l’usine est une machine à broyer : le langage. J’ai passé près de quatre années asservi à une machine dans le bruit et une odeur de poisson laissé par le plastic fondu dans matrices d’acier. Nous étions à la moitié des années 70 et bruce springsteen me transfusait une énergie qui s’épandait de mon corps exsangue. Muré dans ce bruit qui noyait l’atelier, je passais les jours sans parler. Qu’aurai je pu dire après perte d’un être chair. Dans cette mécanique des jours, je restais rivé à l’aporie tandis que ce qui faisait sens se désagrégeait comme nature en son hiver. Avais voulu survivre à tous prix, quelque soit le prix et là payais cash mais quel pouvait être le prix quand il s’agit d’un être aimé. Je n’étais pas vraiment un être rebelle, j’étais un être de religion. Athée atterré pour avoir rompu unilatéralement le pacte. Le gimmick psalmodié dans ces moments disait : “dans les miroirs mon image me glace”. et chaque jour, je retournais ponctuel à la pointeuse comme si le marquage du temps s’avérait chronologie nécessaire à l’érosion advenue. Ce qui est soustrait est soustrait. J’avais projeté ce qu’il adviendrait. Non, l’hypothèse s’affichait en de çà de la réalité . au coeur du désert, ne restaient que les grains à compter. Dans la perte de sens, l’univers de l’usine crée une idio/T/syncrasie Dépossédé de vous même, votre corps engendre des gestes aussi parcellaires que le vocabulaire que vous aurez à prononcer. Dans ce temps aphasique, la perception s’épelle comme gousse d’oignon, vous cherchez le regard de celui qui est au plus prés, vous suivez chacun de ses gestes comme autant de bribes d’un savoir nécessaire, le rictus ouvre le nouvel alphabet et le sourire comme un Z vous dit “je suis vivant”. Le blues ou son demi frère white le rock pulse ces états de résistance, toutes ces saccades du corps que certains cherchent à plier.
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