dimanche 27 juillet 2008

4 avril


Découvrez Malia!


hier soir, j'ai découvert la version d'"india song" par Miles Davis sur le blog de Cécile et je me suis mis à fredonner me reliant à une tranche épicée de mon passé et à un être, une jeune femme dont le talent et la sensibilité me tenaient au dessus de mon vide. Elle jouait ce morceau au piano et lisait à haute voix le "ravissement de Lol V. Stein"; le "Vice -consul". Je suis fait de ce temps, de ces strates du temps, de ces transmissions microscopiques qui greffent des voix, des phrases qui vont leur chemin. Je suis un marin de Gibraltar.
On peut dire ce que l'on veut sur Duras mais peu de gens de cette époque ont écrit sur "Hiroshima" et sur les aspects peu reluisant des lendemains de guerre.
Je me suis surpris il y a 13 ans de sentir s'imposer à moi "son nom de Venise" à la naissance d'Anna et de l'arrimer à son devenir : ainsi vont les mots; m.o.t. s!

vendredi 25 juillet 2008

23 juillet 08


Découvrez Émilie Simon!


j'ai souvent écrit sur sa naissance.
Pour la revisiter, la mémoriser ou essayer de vérifier que je n'avais pas rêvé. Le recul de l'écriture m'a toujours asséné l'immensité de cette chance, de ce scénario impensé.
Contrairement à l'assertion d'une gentille psychologue, cela n'avait rien à voir avec une revanche sur l'existence.
Ce genre de discours projette un remugle qui n'a pas lieu d'être. L'émotion qui toujours m'envahit à la vision du surgissement de cette petite tête sortant de la hanse de sa mère a la beauté de l'évidence : gagner l'immensité de l'inconnu, chercher sa voie dans ce mouvement vital, tête forant, épaule s'extirpant, cette urgence où s'acolle la magie quand la femme entre douleur et bienveillance accompagne ce singulier exercice où l'autre "vient au monde".
Ce moment de la création imprimé dans mon esprit perplexe scintille en moi de sa vertu cardinale.
Je la vois s'avancer.
Mon oeil aimanté par ses solides épaules l'observe s'avancer.
Et dire qu' au premier instant j'ai eu la certitude que c'était un garçon (on en rit encore dans la chaumière), le Rantanplan en moi extrapolait à son habitude!
J'aime sa peau mâte qui se rit du soleil et son insolence comme un parfum, j'aime tout ce qui nous différencie. C'est une vie nouvelle qui s'avance et me libère de mes peurs enfouies par sa simple existence.
Ce jour, A. Venezia devient une jeune femme.
Le programme parental ne disait que "Bienvenue".
Elle prend le meilleur de ceux qu'elle croise, s'inspirant, mémorisant avec cette passion assurée.
La chevauchée ne fait que commencer!

mercredi 23 juillet 2008

3 septembre


Découvrez Jack Johnson!


s'il est un musicien qui m'a accompagné pendant ces dix derniers mois, c'est Ben Harper.
Je me suis accroché à ses sonorités pour me régénérer et puiser un calme intérieur chaque fois que l'épreuve devenait sensible.
Je me suis toujours constitué en cherchant des musiques-miroir : Dylan, les Doors, Paolo Conte, Ben Harper et tant d'autre.
"With my own two hands" est devenu une sorte d'hymne, un bienfait cardinal acoustique dans cette formation qui m'améne au métier d'aide soignant avec une jubilation non feinte.

mercredi 16 juillet 2008

15 08 1975




je descends du train
deux copains sont au snack de la gare et font mine de ne pas me voir.
Je m'assoie à leur table, souriant.
Ils se regardent génés.
J'insiste : "quoi de neuf". Ils se lèvent, s'éclipsent.
Je bois un café, prends le bus et arrive dans la rue Louis Icard.
Je vois une mobylette s'approchant. Le visage de l'homme se précise.
Il m'est familié et pourtant ses traits semblent vieillis. IL s'arrête à ma hauteur.
Je lui souris, il dit : "Patricia est morte, il y a deux jours, Jacqueline veut te voir".
L'homme poursuit son chemin, c'est son père, il est un peut plus de 9 heures
Sous autre latitude Bruce chantait
and i sing it again

lundi 14 juillet 2008

14 juillet


Découvrez J.J. Cale!


guitare et voix, j'ai souvent recherché ces sonorités comme un flux nécessaire à ma mémoire. Flux pour s'éloigner du moment présent, flux pour irriguer l'aride de son être. La solitude émerge à ces moments. Sans me constituer d'identité. J'ai longtemps été relié à un nom d'une ville lointaine, sur les bords de la côte Malabar. Cela suffisait à ma crédulité. Ce cautère de vieilles femmes devait cicatriser leur blessure. Je gardais la béance qu'au taire, soumis. Taire : ma quote part. La langue française offre sa kyrielle de rebonds ou de fixation. Dans l'entrelac, noué je suis. Telle est ma place. J'ai toujours eu une place mais la définir sans abscisse ni ordonnée gommées s'avère complexe et vous injecte un clair obscur où seules les sonorités du blues se faufilent. Jim morrison fredonnait : "music is your only friend". Dans mes années d'usine, j'ai souvent écouté J-J Cale. Sa façon de pincer les cordes et cette douce fluidité passaient à travers moi son placebo acoustique et je vécus.

vendredi 4 juillet 2008

4 aout


Découvrez Placebo!

Depuis quelques mois je vivais avec l'appréhension de la cécité. J'appellais ce moment la métaphysique du pire. Il faut bien élever le débat quand on dialogue avec soi même.Vous me direz que la question de la vue n'est quand même pas la question de la vie.
Vous voyez, j'en étais à tordre le sujet dans tous les sens, jusqu'à glisser dans une sorte d'hédonisme consumériste qui m'amenait à acheter une Saab, histoire de rouler entre Nîmes et Cannes en un clin d'oeil et trois points en moins.
J'étais du genre à m'apesantir sur mon sort mais sans le ressort de trouver un autre bouc émissaire que moi-même. Ma mère qui fait sien les proverbes de grand-mère dit toujours : "tu souffres par où tu as péché!" (sauf pour elle, immacolata). Cette vulgate catholique m'a toujours mis en alerte sur la morbidité de ceux qui l'énoncent. L'univers du "péché"est le terreau du psychosomatique, les croyances sont déjà des métastases.La confusion est subtile entre cause et faute. Si tu ne bois pas, tu meurs. Les liens causaux ont bon dos pour les manichéens. Dans le registre des erreurs logiques, je note que les slogans publicitaires ont le même effet (mais est ce surprenant) : "Fumer tue"provoque immédiatement chez nombre de fumeurs cette réaction : "de toute façon on doit mourir de quelque chose". La pensée baigne dans un écran de fumée au point de répondre à côté.Voire de ne fonctionner que sur le mode pavlovien :"oh un interdit! donc je franchis. Résultat les bronchos pneunopathies chroniques obstructives et autres cancers du larynx des poumons se déploient avant que le glandu n'imagine sa future souffrance. La notion de la faute, du péché agit sur notre inconscient comme le meilleur carburant de l'irrationnel au détriment de la connaissance des éléments d'une hygiène de vie.
Je n'ai sur la vie que des pensées floues. La mort qui rodait autour de moi m'a souvent rendu timoré et incapable de me projeter au de là du jour qui vient. Je n'ai jamais été un épicurien. Mon esprit saoulé d'uppercuts se bornait à tenir debout entre deux genoux à terre. La connaissance du pire glissa seulement la notion du "bon temps".
Ne pas remettre au lendemain si tu peux jouir ce jour même.
Entendons nous bien, la jouissance n'est pas pour moi une question réductible au sexe. Pour être plus clair par exemple, ce matin 5 juillet, j'étais dans la jouissance d'aller travailler, de simplemnt arpenter les couloirs de la clinique, d'ouvrir des portes qui allaient me faire croiser des êtres que les fils des jours m'avaient fait approcher au plus près de leur combat pour vivre.
J'ai toujours en mémoire une remarque acérée d'une cadre formatrice qui doutait de mon appartenance au "monde des soignants" et fondamentalement elle n'avait pas tort.
Ma quête n'est pas dans la sphère de la souffrance mais dans ce mystére de l'être humain que l'on côtoie dans le moment amoureux, dans la sphère de l'amitiè irréductible, dans ces moments de reconnaissance de l'autre.
Je demeure un écrivain qui n'écrit pas. Peut être par ce que le doute a toujours jugulé l'affirmation.
Je suis un être de l'attente, un veilleur. Les mots écrits auront toujours en moi la primauté. C'est pourquoi,l'aporie m'a cueilli aux premiers troubles ressentis.
Panique devant un corps 12 soudain flou et ces maux de tête à ne plus pouvoir fixer la moindre ligne.
Nos ressources en alerte nous font trouver des subterfuges. L'idée de ne plus voir a donc tamisé ma pensée, nuit et jour et j'ai goutté un nouvelle fois au cinq stations promises à nos deuils potentiels. J'ai même poussé le luxe à interpeller notre toute jeune "golden retriver" sur son devenir de chien d'aveugle.
Votre curiosité pourrait me dire : "alors tu es dans la phase de l'acceptation".
Comme je demandais à mon ophtalmo si je devais me soucier d'apprendre le braille, il me fit comprendre que j'avais de la marge avec ce doigté qui vous fait présumer qu'il n'en sait foutre rien. Rien de tel pour vous projeter dans la diagonale du joueur et bizzarement comme une source chaude, s'est glissé en de petits clapotis, ce sentiment d'une incroyable liberté au bord du précipice.