samedi 15 septembre 2018

incipit





-je ne suis pas un écrivain. Je n’en ai jamais eu l’obstination, l’urgence. Se coltiner à une narration se fait au détriment de la vie, de ces intensités qui vous traversent à rencontrer, découvrir, connaitre, autant de verbes d’action qui mobilisent son être. 
Ecrire est une privation d’être. Un enfermement.
Mon corps-esprit se débattait. 
De tout temps, je fus, j’étais, je suis pris dans les rets d’une histoire : colonisé.
L’ abscisse et l’ordonnée furent occultées. Quand l’urgence de la narration s’impose, je suis souvent loin de la feuille ou d’un clavier et les mots qui m’assaillent comme des escouades pressées d’en découdre se jettent contre mes fortifications qu’elles égratignent de quelques caractères : jamais au de là de 1500 mots/jour. 
Plus ils livrent leur éclairage sur mes tribulations plus ils saturent mes sens d’une intensité tétanisante. A réclamer l’effacement.
J’ai en tête les protagonistes. Je connais leur secret. J’ai la trame de leurs actes et des idées sur leurs pensées. Je connais la langue originelle de leur commerce. Je ne la parle pas mais sa grammaire m’est devenue familière . Sa matrice : le silence.
Je suis le parchemin et je suis le livre. 
Je suis les ratures et les pages arrachées. Je suis cette calligraphie qui arpente l’aplat de son sillon sinusoïde et l’attente de l’encre. 

Ma voie étroite et dyslexique glisse : vers l’oubli.

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