mère,
combien ce mot est resté muet à mes lèvres,
mère,
ignorant plus que la filiation, la signification
mère,
ne voulus être fils,
ni de l'une ni des autres
mère,
ne fûmes pas confidents,
et nos vies symétriques lacérèrent nos esprits. mère, tes blessures ne furent pas les miennes, juste un effacement, un trouble du sens mère, nous vivons comme nous pouvons parfois nous nous hissons à un seuil de conscience et souvent nous glissons hier soir je portais à ta bouche petite bouchée de madeleine tu savourais, tu souriais, et dans cet état d'infinie faiblesse je voyais tout le dérisoire de nos vies mère, nous n'avons pas su nous regarder, nous parler et il n'est plus temps de disserter ma main va à ta bouche, plus qu'un baiser ce jour où tu naquis était un 23 mai de l'an 23 je l'écris à la craie et deux syllabes peuvent résonner
les mots viennent à moi dans leurs vagues-mouvement. Chaque fois je remarque combien mon être se fait disponible à l'écrit à l'entendu. Je ne sais trop s'ils me transpercent me sculptent m'érodent s'ancrent ou me libèrent. je suis le sable je suis l'oubli je suis totem et tabou, légume caressé par l'économe : épelé
mot à ma^le et l'accent après sa voyelle.
Va et victime dans une sorte de consentement
vae victo point n'est question de malheur.
me suis toujours questionné sur mon acceptation.
sur cette ingénuité à comprendre l'étrangeté du programme imposé, à son irradiation
ne pas vouloir le bien d'autrui et surtout ne pas s'acharner à faire son bien
c'est bizarre, je ne crois pas que notre moteur vers autrui soit autre chose que notre propre intérêt
ou la peur
mj a pris soin d'écrire pour une postérité sa vérité. que fais je de différent?
je tourne les pages qui racontent ma naissance. les mots pourraient me blesser mais ils sont aussi comme des coquelicots surgis du taire rougeoyants et noirs fragiles et inattendus. je ne suis pas ces mots j'erre en happe né dans un flux analogue. anal hog
la naissance bascule dans la fange la glèbe de ce monde traumas comme programme
j'écris dans l'immédiateté le flux sort analog
je guette je quête
isaac sur l'autel et la dague d'abraham
Curieuse histoire humaine
curieux "poème biblique et fondateur"
qui sacrifie le descendant pour sauver les pères ou les mères
ainsi ma photo reposa dans le cercueil en partance pour l'achéron
quelle drôle d'idée quel programme quel drôle de peur
traversait l'esprit de la femme de ces femmes
le voyage des morts
cette translation imaginée faîte de rites millénaristes