lundi 22 juin 2015

today is another day 22 06 2015



me suis levé 6 heures avant ma naissance, j'ai toujours cherché à anticiper.
J'avais mes raisons, une histoire de mauvaises vibrations. Ce matin, tôt, m'est revenu à l'esprit un article de newsweek où un "neurologue", le docteur Alexander expliquait son expérience post-mortem momentanée. Donc le mec, il est neurologue, cela assure pour son récit, il s'offre un séjour dans ce qu'il nomme "l'au de là" suite à une méningite bactérienne. Un coma de sept jours pour faire le tour de la question et visiter la contrée où nous allons tous allés.
Je suspend le suspens pour les futurs migrants, il n'y aura pas de tempête, l'achéron n'est pas la méditerranée, vous ne serez pas bloqués dans un Menton quelconque faute de papiers. Vous allez, nous allons vogué dans le" tout amour".
Je mets un bémol en ces temps triple X. Ne vous imaginez ni gang bang, ni threesome, ni vos fantasmes les plus indicibles comme "tenir la main de la sainte vierge". Nous sommes dans l'immatérialité, un genre de sirop sans danger pour diabétique où les "âmes convolent".
En lisant l'article me suis dit "c'est de la bombe", c'est une invitation au suicide de masse, une revisitation de ce conte de grimm, le flutiste de Hamelin dont le son mélodieux entrainait les rats qui infestaient la ville à se noyer dans la Weser. Mais jusqu'à présent les effets se font attendre. Les seuls morts groupés ces derniers temps aux USA sont encore dûs à la folie raciste d'un post pubère fasciste. Et dire que ce merdeux ignore qu'il est destiné lui aussi à voguer pour l'éternité tout contre "les âmes de ceux qu'il a tué". L'amour vâche.
Mais revenons à moi-même. Je disais que je me suis éveillé six heures avant ma naissance avec ce souvenir qu'il me fallait à tout prix sortir de la matrice, le placenta avait un gout acide et pas lysergique et déjà un goût de paranoÏa me gagnait : "que fais tu là, que foetus là" disait la bad vibration, a-Sid,  j'anticipais l'âge de glace,  A-mére, la saveur du réel. Evitant l'aiguille à tricoter, je tempêtais pour voir l'issue ce jour de juin 1952 vers 11 h  30, et c'était un dimanche au moment où dans les églises romaines s'entendaient la locution latine "ITAE MISSA EST".
Je suis pas neurologue, ni gynécologue, quoique mes mains aient accompagné la sortie de Venezia du corps de sa mère (la symbolique n'a d'effets que sur moi) mais je peux dire que le voyage de ces 63 années a bien été pour ma pomme une quête éperdue avec le verbe "aimer". Je l'ai conjugué à tous les temps avec une préférence pour le présent et j'en conviens avec difficulté. J'aime, j'aime l'huile d'olive que me forçait à avaler "mémé Chaillou" prétextant que le chocolat de ma grand mère me donnait de l'eczéma, j'aime le nom de mahé "qui me fut donné" même s'il demeure un prête nom, j'aime gambader dans ce jardin gagner par les herbes hautes qui me filent des démangeaisons encore aujourd'hui et je ne gambade plus, j'aime ces moments d'enfances où j'allais jeté les graines aux poules que grand-mère allait zigouiller pour le plat de viande du dimanche. J'aime ces souvenirs de vacances torrides avec ami d'enfance et découvertes de l'émoi dans nos corps et lui sculpté comme un dieu grec. J'aime la saveur de ces flirts avec mon initiatrice, ma cadette de trois ans, qui me guida dans la transe, dans l'amour, qui m'apprit le prix de l'amour et la peur de la perdre quand la perte est le sans retour et ses dix jours de coma à l'hopital pasteur de Nice. J'aime ces femmes-enfant qui me recueillirent hagard, livide se donnèrent corps et âme sans attendre en retour du zombie advenu. J'aime ces jeunes femmes qui voulurent croire en "mes potentialités littéraires" et me laissèrent butiner et jouer au Turf pour le meilleur et pour l'Epire. Grâce à leur grâce antique. J'aime celle qui née un 26 juin me fit père de nos enfants pour des raisons la dépassant et nous fûmes dépassés. J'aime cette irruption vitale nommée Venezia, enfant désormais femme jeune et déterminée, meilleure que son géniteur mais pas forcément plus tétue. J'aime ma conscience à l'aube de sa vie prénommée Jade, inclassable et touche à tout, curieuse,  esthète, gourmande, agile, osant se dépasser, domaine où son géniteur n'a jamais excellé. J'aime cette notion de moments-années qui zèbre ma conscience lacunaire. Je vis au présent avec des êtres aimés au cours de ces 63 années. Je suis fait de leur rencontre. Je les porte en moi, légèrement. Adolescent, déjà initié à ce que mourir signifiait, j'imaginais l'âme des morts dans cet ailleurs comme un regard constant pointé sur mes tribulations. j'en ris souvent : intérieurement. Cela ne m'a jamais dissuadé de cet exercice solitaire et bienfaisant que chantait Léo Ferré "Onanisme torché au papier de Hollande "(rien à voir avec flanby). Ce qui épris n'est plus apprendre dit Lao Tseu (traduction personnelle). Aimer comme respirer. Avaler tout. impossible de choisir parmi les particules fines, ceci dit parfois un moment d'apnée peut être salutaire.
Je vieillis bien.
J'ai moins peur. Six ans en chir D, cela forme. La vie, la mort et dans l'entre deux, plein de variantes de souffrances, de résurrections, de jeunes êtres qui s'activent avec leur savoir-faire, leur vie à taire, leur énergie no limit, parfois j'égrene leurs prénoms comme un rosaire, parfois j'en oublie. Je les vois dans mon oeil entonnoir, je recueille, je m'abreuve. Je n'ai aucun savoir tangible, ma mémoire travaille à effacer pour m'aider à vivre un jour de plus. Une variante de l'alzheimer qui est là positive. Je semble naître à la vie à chaque aube nouvelle. Curiosité post Juillet 2002, il m'arrivait alors de m'éveiller et de découvrir ma vue mononucléique.
Ma tête se tournait alors vers la droite et la gauche pour découvrir son nouveau champ visuel. Je m'alphabétisais. Les questions de la veille revenaient, comment allais je m'acclimater, comment allais je travailler, conduire, me mouvoir, comment allais je embrasser. Là j'étais dispensé.
Virginie Henderson que je ne connais pas lista mes 14 besoins sans que je le lui demande. Générosité de l'Ange. Aimer en serait la synthése et la difficulté aussi. Il est en effet préférable que la check-list soit au mieux. Mais l'esprit-corps humain est capable de se dépasser. Je me souviens de franches rigolades avec Léo dit barco dit Michel à propos d'un film des Monty Python "Sacré Graal",



nous étions dans sa chambre à Rueil-malmaison, soins palliatifs, la tumeur avait amoindri son équilibre et le borgne guidait le brinquebalant dans le jardin, sa perspective était plus réduite que la mienne, il en riait et je ne sais pourquoi il s'exclama "le chevalier noir, tu te souviens du chevalier noir" nous nous regardames et le cri jaillit de nos bouches "Lâche". nous étions dans la forêt, la mort s'avançait, elle l'avait touché au bras, à la jambe et Barco l'invectivait en riant jusqu'aux larmes. Aimer est le verbe. Je vis de ces moments, de tous ces moments qui jalonnent ma vie. L'improbable et l'inattendu c'est cela que je me suis efforcé d'atteindre et qui me constitue.
Les avoir vacillent, les êtres nous comblent nous laissent entrevoir l'au de là de nous-mêmes, ce flux qui nous trame en relation. Nous sommes singulier et pluriel, originaux et mêlés.
Etrange est la vie à qui cherche du sens comme l'obsessionnel que je demeure. Mezzo mato forse non mezzo.
 Une femme née un 26 juin accompagne mon existence et son doux prénom de Patricia.
Le docteur Alexander est revenu de son escapade. Son cerveau à nouveau fonctionnel retranscrit ses visions hallucinées. Le neurologue patenté, expert en encéphale et en cartographie de nos émotions doit encore cogiter. Son expérience était loin du coma dépassé. La notion d'âme reste à explorer. Je me souviens à ce propos du 19 février 1993, dans une chambre de la clinique "Plein Ciel" (je n'invente pas) de cet ultime épisode où mon "père-beau" après une nuit agitée par des aspirations successives pour dégager ses voies respiratoires rendit "l'âme".
Deux anges lui faisaient la toilette, son corps parchemin respirait avec l'aide du dernier poumon et la délicatesse de ces femmes accompagnérent ses ultimes bouffées d'air. Il fit une apnée longue et repris l'air dans un râle, l'ange qui tentait de lui prendre le pouls sursauta, recula, se rapprocha, me regarda, reprit le pouls à la carotide et du regard me fit comprendre. Je fermais ses paupières. Les anges allérent voir leur infirmière.En regardant Marcel je sentis un vide en moi se faire, un vide sans nom, je lui pris la main, je me mis à balbutier "ô père, qui n'est pas mon père, je te choisis. Je m'accrochais à sa main mes yeux se vidaient de larmes, je reniflais, dégageais ma main de la sienne pou éponger mon visage et machinalement me tournais vers la fenêtre pour l'ouvrir. L'infirmière entra, c'était une grande fille du Nord, une "chti", elle l'avait suivi tout le séjour, elle chantait pour lui en italien croyant qu'il comprenait par ce qu'elle m'avait surpris à murmurer à des amis dans cette langue. Je la regardais et ma voix prononça "ho aperto per la sua anima che se ne va" et les larmes coulérent sur nos visages.









mercredi 17 juin 2015

fin des années 50-temps de guère/guerre

je retrouve des lettres dans le capharnaum de la maisonnée. Elles éclairent les pans imprécis de mon histoire et m'éclairent sur mes proches. Sur ce monde de femmes qui était mon environnement.
Pierrette écrit à Marcel en ce 25 juillet, elle omet l'année. Nous sommes en pleine guerre d'Algérie. A cette date, elle a à peine plus de 26 ans. Elle est veuve. Claude, son mari, gendarme stationné au Maroc vient d'être tué en mission. Elle vient de déménager d'orange où le couple résidait à la caserne pour revenir vivre auprès de sa mère, ma grand-mère. Marcel, frère cadet de Claude est soldat quelque part en Algérie. Il attend son rapatriement en France du fait du décès de son frère au combat. Il lui a été refusé. "C'est tout simplement odieux " écrit Pierrette.
L'écriture de Pierrette est douce comme sa peau comme ses souvenirs que j'ai de son visage. C'est en mon esprit, l'italienne de la retenue, de la tendresse, de la sollicitude, de cette attention à l'autre. Elle est dans le trauma qui lui vaudra un cancer généralisé mais elle ne pleure pas sur elle. La mort du mari et du frère est indirectement évoquée. Dans le clan, Pierrette est la Madonne double face, Marie-Jeanne la fourmi culpabilisée, la nonna, une Médée pièmontaise dont la force intérieure était inversement proportionnelle à sa taille.
J'établis la date à l'été 1958, je viens d'avoir 6 ans, Patricia a 3 ans et demi, Alain 7ans. Je me souviens de la raclée, "je suis le canaque" que "mémée Tosello" a rossé pour l'exemple.
Elle écrit à "son vieux frère" qui est en fait plus jeune qu'elle et dépeint un moment de vie dans ce coin de métropole où la guerre se résume à des graffitis de l'OAS sur les murs du village.
Je vais planter du jasmin dans un recoin du terrain, je le laisserai s'épanouir pour que ses effluves, peut être, me rappellent. Madeleine proustienne.
Maddalena era il cognome della nonna.















dimanche 14 juin 2015

14juin 2015




le 13-06 devait être un bad day..
Un geste a suffi malheureux et imprécis à vouloir ne pas respecter les règles.
Se laver les mains, les sécher, prendre le petit miroir, ouvrir l'étui à lentille, le reposer sur la table
verser le liquide " menicare plus" ds la paume de la main gauche prendre la lentille rigide de la main droite, veiller à ce qu'elle baigne bien dans le produit de pose et la porter délicatement vers l'orbite droite.
ai du passer une bonne heure à quatre pattes et une autre à fouiller les tiroirs avoisinants.
Nada. Perdue. Chacun a ses cold case.
De porter des lentilles depuis mars 1974 m'a appris à me détacher de ces "petits problèmes" de pose, de perte, de poussière dans les yeux par  temps venteux ou dans le moindre courant d'air.
J'ai beau être zen, j'avais les glands.
 Me suis mis à modifier mon planning du jour, je n'aime pas travailler sans lentille, surtout sur un échafaudage. Je me suis rabattu sur cette logistique du quotidien, courses, ménages, cherchant les activités qui ne solliciteraient pas trop ma vue. Me suis mis à gamberger sur cette économie du geste devant un handicap.
Chez moi la crainte irrationnelle de la cécité m'a incité à une vie de solitude. Ne pas être dépendant d'autrui. Vivre avec quelqu'un qui ne vous aime pas avec cette menace d'être l'aveugle du couple, non très peu pour moi. Il y a longtemps que j'ai rédigé mes directives anticipées.
Il est vrai que je peux être chiant à vivre.
Je ne suis pas un hédoniste, j'aime bien laper de l'Orvieto sur le corps de l'être aimé, voire du Jurançon faute d'Orvieto et déguster la bouteille par temps de solitude. Je garde des visions enchanteresses pour tenir le reste de mes hivers. J'aime quand on me laisse son numéro de téléphone, quand on tape à ma porte avec une bouteille et deux verres ou des fruits qui deviennent de la passion, j'aime aussi un rendez vous avec un livre pour la simple lecture d'un chapitre. Je suis partant pour une virée à Bellagio et les rives du lac de Côme à arpenter les jardins de la villa Carlotta. Je n'aime pas que l'on m'assène que je ne pense qu'à "baiser" mettant dans l'intonation de viles pensées alors que l'amour peut être autant sauvage que délicat tant  il est a-moral.
Je ne suis pas un hédoniste par ce que je ne crois pas suffisamment au plaisir de la vie et qu'il ne m'est pas possible d'être un jouisseur dans ce monde à gerber. Je laisse cela aux autres, dandys de toutes sortes ou gens bien éduqués qui peuvent s'en accommoder.
Je ne suis pas un donneur de leçons, encore moins avec "mes" (au sens de mes responsabilités") enfants.
D'idéologie, je deviens une sorte d'anarchiste comptable de mes actes. Un anarchiste -bienveillant-. Homologué par mon directeur des soins. J'aime bien les travaux de la terre sans pour autant être un prêtre de l'écologie. Je cultive tant bien que mal ce lopin de terre et je devine la galère de l'agriculteur en voyant le désastre d'une récolte niquée par un orage. Je me dis que ce n'est pas ma vie mais que j'ai un travail à terminer.
Je n'aime pas la vulgarité et l'utilisation dénaturée des mots -con- pute-putain-enculé
Le terme con signifie le sexe féminin dans la même famille : cunilingus. De la nécessité du latin.
Les mots pute, putain jetés  constamment en pâture devraient interpeler  chacun sur ses propres moments à en être, un ou une. Ceci dit, il m'arrive de m'écrier "putain de vue".
Le mot enculé pour injurier un tiers devrait inciter le locuteur à une réflexion plus approfondie sur la fonction du sphincter et sa zone érogéne. Il est vrai qu'en un temps où il est bon de faire guerrier et de faire du viol une arme de destruction, cela dessine une posture moderne.
En cueillant de petites oranges amères sur ces arbres que je n'ai pas vu pousser, je me suis rendu compte que pour atteindre  le fruit il fallait éviter les branches épineuses. C'est là que j'ai crié "putain de vue". Du coup j'ai pris un sécateur pour élaguer les branches mortes et cruelles.
Je deviens un vieux, irascible et malvoyant et il n'est pas dit que je donne les qualificatifs dans l'ordre.
J'aime bien richard Brautigan et j'aime bien Allen Ginsberg et j'aime bien me pencher sur les faits du quotidien, celui que je connais le mieux, le mien. De ginsberg, j'ai retenu l'assertion de rester fidèle à sa parole, à son authenticité, si elle est authentique même brute. Les gens qui ont une calculette dans leur cortex pour évaluer un acte de la vie m'indiffèrent. Le mot "utile" est le terme le plus galvaudé, le plus mystifiant, le plus castrateur. Il m'a été inculqué et je pense mou comme on dit -il bande mou-.
Les êtres que j'apprécie ne m'apprécient pas.
On me prête des  vies, des dires, des actes fantasmés. Et chacun va de son tricot maille à l'endroit maille à l'envers. J'ai choisi de ne pas  dissuader, de faire un simple pas de côté, hors de portée.. Dans le milieu des années 70, Joseph Losey réalisa un très beau film sur un tout autre sujet Mr Klein et en ce 14 juin je vais me le repasser.