“your grandma and my grandma sitting by the fire”,
vers 11 h 30, nous remontions la rue fernand pelloutier pour nous diriger vers la boulangerie “peras” du jean jaures, anna venezia dans sa deuxiéme année, campée sur mes épaules s’exerçant à l’équilibre sur sa monture bipède. Ses petites mains rythmaient avec douceur le tempo syncopé sur mon crâne déjà chauve “hey na hey na iko iko an day jac o mo fee na ne.
Nous avions élu domicile rue stanislas clement et severine nouvelle drh d’une pme locale partait du matin jusqu’au soir car tel était censé être le lot d’un cadre d’entreprise.
La ritournelle m’avait rattrapé probablement au cours d’une rediffusion de “rainman” et ne cessait de me poursuivre.
Je pensais souvent à ma grand mère dans ces premiers mois de père au foyer.
Je regardais l’enfant dans un questionnement multiforme ; elle était moi et j’étais ma grand mère et un dialogue revisité. La vieille femme m’avait toujours porté. Ma peau gardait encore la pression de ses mains à mes avant bras et tout naturellement j’avais pris l’habitude de porter “venezia “(c’est ainsi qu’enfant je l’appelais dans nos face à face quotidiens), l’arrimant sur mon dos pour faire ménage, cuisine ou bricolage et la hissant sur mes épaules dans nos périgrinations à travers les ruelles du centre ville ou dans les jardins de la fontaine.
La sentir ainsi perchée me renvoyait à mon étrange enfance cannoise où les seules incartades hors de la maisonnée me menaient irrémédiablement vers le campo santo : ce champ ceint et les christ crucifiés à l’infini du regard, guidé par la nonna, ses proverbes et ses larmes.
J’avais pour cette enfant une infinie patience mais sa simple existence résonnait en moi comme une ode à la vie.
Elle témoignait d’une grande autonomie, pouvait jouer seule de longs moments inventant des dialogues incompréhensibles d’autrui, riant, sermonant peluches et poupées, partant sur son tricycle sur le balcon de cette ancienne vinaigrerie où nous avions élu domicile. Et quand elle sentait arrivée la mi-journée, elle me faisait comprendre que c’était l’heure du boulanger.
Nous sortions ainsi à heures régulières. L’après midi après sa sieste, les trajets différaient.
Il n’était pas toujours question que je la porte.
Nous avancions sur les trottoirs, venezia me devançant un peu pour me tester, jouer de mes mises en garde quand le bruit d’une voiture se précisait ou s’exerçait à des épreuves d’équilibres sur de petits murets, des restes de trottoir et nous allions ainsi jusqu’au jardin de la fontaine, moi chantonnant et l’enfant m’épiant.
Dans l’enceinte du jardin s’offrait alors deux possibilités soit “roger” et ses poney étaient arrivés
et l’enfant était comme aimanté soit il n’y était pas et nous partions sans tarder vers la suite d’escaliers et de petits chemins qui montent à la tour magne, le tout se concluait immanquablement par un rendez-vous quasi quotidien près du temple de diane à se hisser sur un restant de colonne allongée qu’elle escaladait tant bien que mal puis toute droite dans un exercice funambule arpentait le cylindre de grès jusqu’à son extrémité opposée et là face à moi se jetait dans mes bras dans un éclat de rire, de victoire , de bravade, une sorte de “je-t’-ai-bien fait-peur”. L’autre jour en pensant à ces moments d’enfance, à toutes ces translations qui vous font rencontrer voisins et habitués qui l’ont vu passer de la crèche au groupe scolaire du jean jaurés, jusqu’à son présent d’adolescente, une idée m’a traversé, nous sortions de la saab , garée près de l’emplacement de la pizza “milo” (les meilleures pizze nimoises) et là j’ai proposé à anna de faire à nouveau le trajet stanilas-pelloutier- haut du jean jaurès juchèe sur mes épaules. Ce n’est qu’après l’avoir formulée que j’ai réalisé que le poids des ans et le poids de l’enfant avaient quelque peu changé. Dans son regard l’idée de déambuler sur mes épaules ne semblait plus une partie de plaisir “ah qu’allaient penser les autres”. J’en éprouvais une légére amertume mais mes lombaires, elles un ravissement.
Jacomo feel o an den de: "The Joker we do not play today."
Jacomo fenanai: "The Joker is finished."
Nous avions élu domicile rue stanislas clement et severine nouvelle drh d’une pme locale partait du matin jusqu’au soir car tel était censé être le lot d’un cadre d’entreprise.
La ritournelle m’avait rattrapé probablement au cours d’une rediffusion de “rainman” et ne cessait de me poursuivre.
Je pensais souvent à ma grand mère dans ces premiers mois de père au foyer.
Je regardais l’enfant dans un questionnement multiforme ; elle était moi et j’étais ma grand mère et un dialogue revisité. La vieille femme m’avait toujours porté. Ma peau gardait encore la pression de ses mains à mes avant bras et tout naturellement j’avais pris l’habitude de porter “venezia “(c’est ainsi qu’enfant je l’appelais dans nos face à face quotidiens), l’arrimant sur mon dos pour faire ménage, cuisine ou bricolage et la hissant sur mes épaules dans nos périgrinations à travers les ruelles du centre ville ou dans les jardins de la fontaine.
La sentir ainsi perchée me renvoyait à mon étrange enfance cannoise où les seules incartades hors de la maisonnée me menaient irrémédiablement vers le campo santo : ce champ ceint et les christ crucifiés à l’infini du regard, guidé par la nonna, ses proverbes et ses larmes.
J’avais pour cette enfant une infinie patience mais sa simple existence résonnait en moi comme une ode à la vie.
Elle témoignait d’une grande autonomie, pouvait jouer seule de longs moments inventant des dialogues incompréhensibles d’autrui, riant, sermonant peluches et poupées, partant sur son tricycle sur le balcon de cette ancienne vinaigrerie où nous avions élu domicile. Et quand elle sentait arrivée la mi-journée, elle me faisait comprendre que c’était l’heure du boulanger.
Nous sortions ainsi à heures régulières. L’après midi après sa sieste, les trajets différaient.
Il n’était pas toujours question que je la porte.
Nous avancions sur les trottoirs, venezia me devançant un peu pour me tester, jouer de mes mises en garde quand le bruit d’une voiture se précisait ou s’exerçait à des épreuves d’équilibres sur de petits murets, des restes de trottoir et nous allions ainsi jusqu’au jardin de la fontaine, moi chantonnant et l’enfant m’épiant.
Dans l’enceinte du jardin s’offrait alors deux possibilités soit “roger” et ses poney étaient arrivés
et l’enfant était comme aimanté soit il n’y était pas et nous partions sans tarder vers la suite d’escaliers et de petits chemins qui montent à la tour magne, le tout se concluait immanquablement par un rendez-vous quasi quotidien près du temple de diane à se hisser sur un restant de colonne allongée qu’elle escaladait tant bien que mal puis toute droite dans un exercice funambule arpentait le cylindre de grès jusqu’à son extrémité opposée et là face à moi se jetait dans mes bras dans un éclat de rire, de victoire , de bravade, une sorte de “je-t’-ai-bien fait-peur”. L’autre jour en pensant à ces moments d’enfance, à toutes ces translations qui vous font rencontrer voisins et habitués qui l’ont vu passer de la crèche au groupe scolaire du jean jaurés, jusqu’à son présent d’adolescente, une idée m’a traversé, nous sortions de la saab , garée près de l’emplacement de la pizza “milo” (les meilleures pizze nimoises) et là j’ai proposé à anna de faire à nouveau le trajet stanilas-pelloutier- haut du jean jaurès juchèe sur mes épaules. Ce n’est qu’après l’avoir formulée que j’ai réalisé que le poids des ans et le poids de l’enfant avaient quelque peu changé. Dans son regard l’idée de déambuler sur mes épaules ne semblait plus une partie de plaisir “ah qu’allaient penser les autres”. J’en éprouvais une légére amertume mais mes lombaires, elles un ravissement.
Jacomo feel o an den de: "The Joker we do not play today."
Jacomo fenanai: "The Joker is finished."
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