samedi 5 juin 2010

5/7 décembre 2009

5/12/2009
in TGV
j’allais à Paris dans un état de catalepsie, comme si au parage de celui qui allait mourir,
je risquais d’être englouti ou/et de voir ma propre mort.
Je me souvenais de notre discussion au téléphone; la veille, sur cette frustration ressentie
plus que la peur-même de mourir.
“Ne plus voir disait-il, ne plus sentir le rythme du jour et de la nuit, ne plus sentir venir le sommeil et ces états de conscience entre douleurs et joies : le goût des lèvres aimées, ce goût de sel sur les peaux et l’infini énumération de ce que nos sens recensent :
cet abîme de la frustration!

5/12
après Valence
J’ai tjs été sensible au dépouillement, à la mise à nue :
nudité des corps
accès à l’âme!
N’ai jamais souhaité posséder : objets/biens/êtres
Posséder
c’est déjà être possédé.

5/12
TGV Lyon
aller à Paris mais qu’elle est la destination réelle. Avons parlé hier au téléphone des mots à l’essentiel, la vie , la mort sans la nommer. Recueillir les mots de l’autre suspendus au dessus de la durée, épitaphe sur la pierre.
Les mots n’ont pas le même sens, le même poids selon la situation du locuteur qui les prononce.
L’émotion nous étreint.`
Nos échanges ont/avaient cette vibration sinusoïdale entre gravité et rires. La gravité se nourrissait de notre inscription dans l’histoire dans années de jeunesse : choisir son camp!
La gravité : ce nous, je + je
la gravité comme le scalpel et le sang
lyrique, juvénile, ingénue et pressée sertie dans l’enjeu inégal de forces planétaires;
La gravité, vaccin à ne pas renoncer à la théorie à l’analyse du réel sans complaisance
à vision du monde, lignes de fractures, classes sociales et cette ére de la marchandisation des objets et des êtres humains. Pas une question de morale mais d’éthique. Oui la théorie est grave quand elle opère à la mise à nue du réel.
En contrepoint nos rires, jamais loin.
Nous avons toujours ri de nous mêmes : ne pas donner ce plaisir aux crapules de toutes sortes.
Nous avons ri de notre don quichottisme, de notre angélisme, de ces défaites qui se dessinaient, nous avons ri de nos désirs qui ne devenaient pas réalité, du froid qui nous saisissait quand nos compagnes se détournaient, de nos incapacités à aimer, nous avons ri plutôt que de brûler nos vanites sur un bucher
et le délitement des solidarités nous rendit notre rire amer, les reflux des luttes collectives et le chacun pour soi le colorièrent de jaune!
Nous savions qu’il n’y a pas de résistance sans une culture vivifiante, un partage généralisé, une éthique commune qui relie ceux/celles qui se dressent,
Pourquoi parlions nous de cela ce jour de décembre, pourquoi ce gout des défaites en boomerang occupait notre esprit, riant de l’absence de qualité du ciment théorique et émancipateur qui endiguerait le marketing et les sirénes de l’argent facile.


7/12
Back to Nîmes
Je n’ai pas de métaphore pour ce temps passé.

Je sais qu’il est en moi suspendu. Avons beaucoup parlé
tandis que les mains de Michel égrenait le tempo. “the girl from ipanema”
scandant nos pensées , le silence, l’indicible. Nous savons ce temps singulier.
Mon esprit tatoué le sien ébavuré des aspérités qui sont non sens.
La musique pour celui qui la pratique est un vecteur vers un au de là de soi
et je me demandais si le tempo choisi scandait ses interrogations muettes.
La pudeur n’est pas une question de vêtements mais de regards, l’idiotie est de croire
qu’il faille couvrir et non éduquer ceux qui ont des visées prédatrices.
Nos regard se croisent, je sais quand je dois détourner mon oeil unique sur son épreuve.
Tu es mon ami, tu es cette part de moi que je viens cueillir, tu es mon histoire, quelques grains de sable dans ce désert qui advient sans toi. Les notes emplissent la pièce d’un Brésil revisité par la sensualité d’une ligne mélodique, ton visage se fait brésil , ô mon ami cangaceiro qu’il sera long ce temps sans toi, tu souris , tu le sais.

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