La langue-langage fut ma mère. Elle fut le silence, un silence incompréhensible. Dans le paradoxe de l’énoncé se faufile le réel de la mise à l’écart : à la naissance. Je parle d’un temps que j’ignore.
D’une histoire qui me reste méconnue. Je parle en toute subjectivité. D’une subjectivité bafouée.
Je naquis dans le flux d’un entre deux langues. L’italienne et la française.
L’une fut le lait, l’autre le fil.
On omet de prendre la mesure de ce qui fonde l’histoire de chacun. Le fil narratif que l’entourage tisse et qui trame votre existence. Qui vous habille, qui vous habite.
Nous sommes le discours narratif fait de la subjectivité des autres qui racontent l’origine de notre monde. Cela pourrait déjà nous alarmer sur la relativité de nos êtres.
Je crois en la duplicité. Intentionnelle mais pas que.
Tout récit contient cette duplicité. Dans sa crédulité et les certitudes qu’il assène.
Un “je t’aime”
rayonne toujours d’intentions multiples. Saisir le coefficient de spontanéité relève de l’art.
J’étais un enfant crédule par nécessité.
Les sonorités italiennes traçaient les impératifs catégoriques du “devoir”.
La langue française m’offrait l’évasion.
Je n’ai pas de souvenir fondateur avec MJ. Pas de souvenirs d’enfance où j’ai pu l’appeler “mère”. Je n’ai pas de souvenir où je puisse dire, “elle m’emmenait en bord de mer”, elle me racontait des histoires le soir. Je n’ai pas ces souvenirs qui inscrivent en moi un gout culinaire, littéraire, musical, un dire sur la vie, un enseignement sur les épreuves, un simple moment de plénitude à observer un crépuscule rougeoyant. Je n’ai même pas le souvenir d’une raclée.
9/6/13
suis à son chevet depuis 11 h. Sév est passée, il y a une heure. MJ flotte dans les effets de la morphine. Corps et visage très amaigris. Etats de conscience ténus.
Suis vidé, épuisé et c’est juste le moment où l’énergie m’est nécessaire. J’accompagne la fin de vie de celle qui m’a enfanté
Je ne sais que penser.
Le terme gâchis me vient en premier. Je pense à la folie, à la méchanceté et je suis détaché de tout cela. Un détachement relatif qui peut réfléchir sur le sujet. L’idée rousseauiste que nous naîtrions “bon” et que la société recomposerait chaque être me semble inadaptée. Nous naissons avec un potentiel d’énergie qui va être mis à mal par le réel. Notre esprit chétif, privé du langage et de connaissances est livré à un flot perceptif entre mémoire et oubli. Maelström garanti.
mon être est resté ficelé à une équation qui ne le concernait pas
Suis vidé, épuisé et c’est juste le moment où l’énergie m’est nécessaire. J’accompagne la fin de vie de celle qui m’a enfanté
Je ne sais que penser.
Le terme gâchis me vient en premier. Je pense à la folie, à la méchanceté et je suis détaché de tout cela. Un détachement relatif qui peut réfléchir sur le sujet. L’idée rousseauiste que nous naîtrions “bon” et que la société recomposerait chaque être me semble inadaptée. Nous naissons avec un potentiel d’énergie qui va être mis à mal par le réel. Notre esprit chétif, privé du langage et de connaissances est livré à un flot perceptif entre mémoire et oubli. Maelström garanti.
mon être est resté ficelé à une équation qui ne le concernait pas
-mère, c’est notre histoire qui meurt avec toi.
L’ombilic à ma peau comme une ultime trace occulte
L’ombilic à ma peau comme une ultime trace occulte
rappelle le noeud gordien entre nous/double lien de folie
-mère, quoi de mieux que les mots écrits dans ce silence qui advient.
Mots sans réponse comme de tous temps, ils furent.
Là, en tangence, ils s’écrivent devant ton corps alité,
Là, en tangence, ils s’écrivent devant ton corps alité,
voyelles et consonnes vers le crépuscule.
Mère, nous allons nos chemins, l’histoire se termine.
Non sono un’Tosello, et plus votre secret.
Mère, nous allons nos chemins, l’histoire se termine.
Non sono un’Tosello, et plus votre secret.
J’en ai joué chaque acte et j’écris le dernier.
Vous n’avez pas compris grand chose à l’esprit d’un enfant,
Vous n’avez pas compris grand chose à l’esprit d’un enfant,
étaient ce vos tourments?
Plus promptes aux mensonges, à l’esquive, au rejet.
Plus promptes aux mensonges, à l’esquive, au rejet.
Ta mère était la loi, tu n’étais pas Antigone.
-Mère, nous ne nous reverrons plus, en es tu apaisée?
La solitude qui te terrifiait me constitue.
-Mère, j’ai accompagné chacun de tes maris et ne connaîtrais pas mon père :
-Mère, j’ai accompagné chacun de tes maris et ne connaîtrais pas mon père :
le paradoxe éclipse jusqu’à ta déraison.
-Mère, je n’ai pas de haine ni pour eux ni pour toi, quoique pour eux j’avais plutôt de la compassion.
-Mère, j’ai cru longtemps que tu étais servile mais tu étais rusée comme une enfant blessée
Surtout avec moi, tu fus rusée.
Mère, toi qui m’a enfanté crois tu que je sois un fils ou simplement celui qui fera cette dernière toilette, car là où nous allons, le seul mot est : poussière
Surtout avec moi, tu fus rusée.
Mère, toi qui m’a enfanté crois tu que je sois un fils ou simplement celui qui fera cette dernière toilette, car là où nous allons, le seul mot est : poussière
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