vendredi 30 janvier 2015

silex sed




je suis intrigué par le langage. Le langage et ce qui est appelé "conscience".
Mon esprit a longtemps été sensible à la religion. Au récit religieux. A cette vulgate catholique qui aux temps de mon enfance se diluait dans cette langue "morte", le latin. L'éducation religieuse d'alors (mais je suis sur, rien n'a changé) ne relevait pas de l'étude des textes mais de la récitation, c'est à dire la répétition d'une incantation laissant chaque imaginaire à son interprétation momentanée.

La religion catholique récite une forme de transaction avec la trinité plus la vierge mère pour échapper à un enfer. Enfant j'observais mes proches prier. Et avec force mimétisme et application je tentais de me construire le même visage anonnant le Kyrie Eleison.
Saigneur/prends pitié

Enfant je me disais déjà qu'il y avait un problème.
Dans l'univers d'une "famille", j'observe combien il y a une grande naïveté des adultes. Le sentiment qu'ils peuvent contrôler, agencer, remodeler les événements pour gommer, enfouir, reconstituer -ce qui s'est passé-. Et ainsi échapper, s'exonérer de l'épreuve des faits.
La conscience, j'entends par là, l'état lucide sur une situation requiert un effort de connaissance et d'autocritique si particulier qu'il est rarement atteint. Au mieux on reconnait des erreurs et on s'accommode de rester à mi-chemin en s'appuyant sur l'oubli salutaire où chacun trouve sa formule lapidaire.
Vite que la page se tourne, vite passons à autre chose. Vite. Je me suis construit en résistance à un mot : -vite-.
J'ai longtemps espérer une parole de vérité de la femme qui m'avait mis au monde. Une parole qui releva d'une symbolique comme un frottement de silex qui délivre l'étincelle.
C'est un comportement très naïf.
Avant d'être, j'étais déjà la marque de la blessure, de ce qu'il fallait taire, cacher, faute d'avoir pu expulser. C'est ainsi.
Que les choses soient claires, je suis favorable à l'avortement (et parfois j'étais même pour le droit rétroactif à l'avortement pour mon compte).
Le monde des adultes s'acharne donc à enfouir le secret comme de gentils sisyphe omettant l'univers que l'enfant se construit en négatif de leur monde.
Bizarrement ce point de vue de l'enfant reste un point aveugle, un impensable. Pour l'adulte, l'enfant reste "une chose" sans pensée sans affect.
J'ai poussé la curiosité jusqu'aux derniers instants de conscience, dans cette patience singulière auprès du lit dans l'égrènement des heures ultimes de ces soixante et une année.
Aucune question  un peu curieuse sur ce qu'avaient  été ces années ne parvint à mes oreilles.


Je suis passé tous ces ans du rejet à la haine, j'eusses pu être son assassin tant le flux pervers nouait notre relation. Il est probable que j'ai fait pire en lui imposant ma présence dans ces derniers moments. Tant mon  visage lui racontait sa blessure
 Il est probable qu'un analyste puisse dire qu'avoir lavé son corps post -mortem ait été un acte "tabou".
Il me permet d'écrire qu'il n'y eut pas de rencontre. Qu'il n'y eut point d'échange. Qu'une rencontre du je et du tu comme l'écrit Martin Buber ne se décrète pas et réclame la volonté de chacun et une reconnaissance
 Faut croire que l'étincelle/ éteind celle faute d'embraser les êtres.

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