mardi 30 octobre 2012

octobre 2012 time after time miles davies





Dans la crypte de ma mémoire, je grave le passage de ce que le temps détruit.
Obituaire.
L’anodin y est banni. 
Je n’ai pas de croyances sur quelques après de la vie. 
Je marque un passage. 
Ce que mes sens ont recensé. 
Ces singularités de cet autre qui croise mon existence. 
Je ne fais pas de deuil, je prends note. 
Je convoque les ressources de mon être à cette rémanence d’une rencontre qui me fait autre. 
Ainsi a été, est, mon rapport à la vie. 
Un dialogue muet, un questionnement sans réponse, des évocations, des invocations, la paume de mes mains comme un parchemin lisible, la musique de leurs voix dont les mots m’arraisonnent encore. 
Des rencontres, se laisser tresser. 
Le sang chaud de la voix, 
le sang chaud d’un regard, 
le sang chaud d’un dire qui balise les chemins de vie 
qui me font face et m’apprennent au de là des mots, 
les contours des frontières atteintes, traversées. 

Le don premier est un dire : pour moi.

Je ne cherche pas les confidences, les fuirais même. 
Comme dans les deltas, 
il y a le limon et il y a le don d’un dire qui scintille 
et sans vous dire : prends, s’offre. 
J’écarte le limon, ma peau se pare de l’éros-ion.

Elle versa ses larmes dans une de ces fins de journées où mon énergie se tarit. 
Je regardais son visage sans détourner le regard, les mots vinrent comme des pages en flux qui se tournent dans les nuances du noir, de l’au de là du noir, dans cette lumière crue, tel un tableau de «Soulages», un tableau d’une vie, couche, sur couche, ininterrompues -à peines non séchées-. 
La peinture et cette voix comme un prisme révélant tant d’évidences sur la lumière. 
Cela je ne le compris qu’après, de longs mois après dans ces aller-retour de ce que l’autre a déposé. Etais resté assis à l’écouter, devinant combien un dire abreuve autant celle-celui qui émet que l’autre qui recueille. 
L’écoute en ce voeu lie.
Nous taisons les noms pour préserver l’anonymat. Nous échangeons entre nous sous couvert de la numérotation des chambres. Un être peut-être Mme 363, Mme 325. Parfois nous privilégions la numérotation devant la difficulté à prononcer l’assemblage des syllabes mais aucun ne nous est étranger, aucun ne nous est indifférent. Les visages, les voix, les corps, tous ces temps partagés sont en nous. Bien sûr l’oubli comme un sédiment recouvre aussi. Mais nous gardons en nous gravé et nos êtres comme autant de sol restent pelliculés de ces moments de ces richesses.
Noir est là, couleur.

dimanche 21 octobre 2012





Je lis avec patience et passion le dernier livre de Boris Cyrulnik.
«Sauve toi, la vie t’appelle». Il est des livres où lire et relire font partie des détours nécessaire pour imprimer ce dire en soi et rendre l’élégie mure pour toutes les insomnies.
Je lisais ; l’être que j’aimais me disait qu’il était temps pour elle de vivre sa propre vie. Todo bem. Mon moi pouvait s’écarteler dans cette jachère où la naissance l’avait jeté. Cyrulnik me rappelait les méandres de la mémoire, cette manière de nous lier au temps quand notre histoire nous offre ses abysses. Une écriture m’apparaissait belle et salutaire quand elle se coltinait avec son drame et dans cette tentative d’être son propre historien, son archéologue et le poète de cette lacération, étrange qu’offre certaines vies. J’ai souvent écrit sur les êtres que j’aimais. J’ai toujours cherché à m’abreuver de l’élixir décelé dans le sang chaud que leurs artères abreuvaient. Je cherchais ce qui de leurs vies m’étaient tant nécessaire. Mon prisme perceptif avait ce socle marmoréen fondé dans ces dimanches nel campo santo avec la nonna. L’architecture du cimetière fixe dans un mental d’enfant le périmètre particulier de son sacré. Il y a les visages comme des esquifs dans leur tempête, il y a ces déambulations hypnotiques de tombes en tombes à chercher ou à fuir à questionner l’impensé, à se tordre les mains dans l’incompréhension. Aurais je pu lui dire ce que j’aimais en elle, aurait-elle pu comprendre ce qui m’agenouillait. Probablement. Je ne disais pas tout. Je ne cherchais pas à ce qu’elle s’identifia à un portrait qui ne dessinait que mon trouble. Une attirance saisie dans une forme de retrait, de réserve. Il y a parfois un état intrinsèque entre réserve et affirmation. J’aimais cette dualité dont l’effet silex offrait à chaque jour ses étincelles. De l’attirance à l’amour la trajectoire n’avait besoin que d’un trait ou de mots pour l’union. Les mots nous mirent à nus. Je ne dirais pas une fulgurance. Je crus en une évidence. La mise à nu n’est pas l’amour mais un dévoilement sur son possible. Je crus que les mots nous souderaient. Je crus qu’il allaient puiser au plus profond de nos êtres dans le phréatique de l’abandon, cette eau boueuse qui va se filtrant dans les ecchymoses de l’âme.
Je ne l’aimais pas pour la panser. Je pensais l’aimer quand des mots s’échappèrent de sa bouche, de sa main comme un murmure qui ouvre un fracas. 
Je croyais aux sésames. Je croyais en la vertu des mots pour en avoir été sevré. Elle l’ignorait. Elle ignorait jusqu’au sésame qui me délivrait. Elle me délivrait. J’appelais cela amour. Dans mon corps, le jeu des syllabes transcendait mon être d’un désir inédit. Je lui disais «je t’aime» comme d’autres chantent le cantique des cantiques. Elle prononçait les mots si naturellement que l’amour en moi devint cette évidence. Aimer déjà me transcendait. Aller vers l’orbite de cet autre qui scintille s’imposait comme mon mouvement premier. Etre aimé se révélait une autre galaxie.
A peine l’avais je atteint que j’en étais expulsé. Mink de Ville, en mon esprit chantait l’amour comme nul autre. Les riviéres de l’amour, les hâvres des Saints et autres zébrures.
Je poursuivais. A la page 236, il était écrit «L’empreinte du passé donne un gout au présent». J’ai allumé un petit cigare et me suis appuyé au bastingage du balcon. Elle n’écrivait plus ses sms débridés. De sa bouche maintenant, les mots de l’amour s’étaient évaporés. La pluie cinglait le bastingage, la nuit gainait la fin du jour, la fin de l’amour.
Boris lui avait prédit : «Sauve toi, la vie t’appelle»



vendredi 12 octobre 2012

12/10/12 this is the end




Pour moi, disons un purgatoire tant les flammes et autres arguties me sont encore épargnées. Les news du jour titraient donc sur Renault s.a, cette société française dont le top management voulant liquider des cadres embarrassant élabora un synopsis foireux d’espionnage industriel et pour ajouter à la pression envisagea le prêt à penser au cas où ces derniers se suicideraient.
Terrifiant n’est il pas ou tout simplement banal dans ce système où le cynisme fait partie de l’éthique du business. 
Sous les ponts du capitalisme triomphant les hommes-Let ont cassé beaucoup d’eux.
Il y a pourtant une grande naïveté chez ces managers aux rêves «de droit divin», monarques aux vélléités de pouvoir absolu. Leur omnipotence leur fait oublier la potence, je veux dire cette notion de temps où ils sont inserrés avec toutes de leurs prérogatives certes mais aussi le programme d’obsolescence de leurs propres cellules. 
Prenons Steve jobs, grand entrepreneur et homme richissime, bienfaiteur pour les uns et cynique exploiteur aussi à faire travailler les gens dans des conditions épouvantables, tombé au champ d’honneur des happy few sans même avoir atteint la soixantaine. A quoi lui sert sa fortune?
Cette idéologie devenue banale des managers à pressurer le salarié jusqu’au chantage et au licenciement reste un résidu de l’ère monarchique et des pouvoirs de vie et de mort sur les populations de serfs. Il est bon de rappeler aux roitelets de tous poils que  leurs prérogatives restent inscrites dans leurs gènes et qu’aucun n’en réchappera.
Dans les bad news émergent quelques bonnes.

10/11/2012 à 14 ans, on peut oser lutter au prix de sa vie

"à 14 ans, on peut oser lutter et engager jusqu'à sa vie pour avoir le droit à une éducationle courage de vivre"


vendredi 5 octobre 2012

5/10 courir dit il




"Courir, dit-il. Courir et traverser le temps pour que la volonté cesse de guider le corps. Courir pour que le corps devienne un pur mouvement. Courir, pour augmenter sa puissance de vie, éprouver la durée, se sentir en apesanteur, et ne plus compter ses forces. Courir jusqu’à l’épuisement et renaître dans la joie d’un deuxième souffle. Courir, dit-il, pour ne plus avoir à philosopher. Courir, dit-il, pour que son esprit se dilate, pour être seul, pour perdre ses repères : se sentir de nulle part. Courir à plusieurs, comme un loup dans une meute. Courir avec ses bras comme Emil Zatopek. Courir aussi pour restituer sa vitesse aux choses, rendre sa mobilité au sol, se recentrer vis à vis du monde. Courir enfin pour atteindre le fond, ne plus avoir à distinguer le plaisir et la souffrance, entrer dans un monde sans référence. 
On l’aura compris, le coureur Guillaume Le Blanc ne cherche pas à épuiser la course en la recouvrant d’un discours univoque sur le corps en mouvement, l’accélération du temps, le sentiment post-moderne de la mort. C’est plutôt l’inverse qu’il met en œuvre dans son livre intitulé « Courir » - sous-titré « Méditations physiques ». 
Il s’appuie sur l’expérience de la course pour épuiser les philosophies – pas toutes – et les sociologies qui prétendent la subsumer ou lui dire ses quatre vérités.
Courir est non seulement un hymne à la course, une défense et illustration du joggeur, mais une rébellion contre un certain usage de la philosophie…
Aujourd’hui nous recevons bel et bien le coureur Guillaume Le Blanc…"

jeudi 4 octobre 2012

4/10 DuruTTi column avec 2 t







L’idée que facebook s’accapare d’une part de vous de vos écrits, photos et autres productions ne m’avait pas choqué. Puis au détour d’une remarque de Jade ma fille cadette, révoltée, que son droit à l’image puisse être bafoué, je me suis désabonné.
Une réaction épidermique mais je fais confiance à ma peau. 
Nous pouvons détourner «les media» mais l’inverse est aussi fréquent. Et bien plus fréquent. J’aimais bien les rencontres mêmes virtuelles sur le réseau social (un des réseaux sociaux) d’ailleurs , je garde de certaines des bienfaits inaltérés.
Je constate aussi que la technologie n’est pas la panacée sur la profondeur, la multiplicité voire la propension des échanges. Facebook c’est un peu votre téléphone mobile ou pas, un outil à feedback pour renvoyer la balle je suis là-tu es là. Ne parlons pas de tweeter.
Et après!
Retournons à la lecture, à un prendre le temps, aux transhumances. Ou plutôt je retourne.
Au fond je devrais lister des adresses emails d’êtres qui me sont chers et leur écrire tout simplement. Partir d’un ton badin pour dériver jusqu’au noyau là où la pensée de l’autre vous devient nécessaire pour avancer un pas de plus , ne serait-ce qu’un pas.
Cette hypothèse est très naïve et ne projette que mon propre cheminement, ma propre curiosité. Il fut un temps lointain où ayant perdu l’usage de la parole après choc érosif, j’envoyais des pensums incompréhensibles à des êtres rencontrés au hasard qui demeuraient cois, Si cois qu’ils en venaient à m’éviter ou à verser dans un profond silence. http://www.youtube.com/watch?v=4VTk-puyfbU&feature=related
Il faudrait à mon grand-âge que je comprenne enfin que les besoins de chacun différent, les attentes, les quêtes aussi.
Je buvais du thé vert et choisissais des aliments qui me voulaient du bien, soignant ainsi des désillusions qui n’étaient à dire vrai que des constructions fragiles de mon intellect primesautier. Le sentiment d’être aimé cautérisait les plaies B ante. Sentir les vertus de l’oxygène dans ses poumons est quelque chose d’appréciable. Mon énergie cherchait des voies d'expression. Au début il me fallait toujours un certain silence, une plongée en apnée et des rythmes idoines.