vendredi 21 septembre 2012

21/9 vers les lueurs, Dominique A

Je n'ai jamais été happé par la quête de la liberté.
Est ce d'avoir été écarté dans les premiers instants, d'avoir senti le goût du froid dans l'intempestive séparation sans un son de bienvenue.
Est ce d'avoir associé la césure du cordon comme ce principe de réalité d'une exposition imposée à l'incompréhensible.
Bizarrement avec le tempo pulsatif de mon sang me vint à l'esprit dans cet apport d'oxygène que mon désir premier était d'appartenir.
Ce sentiment peut vouer un être à toutes les fixations, toutes les banales velléités de lien total. Sectes, religions, produits véné-noeuds.
De cela fus épargné. Leur atti/ rance me laissait crédule. J'avais besoin de quelque chose qui eut pu m'identifier. À tâtons je devinais que du côté de l'amour , il y avait un graal à guetter mais mon être naïf et gourd lancé dans cette translation ne semblait percevoir l'autre que comme une galaxie aux antipodes.
Je tournais en orbite autour d'êtres qui me prodiguaient leur bienveillance. Je disais les aimer mais je ne disais que mon attirance, mon attraction à leur singularité .
Avec les plus précieuses, je concoctais des pactes. Nous étions des âmes perdues, des âmes en transe. Nos familles avaient eu raison de nous. Nous avions l'acuité de la certitude et la blessure ouverte. Mes compagnes étaient rebelles, je restais ingénu. Fus rapidement brisé quand la mort vint cueillir la première à l'aube de sa vie. Fus absent pour les autres comme un pas de côté, l'esprit réduit à une culpabilité mal assimilée. J'avais failli, je faillirai. Mes guerrières tentaient de me convaincre qu'il n'y avait d'inéluctable que la mort. Ce savoir là me ficelait.
Elles ignoraient la part d'ombre qui m'habitait. Ma perception de la vie passait dans un prisme singulier. L'expression "faire son deuil" m'avait toujours laissé de marbre. Le sens des mots s'étaient en moi refondus dans l'absurde. Ma vie se déploya dans une présence/absence. Longtemps il y eut un principe d'équivalence qui annihilait tout mouvement. Passai cinq années en usine, serviteur d'une presse à mouler entre mutisme et tempo assourdissant des machines.
Mon langage s'ėlaguait vers le mime pour échanger avec mes collégues d'atelier. Je prolongeais cet état dans une retraite durable en milieu urbain. Ma compagne d'alors s'accommodait de mes borborygmes, ignorant d'ailleurs que je l'aimais. Le verbe prenait dans mon entendement des contours parcellaires. Il captait la singularité de l'autre, son rayonnement et mon irradiation. Je cherchais toujours un sésame à la rencontre. En chaque étreinte, j'attendais un aveu, laissant l'autre perplexe ou curieuse sur ce drôle d'enjeu. La quête des mots, d'un sens, d'un scintillement. Quand la belle disait "viens": je venais. L'une en vint à me dire qu'elle devenait "femme" et cet éblouissement me souda à son corps comme si l'entrechoc promettait mon devenir.
Il devint. Sage-homme et père mais l'amour se délitât en une forme de prête-nom.
À part tenir avait été ma vie. Appartenir me glissait dans un désir d'être. D'être à l'autre, d'être à soi. Hôte antique. Comme une faim de vie.

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