vendredi 2 février 2018

À propos d’un cadeau juin 2017







ici e/st ailleurs.
initier la greffe au mot.
L'hermétisme mais pas que.
-je n'écrivais plus.-
Glissant dans un entre deux. Cherchant des mots, d'autres mots ou peut -être plus justement, réajustant les mots d'hier à un autre rythme, une autre scansion.

Jade m'avait offert un livre intitulé "éloge de la faiblesse"
Etonnamment mon esprit flottait dans ces ondes songeant à l'image que je donnais à voir.
j'avais écrit :
 -je suis un être faible. C'est ainsi que les membres du premier cercle de mon entourage me percevaient. J'utilise cette périphrase plutôt que le mot famille. La distanciation souligne l'extranéité.
 Je suis un être faible, foetus délié de la matrice, mis au monde et placé à distance.
Cette faiblesse comme un éclair de conscience scintillant rappel.
Enfant, je passais des soirées sur un balcon et le ciel étoilé miroitait en moi une définitive incompréhension de l'immensité de ce monde.
La faiblesse  est un constat d'un rapport entre soi et le monde.
Je suis un être faible et sans le savoir j'ai cultivé ce statut pour vivre un jour de plus dans une stratégie de gentil garçon, un peu naïf, toujours disponible navigant dans les croyances des uns et des autres sans trop m'y attarder.
Je suis né à une époque intéressante dans cet après-guerre du second conflit mondial. Le pays avait tremblé et les pensées de l'époque restaient traversées de l'écho du séisme. Plein de choses allaient se fissurer. L'école passait de la séparation des sexes à la mixité (milieu années 60). La télévision émergeait essaimant ses messages sur fond noir et blanc et comme l'affirmait Mac Luhan "le village devenait planétaire".
Ce monde était devenu bipolaire ouest/est dans un post-yalta ensemencé d'autres espoirs.
Mon esprit a toujours fait de constants mouvements entre soi et les autres dans ce drôle de constats de tout ce qui me différenciait et de cette étrange besoin de conformisme.
Dans ce sentiment premier d'extranéité, il s'est toujours glissé un besoin de lien ou au moins de liant et dans ce récit muet, intériorisé.
Enfant, j'étais aux aguets. Ma vue déjà floue sur le réel et l'ouïe affinée livraient les mots à une polysémie intempestive. Oui, j'entendais un besoin d'assentiment à un petit monde qui organisait mon re-j'ai.

Je n'ai pas encore ouvert le livre d'Alexandre Jolien. Sans offenser Jade. Je laisse le livre à distance pour écrire mon cheminement vers lui. Viendra le moment de la rencontre, son besoin, cette exigence, un peu comme dans la rencontre amoureuse quand le choc des corps devient incontournable. Il est posé sur un bureau à Cannes dans ce capharnaüm que je vais habiter dans ce temps singulier que je m'offre pour revisiter mon histoire, ma venue hanse-monde, désormais un désert.
-j'ai épousé les mots non les dire-
mon attrait pour les livres relève de ce silence dans lequel les mots viennent à vous. ce silence si particulier qu'offre la lecture comme un respect d'une pensée qui se dévoile sans tenter de s'imposer à vous.
L'oralité reste une transmission coercitive, univoque, un canal imposé chargé des fantasmes de l'autre.
j'écris ces mots avec ces visions en moi du corps de ma mère entre mes bras, mes mains dans ces moments de l'ultime toilette, son corps froid, amaigri, parchemin d'un voyage de quatre dix années et notre étrange tête à tête, dès l'origine privé de sein et d'un lait nourricier et cet intervalle de soixante et une années à dénier à l'autre l'origine de son histoire, l'origine du rejet, de cette cigüe savamment inoculée à l'a mère gout de haine. Le silence est aussi une transmission orale à visée totali-taire.

etais-je donc devenu aide soignant pour accomplir cet ultime geste d'accompagner l'autre jusqu'après sa mort dans un rituel institué et improvisé qui lui reconnaisse son humanité dans cette dernière attention de gestes déférents.
-je suis un être faible- c'est ainsi qu'elle me voyait!
Elle ne me voit plus.

Un livre est aussi une rencontre. Il faut s'y préparer. "je suis un être faible", les mots sont des virus william burroughs

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