And so castle made of sands, cette idée d'impermanence et ce sentiment d'éternité
qui vous irriguent dans la jeunesse se sont très vite fondus dans un état de néoténie
en mon âme. Parfois le paroxysme du bonheur, cette reconnaissance de soi par l'autre
peut vous projeter dans le vide absolu quand dans l'ultime rdv vous vous retrouvez
à plonger vos mains dans la glaise de sa sépulture.
J'ai toujours la mémoire de ces instants, le soleil dardait ses rayons sur le carré du campo santo,
fleurs jonchant le monticule de terre, me suis accroupi comme un pisteur apache et tandis que mes mains
s'enfonçaient dans la terre meuble, je vis une silhouette dressée devant moi me faire ombre. Elle prononça ces mots : "vous la connaissiez", j'acquiesçais d'un mouvement de tête. "Elle avait 20 ans " dis-je mais mes mots s'étranglèrent dans ma bouche quand je vis sa robe fleurie déchirée à l'épaule. La voix reprit "je suis venu voir mon fils, il est mort le week end dernier, nous étions sortis, il a ouvert le gaz, il avait cinq ans."
Comme je me redressais, elle reprit son chemin dans l'allée jusqu'à ce rectangle de marbre noir. Elle s'assit sur la margelle, je voyais ses lèvres délivrer un discours muet. Sous le soleil ma peau cuisait libérant des gouttes faute de larmes.
Je n'arrivais plus à penser, je n'arrivais plus à mesurer ce qui était advenu, je voyais la folie gagner cette mère à peine trentenaire. Demeurais immobile, la vis s'éloigner dans les allées, je devinais que ses pas de tombes en tombes allaient être son rosaire pour le siècle à venir.
Me vint à l'esprit que cette même folie s'abattrait sur la mère de Pat, me vint à l'esprit que les prochains jours seraient moins durs à vivre que les prochaines années et je ne sais pourquoi me mis à fredonner cette chanson que jouait michel sur sa guitare gibson "and the castle made of sands fell in the sea"...
1 commentaire:
finalement t'es assez flippé comme mec
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