vendredi 4 juillet 2008

4 aout


Découvrez Placebo!

Depuis quelques mois je vivais avec l'appréhension de la cécité. J'appellais ce moment la métaphysique du pire. Il faut bien élever le débat quand on dialogue avec soi même.Vous me direz que la question de la vue n'est quand même pas la question de la vie.
Vous voyez, j'en étais à tordre le sujet dans tous les sens, jusqu'à glisser dans une sorte d'hédonisme consumériste qui m'amenait à acheter une Saab, histoire de rouler entre Nîmes et Cannes en un clin d'oeil et trois points en moins.
J'étais du genre à m'apesantir sur mon sort mais sans le ressort de trouver un autre bouc émissaire que moi-même. Ma mère qui fait sien les proverbes de grand-mère dit toujours : "tu souffres par où tu as péché!" (sauf pour elle, immacolata). Cette vulgate catholique m'a toujours mis en alerte sur la morbidité de ceux qui l'énoncent. L'univers du "péché"est le terreau du psychosomatique, les croyances sont déjà des métastases.La confusion est subtile entre cause et faute. Si tu ne bois pas, tu meurs. Les liens causaux ont bon dos pour les manichéens. Dans le registre des erreurs logiques, je note que les slogans publicitaires ont le même effet (mais est ce surprenant) : "Fumer tue"provoque immédiatement chez nombre de fumeurs cette réaction : "de toute façon on doit mourir de quelque chose". La pensée baigne dans un écran de fumée au point de répondre à côté.Voire de ne fonctionner que sur le mode pavlovien :"oh un interdit! donc je franchis. Résultat les bronchos pneunopathies chroniques obstructives et autres cancers du larynx des poumons se déploient avant que le glandu n'imagine sa future souffrance. La notion de la faute, du péché agit sur notre inconscient comme le meilleur carburant de l'irrationnel au détriment de la connaissance des éléments d'une hygiène de vie.
Je n'ai sur la vie que des pensées floues. La mort qui rodait autour de moi m'a souvent rendu timoré et incapable de me projeter au de là du jour qui vient. Je n'ai jamais été un épicurien. Mon esprit saoulé d'uppercuts se bornait à tenir debout entre deux genoux à terre. La connaissance du pire glissa seulement la notion du "bon temps".
Ne pas remettre au lendemain si tu peux jouir ce jour même.
Entendons nous bien, la jouissance n'est pas pour moi une question réductible au sexe. Pour être plus clair par exemple, ce matin 5 juillet, j'étais dans la jouissance d'aller travailler, de simplemnt arpenter les couloirs de la clinique, d'ouvrir des portes qui allaient me faire croiser des êtres que les fils des jours m'avaient fait approcher au plus près de leur combat pour vivre.
J'ai toujours en mémoire une remarque acérée d'une cadre formatrice qui doutait de mon appartenance au "monde des soignants" et fondamentalement elle n'avait pas tort.
Ma quête n'est pas dans la sphère de la souffrance mais dans ce mystére de l'être humain que l'on côtoie dans le moment amoureux, dans la sphère de l'amitiè irréductible, dans ces moments de reconnaissance de l'autre.
Je demeure un écrivain qui n'écrit pas. Peut être par ce que le doute a toujours jugulé l'affirmation.
Je suis un être de l'attente, un veilleur. Les mots écrits auront toujours en moi la primauté. C'est pourquoi,l'aporie m'a cueilli aux premiers troubles ressentis.
Panique devant un corps 12 soudain flou et ces maux de tête à ne plus pouvoir fixer la moindre ligne.
Nos ressources en alerte nous font trouver des subterfuges. L'idée de ne plus voir a donc tamisé ma pensée, nuit et jour et j'ai goutté un nouvelle fois au cinq stations promises à nos deuils potentiels. J'ai même poussé le luxe à interpeller notre toute jeune "golden retriver" sur son devenir de chien d'aveugle.
Votre curiosité pourrait me dire : "alors tu es dans la phase de l'acceptation".
Comme je demandais à mon ophtalmo si je devais me soucier d'apprendre le braille, il me fit comprendre que j'avais de la marge avec ce doigté qui vous fait présumer qu'il n'en sait foutre rien. Rien de tel pour vous projeter dans la diagonale du joueur et bizzarement comme une source chaude, s'est glissé en de petits clapotis, ce sentiment d'une incroyable liberté au bord du précipice.

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