"papa was a rolling stone" georges Michael 1993
j'ai vécu dans un monde de "non-père", les dix premières années de mon existence. Il n'y avait rien d'horrible à cela. Je vivais dans un sud-frontière entre deux langues latines, dans un monde à plusieurs mères. J'appelle mère, ces êtres à fonction "nourricières", cette fonction multiforme qui irrigue votre perception et modélise votre imaginaire.
En ces années cinquante le monde était étroit, la terre encore plate même si déjà les hommes regardaient l'astre lunaire comme une prochaine destination. Les images étaient rares au mieux cinématographiques et quand vous viviez dan un petit village, vous saviez que ce n'était qu'un village et non ce village planétaire d'aujourd'hui.
Je dis souvent ce préambule quand je m'adresse à mes filles et justement elles me perçoivent comme un martien tant pour l'aînée, les années ante 1995 sont déjà le moyen âge.
C'est difficile d'amener ces nouvelles générations dans son ethno-musée, toucher ses peintures rupestres, conter ce qu'était ce temps.
On ne s'improvise pas pédagogue (ni père) à moins que ma nostalgie inconsciente produise ses effluves rébarbatives et dissuasives.
En écoutant georges michael dans cette année 1993, au chevet de "mon pére-qui-n'était-pas-mon pére", je n'imaginais pas cela.
J'étais à un moment de ma vie qui clôturait quatre décennies confuses, turbulentes, imprécises dont les intensités m'avaient le plus souvent tétanisé et mon esprit rêveur, peu enclin à la lucidité convoqué à cet étrange rendez-vous de choisir enfin un père.
De choisir entre celui qui s'était greffé à sa route, maladroitement mais avec constance et affection et le géniteur "secret", ombre parmi les ombres.
Et Georges Michael chantait "papa was a rolling stone"
Le mien ne l'était pas mais il avait été un père!
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