came.
Nous avions admis nos défaites et Michel me disait qu'il allait vers sa mort.