samedi 16 mai 2009

Maggio sempre






les livres ont souvent été mes tuteurs.
J'ai ce souvenir de solitude d'enfance où ma rêverie arapéde s'accrochait à des lignes
dans un alpinisme horizontal. Je devais trouver dans cette adhésion un placebo à mon incompréhension de l'existence.
Si vous avez opté pour la crédulité pour survivre, la lucidité devient un ennemi mortel. J'ai toujours fuit la lumière. Lire ne m'a jamais transporté vers un savoir mais dans un labyrinthe qui m'offrait la certitude de ne pas en sortir.
Enfant, j'étais déjà comme ces condamnés à lourdes peines, préférant l'incarcération, peu enclin à l'évasion, craignant toute libération conditionnelle, pour ne pas se trouver au dehors, libre mais dans cet aveuglement d'un réel incandescend. POUR MOI , l'indicible blessure.
Je n'étais pas un mauvais éléve mais j'ai toujours choisi le plaidoyer pour l'ignorance.
J'aimais les langues mortes où je cherchais des prophéties
qui donneraient du sens au jour qui venait et fassent contrefeu à l'almanach Vermot de la nonna.
Credo quia absurduum!
Puis Barco croisa mon chemin et m'invita à des lectures qu'il délaissait pour des nourritures plus terrestres.
Il me mit Marx entre les mains et Guevara et tant d'autres et mon esprit s'éloigna de l'Enéide et d'Homére, de la poésie médiévale, des romans à l'eau de rose ("slaughter" )(un désastre).

Je ne suis toujours pas un grand lecteur, je butine ce qui m'est nécessaire, je ne sais même pas comment guider mes enfants vers ce plaisir majeur (pour moi) de l'existence.

Je lis comme l'on cherche une rencontre dans cet univers-temps si borné, comme on cherche l'amour tant l'amour est connaissance.
Depuis quelques jours, j'ai en main un livre entretien intitulé "à quelle heure passe le train..." Je ne le quitte pas, je le lis à petites gorgées sans toujours tout comprendre mais en saisissant ce qui fait sens ou simplement scintille dans mon entendement.
Il est question de folies et de soins, il est question du rapport à l'autre,
il est question de ces blessures ontologiques avec lesquelles vous devez composer votre vie durant.
J'ai toujours été séduit par la générosité d'un livre, j'ai toujours été intrigué quand un livre vient à moi, de son chemin. Si c'est ma main qui le dénichait, s'il m'était offert.
Un livre vous donne souvent une fiche signalétique de celui qui vous le transmet.
J'ai de nombreux amis qui ignorent combien ils demeurent près de moi dans ma bibliothéque.

J'ai peu d'amis mais ils sont précieux, cardinaux.

J'ai un livrede D H Lawrence offert par une personne qui m'a beaucoup donné, il y a trente ans et que je n'ai pas encore ouvert : intimidé que je suis!
J'ai un recueil de poémes de Robert Desnos qui me brûlent toujours les mains
J'ai quasiment tous les essais de daniel Sibony que m'avait conseillé Patricia K et qui ont grandement changé ma perception du monde et sorti de mes impasses.

Il y a aussi des livres que j'abandonne dans des lieux publics et qui seront saisis par des mains inconnues.
J'ai laissé les "écrits corsaires" de Pier Paolo Pasolini dans la navette-bus reliant Paris -Montparnasse à Orly le 30 avril 1994 et j'ai vu une jeune femme surprise, le prendre, se retourner dans tous les sens pour vérifier que personne ne voyait son non larcin.
J'ai laissé "requiem" de tabucchi sur un banc en pierre des jardins de la fontaine à nimes et je suis parti en courant, anna venezia dans les bras, car l'orage cévenol venait de nous surprendre et elle avait trois ans et demi.
Ce soir je retourne à ce livre avec cette joie intérieure d'avancer dans l'obscurité avec cette petite lumiére de trois cents et qqs pages
glissé par une jeune femme perspicace et géneureuse : un être vivant.
Grazie mille Corinne!





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