mercredi 30 avril 2008

Primo Maggio









Je ne vais plus manifester : depuis de nombreuses années, près de 3 décennies. Mes idées n'ont pas vraiment changé, leur expression s'est désagrégée avec la dilution du package marxiste mais surtout les échecs successifs de nos luttes collectives. Le dilemne ne se réduisait pas à réforme ou révolution mais à ces questions de pouvoir qui surgissent dès que des individus se réunissent. Ces questions que posaient assez bien le mouvement autogestionnaire n'ont jamais trouvé de réponses (toujours au pluriel) durables. Aujourd'hui madame Voynet fraîchement maire, s'accroche à son poste de sénatrice comme d'autres à leur strapontin de syndicaliste à vie ou de membre d'un quelconque "bureau politique" : sacré Alain Krivine dont on peut prédire "né et mort au bureau politique de la lcr". Fermer les guillemets.
Ce matin en gouttant le premier café de la journée, je me suis dit que quarante ans après le plus grand mouvement social que ce pays a connu, nous étions toujours autant démunis intellectuellement sur la complexité de ce monde où le capitalisme réussit à se recomposer sans cesse dans la fuite en avant de la spéculation financière, de l'intégration de l'économie criminelle et de la dislocation des solidarités.
Je me suis mis bizarrement à fredonner cette chanson de john,
que Neil Young récemment reprenait. Nous étions 40 ans après, les baby boomers de 68 luttaient contre le cholestérol, l'hypertension et les excés de tous ordres. Nous n'avions pas fait mieux que les générations qui nous avaient précédés (mais pas pire non plus).
Les commérorations allaient bon train édulcorant la réalité.
Demain Jade aura 8 ans, qu'est devenu Jonas qui devait avoir 20 ans en l'an 2000.

samedi 26 avril 2008

Aprile dopo mars

free music


En roulant vers Nîmes ce tôt matin, l'esprit dans ses fictions et l'oeil rivé sur ma trajectoire, me vint mêlé aux formes lointaines de l'estérel traversé des images de femmes qui n'en faisaient qu'une.
Ni l'idéale, ni l'idéelle, mais comme un corps métaphore de ma quête. J'ai toujours aimé les mères. Ou plutôt ce qui était mon idée des mères. Mes premiers émois remontent à ces temps adolescents où sur les stades de foot, je lorgnais les mères des copains. Rapidement j'établis à ce jeu de nouvelles régles connues de moi seul. Il s'agissait de provoquer un "choc" avec un adversaire au plus près de l'élue et de rester au sol tordu par la douleur des coups de crampons et espérer le regard , le geste, bref le baume parfait.
Las à ce "je" s'accollait aussi l'image du petit teigneux qui ne soulevait pas l'empathie
Je renonçais à ce ce sport par manque d'opiniâtreté.
Et les femmes prirent en mon esprit un peu plus de mystére : Médée qui ne m'aidait point.

mercredi 23 avril 2008

29 avril, 2 mai

free music


Elles ont cinq ans de diffèrence et quatre jours séparent leurs anniversaires. Et mon esprit conquis par leurs incursions téméraires se fait plus léger qu'à ses premiers jours.
J'aime ces enfants pour ce porte à faux qu'elles me révélent de l'existence. La joie de dessiner, de danser à toute heure du jour, de partir à cheval par tous temps par simple passion. Il me plait de sentir grandir leurs forces, aguerrir leur confiance en elles et de me dire que ma dernière utopie se déploie devant moi, dans ce combat renouvelé de chaque nouvelle génération qui s'avance avec ses croyances et ses certitudes friables mais incomparablement estimables et ces moments ne me seront jamais otés!
À 250 kms de distance, j'imagine leurs journées et leurs voix reprenant Renan Luce :
que la lumière soit!
baci tanti
baci

septembre

free music


Depuis trois jours je pars en vélo vers 6 h du matin. Destination l'hôpital des Broussailles. Ce même trajet que j'empruntais, 50 ans auparavant guidé par ma grand-mère, pour aller à l'école voisine. Il y a toujours ce même point de vue au niveau de l'entrée de l'hôpital où la mer au loin apparaît avec les deux îles cannoises. J'ai toujours eu ce sentiment que des paysages pouvaient conquérir l'esprit et le cartographier. Je n'ai jamais aimé Cannes mais j'ai toujours été conquis par cette géographie, la baie du Palm beach, les îles et le "Suquet", ce bout de colline qui va lécher la mer. Enfant, j'ai longtemps eu cette certitude que le monde était balisé par ces repaires et la ligne d'horizon de cette fausse mer.
Les sonorités de Paolo Conte sont un peu de cet ordre pour ces tribus de ritals de l'intérieur des terres et genova per noi coule en moi comme une psalmodie de ces nonne amarrées alla casa et pleurant l'exil des frères, dès les premiers jours de l'automne

samedi 19 avril 2008

26 juin

Le crystal automatique

allo allo encore une nuit pas la peine de chercher c'est moi l'homme des cavernes il y a les cigales qui étour- dissent leur vie comme leur mort il y a aussi l'eau verte des lagunes même noyé je n'aurai jamais cette couleur- là pour penser à toi j'ai déposé tous mes mots au monts de-piété un fleuve de traineaux de baigneuses dans le courant de la journée blonde comme le pain et l'alcool de tes seins


allo allo je voudrais etre à l'envers clair de la terre le bout de tes seins à la couleur et le gout de cette terre-la


allo allo encore une nuit il y a la pluie et ses doigts de fossoyeur il y a la pluie qui met ses pieds dans le plat sur les toits la pluie a mangé le soleil avec des baguettes de chinois


allo allo l'accroissement du cristal c'est toi...c'est toi ô absente dans le vent et baigneuse de lombric quand viendra l'aube c'est toi qui poindras tes yeux de rivière sur l'émail bougé des îles et dans ma tête c'est toi le maguey éblouissant d'un ressac d'aigles sous le banian


Aimé Césaire (26 juin 1913-17 Avril 2008)

POUR CELLE QUI EST NÉE UN 26 JUIN 1964 & cette chanson de N S

lundi 14 avril 2008

21 mai bis

Cinq sens en fait c'était plutôt de l'ordre de leur éveil.
Quant à ses mains sur le piano, je ne crois pas qu'elles ne jouaient que du Satie,
mais c'est Eric qui l'imprime toujours en moi.

samedi 12 avril 2008

21 mai

Il me plaît de penser à ces êtres cardinaux qui ont orienté mon existence. Il me plaît d'égrener les moments toujours vivants à leur côté. Je ne nomme pas cela de la nostalgie mais "principe de réalité". Ce qui fut, est. Elle vint à moi, à ma grande surprise, me bascula et sa jeunesse et son esprit si lucide transfusérent ma carcasse exsangue. Lui ai je dit que je l'aimais?
Si j'avais déjà entendu "light my fire", elle déposa sur ma platine, Jim et les Doors, David bowie, le Velvet underground . À CE JOUR, je sens combien ces sonorités me sont salutaires pour oxygéner mon être. Mais peut -être est ce Saint Saens qui avive en moi sa présence!

12 avril

Les rolling stones, dans mon coeur n'ont jamais eu la première place car après Dylan, bien sûr il y avait The Beatles.
Les Beatles à l'inverse des Stones étaient des marrants, des rêveurs et des musiciens plus inattendus que les archétypes de la défonce (je ne dis pas la révolte car MJ incarne plus le bizzness que le streetfighting man, fermons la).
Vous me direz et mac cartney! Je vous parle des Beatles.
Il n'y a pas de révolte et de révoltés sans humour, sans cette sortie des sentiers battus.
Il n'y a qu'à écouter et réécouter !

jeudi 10 avril 2008

10 novembre (il me semble)

free music


Il y avait des tas de disques dans sa chambre, le Grateful dead, les Pink Floyd, les Beatles et les Stones, Deep Purple, le Gong, Jethro Tull, Mayall bien sûr et puis les sons étranges du free jazz, le Shepp (tu es mon etc), Pharao Sanders, Dolphy, Miles, Don Cherry, Art Blakey et le Coltrane....
La musique nous tirait du qualunquisme par l'évidence de ses sonorités.
Elle était chaude et colorée et pour reprendre un titre de John Brunner
"Noire est la couleur"!
Nous étions dans le même bahut et quoiqu'il soit mon cadet de deux ans, j'étais attentif à ses dires, à ses engagements. Il aimait la musique et mes yeux cherchaient des livres. Plus je critiquais son discours radical, plus je me sentais contaminé. Nous étions des cathos défroqués, de ces petits ritals sevrés de superstitions et de reliquats de chimères christiques et à ce "je", Guevara était plus sexy que Montini.
S'il est bien quelque chose que je ne regrette pas, ceux sont mes choix, mes engagements adolescents. S'il est quelque chose que je bénis ceux sont mes amitiés d'alors, les premières, les véritables.

2 janvier


"It's a little bit funny this feeling inside
I'm not one of those who can easily hide
I don't have much money but boy if I did
I'd buy a big house where we both could live"











je suis né à l'amour sur cette mélodie. La phrase s'impose à moi.
Moins une vérité qu'une certitude.
Les notes de ce piano martèlent cet impératif d'être auprès d'elle.
Sentir sa propre existence, toute son existence convoquée à la rencontre, à l'impérieuse nécessité de la rencontre. 
Son visage devient mon monde, sa voix mon sang. 
Elle est en d'autres bras. 
Je n'ai que la chanson d'Elton qui me dit son urgence. Je la chante à tue tête dans ma solitude et je sais qu'il n'y a qu'elle sur ma terre et ne cherche aucun pourquoi. 
Elle a 15 ans, j'en ai 3 de plus. Nous vivons à portée du regard depuis l'enfance. Je la sais mutine, enjouée. La squaw de nos jeux de cowboys et d'indiens a de tout temps attrapé le trappeur. 
Dans cette année 70, nos centres d'intérêt sont aux antipodes, elle adore danser, sortir comme si son temps était compté. Je suis devenu une de ces Vesta qui entretient le feu libertaire de 68. Mes grands airs l'amusent mais ne l'aimantent pas. Je ne suis pas pressé, je le devrais. 
Mon corps n’a ni l’aisance des mouvements ni le swing du sien. J’observe les garçons qu’elle côtoie et il m’arrive de penser, il n’y a rien pour toi. 
J’ai tort, je ne saurai jamais pourquoi.
Je fredonne la chanson d’Elton et me tais quand elle approche. Ma prière est mineure. Parfois dire l’amour comme ouvrir un barrage semble une menace. Je cherche des raisons à ce séisme en moi  qui me révélerait mon émoi. Je n’en recense aucune si ce n’est cette certitude virale que chaque part de mon être est happée par son existence. 
J’écoute Elton, sa voix, je me dis, pourrait la ravir. Il n’a pas le phrasé militant d’un Dylan. De l’amour, il effeuille des possibles, des rencontres. 
En cet été 70, je me contenterai qu’elle entende simplement l’éventualité de l’amour entre nous. Elle a d’autres choses en tête et je reste sans voie, mendiant des moments de rencontres, partagés avec des amis communs. Je ne vais pas vers les autres : déjà. 
Je fais l’étrange choix de l’attendre. Je ne lui écris pas. J’écoute la voix d’Elton sur le vinyle,  l’appeler. Je me dis qu’elle ne peut que l’entendre. 
Les mois passent et je passe mon temps avec Michel mon double à monter des actions contre la guerre américaine en Indochine. Je ne la vois pas, venir, elle s’approche, elle me cueille, le monde m’appartient, le ravissement de ce monde m’est enfin donné. Elle est ma première femme. Elle en est amusée plus que fière. Je n’ai pas les mots de l’amour que les balbutiements de mes lèvres à sa peau. Le sentiment d’être aimé inscrit l’inattendu au point que me vient la nécessité des mots, lui dire, lui écrire jusque sur la peau, juste après l’étreinte, les mots de cet amour. Je n’ai plus besoin de la voix d’Elton, c’est ce que je croyais alors.



« and you can tell to everybody this is your song…..

How wonderful life was when yu were in the world »













8 avril (2)

Le gris semblait régner sur les costumes et les quelques tubes cathodiques. Le gris diffusait son message borné dans l'étroitesse de nos vies rythmées par les dits commandements. Les pères n'avaient plus rien à dire et les mères souffraient en silence. La terre était encore plate et les conflits majeurs du vingtième siècle relégués dans des livres et sur les obituaires improbables et tout commençait à craquer.

7 avril (2)

free music


ai des problèmes avec l'origine si bien qu'avec le temps le doute s'inscrivit. A posteriori, j'imagine qu'il avait toujours été présent. En guise d'identité j'égrène une date dite de naissance. Non que le doute soit profond. Mais prendre nom me laisse perplexe. Pourtant les temps dessinèrent sweet offrande. Mais suffit-il d'une offrande pour adhérer?
Ai commencé à être, avec les premières sonorités captées sur les ondes radio et les vinyls en 33 tours et bob Dylan irrigua ces premiers temps

mercredi 9 avril 2008

11 Avril




Sur les ondes de ces années -là, c'est peut-être la voix de Ferré qui aura changé en profondeur ma grammaire de ce monde et c'est peut être en murmurant, sifflotant ou hurlant ses chansons que je suis entré dans une autre perception. Ferré fut pour moi le battement d'un(e) beat-géneration plus compréhensible ou plutôt plus accessible. La voix manifeste d'un Ginsberg a certainement une radicalité plus décisive mais la poésie de Ferré a problablement fait écrire notre langue dans des phrasés sans retour. La poésie ne rend probablement pas libre mais scandée dans le tumulte des moteurs des lignes de production d'un site industriel, elle rend l'esclave moins esclave.