jeudi 24 juin 2010

juillet d'un autre siècle



Avais été un être si jaloux, d’une étrange jalousie qui me faisait pisteur de l’aimée
sur territoire de ses autres amours à goutter la terreur du théorAIME!
Et oui Paolo combien de fois ai-je arpenté tes jardins quand tu tenais dans tes bras
celle que nous aimions.
Et quand le désespoir obstruait mon champ de vision je retournais dans ma case en prenant soin de laisser une rose au portail de la belle comme une ultime banderille en mon âme en feu.
Elle m’avait tout appris de l’amour et probablement de la vie. Elle m’avait montré la voie de la révolte quand enceinte, mineure, en juillet 71,  nous allions de médecins véreux en médecins moralistes quémander la possibilité d’un avortement qu’imposait ses crises extrèmes d’asthme.
Et son désir de vivre remodela ma perception du monde, de l’amour et greffa
un sablier à un temps qui devenait compté.
Un jour de juillet 72, nous la portâmes à bout de bras, inanimée aux urgences de Pasteur à nice, le coma dura dix jours, dix jours et dix nuits à arpenter couloirs et salle d’attente dans des flashes back insoutenables et longues discussions avec sa mère , sa demi soeur venue des USA.
Etonnant est ce temps de vie concentrant le paroxysme des sentiments et la peur qui gagne. et je balbutiais minute après minute “ne serai plus jaloux si elle s’en tire”,
ne serai plus jaloux si elle s’en tire”, Et mon seul horizon devint cette scansion.
Les épreuves redimensionnent votre être au monde, étalonnent votre perception et le sens des mots.
Aimer ne fut jamais s'approprier l'autre

Devant l'amour fut longtemps dans l'aporie,  incapacité à dire à l'autre l'amour, à projeter relation. Fus longtemps en fuite et âmes-corps bienveillantes prodiguant leurs bienfaits.
Avoir le sentiment d'avoir failli quand il ne fallait pas,
plus que la culpabilité, cette certitude de ne pas avoir hissé ma pensée à la hauteur de l'épreuve. La mort de l'être aimé laisse la pensée dans le sans retour.
n'en dirai pas plus : ce soir.

lundi 21 juin 2010

22 juin

And so castle made of sands, cette idée d'impermanence et ce sentiment d'éternité
qui vous irriguent dans la jeunesse se sont très vite fondus dans un état de néoténie
en mon âme. Parfois le paroxysme du bonheur,  cette reconnaissance de soi par l'autre
peut vous projeter dans le vide absolu quand dans l'ultime rdv vous vous retrouvez
à plonger vos mains dans la glaise de sa sépulture.
J'ai toujours la mémoire de ces instants, le soleil dardait ses rayons sur le carré du campo santo,
fleurs jonchant le monticule de terre, me suis accroupi comme un pisteur apache et tandis que mes mains
s'enfonçaient dans la terre meuble, je vis une silhouette dressée devant moi me faire ombre. Elle prononça ces mots : "vous la connaissiez", j'acquiesçais d'un mouvement de tête. "Elle avait 20 ans " dis-je mais mes mots s'étranglèrent dans ma bouche quand je vis sa robe fleurie déchirée à l'épaule. La voix reprit "je suis venu voir mon fils, il est mort le week end dernier, nous étions sortis, il a ouvert le gaz, il avait cinq ans."
Comme je me redressais, elle reprit son chemin dans l'allée jusqu'à ce rectangle de marbre noir. Elle s'assit sur la margelle, je voyais ses lèvres délivrer un discours muet. Sous le soleil ma peau cuisait libérant des gouttes faute de larmes.
Je n'arrivais plus à penser, je n'arrivais plus à mesurer ce qui était advenu, je voyais la folie gagner cette mère à peine trentenaire. Demeurais immobile, la vis s'éloigner dans les allées, je devinais que ses pas de tombes en tombes allaient être son rosaire pour le siècle à venir.
Me vint à l'esprit que cette même folie s'abattrait sur la mère de Pat, me vint à l'esprit que les prochains jours seraient moins durs à vivre que les prochaines années et je ne sais pourquoi me mis à fredonner cette chanson que jouait michel sur sa guitare gibson "and the castle made of sands fell in the sea"...

mercredi 16 juin 2010

june le 16 dans ce siècle

je suis dans ce temps entre deux en partance d'un territoire où je vécus aux côtés de deux enfants 
et leur mère avec l'idée de former une famille mais nous mettons chacun des définitions si singulières au mot
que le sentiment d'une fiction prit rapidement le dessus jusqu'à ce non sens apparu à chacun.
J'ai sur l'amour cette naïveté de penser qu'il est le préalable à la reproduction.
L'amour enfante et se renouvelle et prend nouvelles vies dans l'émergence de ces petits corps avides de conquêtes, de découvertes. 
Suis plus que perplexe quand j'entends des femmes vouloir un enfant "seule" (je ne parle pas de couples homo /lesbien). 
Je reste surpris quand j'entends l'argument sur la complétude d'une féminité qui passerait par la maternité  et quand subtilement une femme dissocie ce "passage", cette épreuve du lien à son compagnon. Le scénario peut toutefois se passer
et créer une trame d'existences paradoxales et les mécanismes du quotidien tournent autour des berceaux sans trop comprendre ce qui se passe, faisant des amants, des étrangers. 
Devenir étranger à l'être aimé : un double bind peut supportable! Et chacun s'interroge "nous sommes nous aimés", "qu'étais-je donc pour toi", comment ce désamour a gagné si vite nos corps ou plutôt nos regards mutuels, nous laissant transparents, impalpables dans les mâchoires de la frustration, des non-dits si criants, de cette tension où les mots profanateurs entrent dans la danse. Ai parfois joué les prête-noms dans mes rencontres glissant dans la fiction du très beau livre de Duras "le marin de gibraltar" tant j'étais plongé dans l'aporie d'un deuil infaisable et puis la vie vint à moi sous une autre évidence et je crus l'eden possible. 
Triste topique.
Tandis que je tapote sur ce clavier j'observe anna venezia cuisiner pour ali. Je me dis que l'amour essaime à tous âges ses questionnements, ses troubles ses épreuves. Il n'y a nulle loi d'airain du malheur, de l'impasse. Que cette enfant ose aimer sans appréhension, sans projeter  sur elle, la faillite du couple parental est le plus beau manifeste sur le mot " vivre".
Se construire en contrepoint est aussi un art de vivre!

lundi 14 juin 2010

22 giugno dans ce siècle

quand un couple se sépare,
les lignes de fractures traversent jusqu'à l'environnement
qui se croit obligé de prendre parti pour l'une ou pour l'autre
dans un effet-miroir supputé et trop souvent aveugle : fantasmes
de ses propres appréhensions.
L'écart tellement grand.
Et chacun sait combien la mécanique de l'intimité
livre chacune des parties a des trames secrètes.

Qui peut dire le crescendo de l'évitement des corps.
Qui peut préciser les méandres des désamaours.
Qui peut livrer le délitement de l'estime de l'autre,
le surgissement des premières insultes dans cette nouvelle topologie des frustrations.
qui peut présumer des effets de cette fascination d'être mère plus que femme,
qui peut appréhender les lois étranges de l'écosystéme parents-enfants
quand la centralité n'est pas l'amour mais la seule existence des enfants
Pas même les partenaires particuliers engoncés dans ces effets de l'inconscient.
Et pourtant il se trouve toujours un quidam pour émettre
a priori de bon aloi, comme un balancier sur son propre vide
ou ses propres peurs.


samedi 12 juin 2010

june dans le siècle

du plus loin qu'il me souvienne, je n'ai sur les corps cette religion
de les consacrer à ma seule existence et le mot fidélité ne s'acoquine pas
à cette hantise de voir un corps aimé en d'autres bras. 
Cette vanité de s'accaparer d'autrui s'est chez moi rapidement érodée sur le réel : par l'épreuve défait.
La fidélité n'est pour moi ni un contrat avec l'autre, une assurance prévoyante sur des lendemains qui déchanteraient, 
ni une paire d'oeilléres sur un droit chemin. 
Elle se tisse dans la mémoire comme un choix unilatéral que porte mon regard sur l'autre, sur ce qu'il a de meilleur : que moi. Je n'ai jamais réclamé à autrui une "fidélité" qui serait une soumission à mon existence ni eu cette naïveté de croire que je pouvais "suffire" à autrui, que mon intelligence du réel pouvait répondre aux questionnements qui traversent chaque être. 
Ma fidélité à l'être aimé se love à sa pensée, à la permanence de cette source cristalline qui m'abreuve. 
En cela, l'amour est gravé en moi comme une Co-naissance!
En cela aimer n'est pas une question d'homo ou d'hétérosexualité mais de cette tangence à autrui
qui jamais ne m'unifie à l'autre ni ne m'ouvre sur la fiction d'une fusion/identification/soumission.
En cela aimer ne me préserve ni du manque ni de l'absence ni de la perte, ni de cette mise à nu, de ce dépouillement
qui président à un frôlement "un peu" authentique.


Je reste un ingénu!

samedi 5 juin 2010

5/7 décembre 2009

5/12/2009
in TGV
j’allais à Paris dans un état de catalepsie, comme si au parage de celui qui allait mourir,
je risquais d’être englouti ou/et de voir ma propre mort.
Je me souvenais de notre discussion au téléphone; la veille, sur cette frustration ressentie
plus que la peur-même de mourir.
“Ne plus voir disait-il, ne plus sentir le rythme du jour et de la nuit, ne plus sentir venir le sommeil et ces états de conscience entre douleurs et joies : le goût des lèvres aimées, ce goût de sel sur les peaux et l’infini énumération de ce que nos sens recensent :
cet abîme de la frustration!

5/12
après Valence
J’ai tjs été sensible au dépouillement, à la mise à nue :
nudité des corps
accès à l’âme!
N’ai jamais souhaité posséder : objets/biens/êtres
Posséder
c’est déjà être possédé.

5/12
TGV Lyon
aller à Paris mais qu’elle est la destination réelle. Avons parlé hier au téléphone des mots à l’essentiel, la vie , la mort sans la nommer. Recueillir les mots de l’autre suspendus au dessus de la durée, épitaphe sur la pierre.
Les mots n’ont pas le même sens, le même poids selon la situation du locuteur qui les prononce.
L’émotion nous étreint.`
Nos échanges ont/avaient cette vibration sinusoïdale entre gravité et rires. La gravité se nourrissait de notre inscription dans l’histoire dans années de jeunesse : choisir son camp!
La gravité : ce nous, je + je
la gravité comme le scalpel et le sang
lyrique, juvénile, ingénue et pressée sertie dans l’enjeu inégal de forces planétaires;
La gravité, vaccin à ne pas renoncer à la théorie à l’analyse du réel sans complaisance
à vision du monde, lignes de fractures, classes sociales et cette ére de la marchandisation des objets et des êtres humains. Pas une question de morale mais d’éthique. Oui la théorie est grave quand elle opère à la mise à nue du réel.
En contrepoint nos rires, jamais loin.
Nous avons toujours ri de nous mêmes : ne pas donner ce plaisir aux crapules de toutes sortes.
Nous avons ri de notre don quichottisme, de notre angélisme, de ces défaites qui se dessinaient, nous avons ri de nos désirs qui ne devenaient pas réalité, du froid qui nous saisissait quand nos compagnes se détournaient, de nos incapacités à aimer, nous avons ri plutôt que de brûler nos vanites sur un bucher
et le délitement des solidarités nous rendit notre rire amer, les reflux des luttes collectives et le chacun pour soi le colorièrent de jaune!
Nous savions qu’il n’y a pas de résistance sans une culture vivifiante, un partage généralisé, une éthique commune qui relie ceux/celles qui se dressent,
Pourquoi parlions nous de cela ce jour de décembre, pourquoi ce gout des défaites en boomerang occupait notre esprit, riant de l’absence de qualité du ciment théorique et émancipateur qui endiguerait le marketing et les sirénes de l’argent facile.


7/12
Back to Nîmes
Je n’ai pas de métaphore pour ce temps passé.

Je sais qu’il est en moi suspendu. Avons beaucoup parlé
tandis que les mains de Michel égrenait le tempo. “the girl from ipanema”
scandant nos pensées , le silence, l’indicible. Nous savons ce temps singulier.
Mon esprit tatoué le sien ébavuré des aspérités qui sont non sens.
La musique pour celui qui la pratique est un vecteur vers un au de là de soi
et je me demandais si le tempo choisi scandait ses interrogations muettes.
La pudeur n’est pas une question de vêtements mais de regards, l’idiotie est de croire
qu’il faille couvrir et non éduquer ceux qui ont des visées prédatrices.
Nos regard se croisent, je sais quand je dois détourner mon oeil unique sur son épreuve.
Tu es mon ami, tu es cette part de moi que je viens cueillir, tu es mon histoire, quelques grains de sable dans ce désert qui advient sans toi. Les notes emplissent la pièce d’un Brésil revisité par la sensualité d’une ligne mélodique, ton visage se fait brésil , ô mon ami cangaceiro qu’il sera long ce temps sans toi, tu souris , tu le sais.