dimanche 14 juin 2015

14juin 2015




le 13-06 devait être un bad day..
Un geste a suffi malheureux et imprécis à vouloir ne pas respecter les règles.
Se laver les mains, les sécher, prendre le petit miroir, ouvrir l'étui à lentille, le reposer sur la table
verser le liquide " menicare plus" ds la paume de la main gauche prendre la lentille rigide de la main droite, veiller à ce qu'elle baigne bien dans le produit de pose et la porter délicatement vers l'orbite droite.
ai du passer une bonne heure à quatre pattes et une autre à fouiller les tiroirs avoisinants.
Nada. Perdue. Chacun a ses cold case.
De porter des lentilles depuis mars 1974 m'a appris à me détacher de ces "petits problèmes" de pose, de perte, de poussière dans les yeux par  temps venteux ou dans le moindre courant d'air.
J'ai beau être zen, j'avais les glands.
 Me suis mis à modifier mon planning du jour, je n'aime pas travailler sans lentille, surtout sur un échafaudage. Je me suis rabattu sur cette logistique du quotidien, courses, ménages, cherchant les activités qui ne solliciteraient pas trop ma vue. Me suis mis à gamberger sur cette économie du geste devant un handicap.
Chez moi la crainte irrationnelle de la cécité m'a incité à une vie de solitude. Ne pas être dépendant d'autrui. Vivre avec quelqu'un qui ne vous aime pas avec cette menace d'être l'aveugle du couple, non très peu pour moi. Il y a longtemps que j'ai rédigé mes directives anticipées.
Il est vrai que je peux être chiant à vivre.
Je ne suis pas un hédoniste, j'aime bien laper de l'Orvieto sur le corps de l'être aimé, voire du Jurançon faute d'Orvieto et déguster la bouteille par temps de solitude. Je garde des visions enchanteresses pour tenir le reste de mes hivers. J'aime quand on me laisse son numéro de téléphone, quand on tape à ma porte avec une bouteille et deux verres ou des fruits qui deviennent de la passion, j'aime aussi un rendez vous avec un livre pour la simple lecture d'un chapitre. Je suis partant pour une virée à Bellagio et les rives du lac de Côme à arpenter les jardins de la villa Carlotta. Je n'aime pas que l'on m'assène que je ne pense qu'à "baiser" mettant dans l'intonation de viles pensées alors que l'amour peut être autant sauvage que délicat tant  il est a-moral.
Je ne suis pas un hédoniste par ce que je ne crois pas suffisamment au plaisir de la vie et qu'il ne m'est pas possible d'être un jouisseur dans ce monde à gerber. Je laisse cela aux autres, dandys de toutes sortes ou gens bien éduqués qui peuvent s'en accommoder.
Je ne suis pas un donneur de leçons, encore moins avec "mes" (au sens de mes responsabilités") enfants.
D'idéologie, je deviens une sorte d'anarchiste comptable de mes actes. Un anarchiste -bienveillant-. Homologué par mon directeur des soins. J'aime bien les travaux de la terre sans pour autant être un prêtre de l'écologie. Je cultive tant bien que mal ce lopin de terre et je devine la galère de l'agriculteur en voyant le désastre d'une récolte niquée par un orage. Je me dis que ce n'est pas ma vie mais que j'ai un travail à terminer.
Je n'aime pas la vulgarité et l'utilisation dénaturée des mots -con- pute-putain-enculé
Le terme con signifie le sexe féminin dans la même famille : cunilingus. De la nécessité du latin.
Les mots pute, putain jetés  constamment en pâture devraient interpeler  chacun sur ses propres moments à en être, un ou une. Ceci dit, il m'arrive de m'écrier "putain de vue".
Le mot enculé pour injurier un tiers devrait inciter le locuteur à une réflexion plus approfondie sur la fonction du sphincter et sa zone érogéne. Il est vrai qu'en un temps où il est bon de faire guerrier et de faire du viol une arme de destruction, cela dessine une posture moderne.
En cueillant de petites oranges amères sur ces arbres que je n'ai pas vu pousser, je me suis rendu compte que pour atteindre  le fruit il fallait éviter les branches épineuses. C'est là que j'ai crié "putain de vue". Du coup j'ai pris un sécateur pour élaguer les branches mortes et cruelles.
Je deviens un vieux, irascible et malvoyant et il n'est pas dit que je donne les qualificatifs dans l'ordre.
J'aime bien richard Brautigan et j'aime bien Allen Ginsberg et j'aime bien me pencher sur les faits du quotidien, celui que je connais le mieux, le mien. De ginsberg, j'ai retenu l'assertion de rester fidèle à sa parole, à son authenticité, si elle est authentique même brute. Les gens qui ont une calculette dans leur cortex pour évaluer un acte de la vie m'indiffèrent. Le mot "utile" est le terme le plus galvaudé, le plus mystifiant, le plus castrateur. Il m'a été inculqué et je pense mou comme on dit -il bande mou-.
Les êtres que j'apprécie ne m'apprécient pas.
On me prête des  vies, des dires, des actes fantasmés. Et chacun va de son tricot maille à l'endroit maille à l'envers. J'ai choisi de ne pas  dissuader, de faire un simple pas de côté, hors de portée.. Dans le milieu des années 70, Joseph Losey réalisa un très beau film sur un tout autre sujet Mr Klein et en ce 14 juin je vais me le repasser.



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