"Courir, dit-il. Courir et traverser le temps pour que la volonté cesse de guider le corps. Courir pour que le corps devienne un pur mouvement. Courir, pour augmenter sa puissance de vie, éprouver la durée, se sentir en apesanteur, et ne plus compter ses forces. Courir jusqu’à l’épuisement et renaître dans la joie d’un deuxième souffle. Courir, dit-il, pour ne plus avoir à philosopher. Courir, dit-il, pour que son esprit se dilate, pour être seul, pour perdre ses repères : se sentir de nulle part. Courir à plusieurs, comme un loup dans une meute. Courir avec ses bras comme Emil Zatopek. Courir aussi pour restituer sa vitesse aux choses, rendre sa mobilité au sol, se recentrer vis à vis du monde. Courir enfin pour atteindre le fond, ne plus avoir à distinguer le plaisir et la souffrance, entrer dans un monde sans référence.
On l’aura compris, le coureur Guillaume Le Blanc ne cherche pas à épuiser la course en la recouvrant d’un discours univoque sur le corps en mouvement, l’accélération du temps, le sentiment post-moderne de la mort. C’est plutôt l’inverse qu’il met en œuvre dans son livre intitulé « Courir » - sous-titré « Méditations physiques ».
Il s’appuie sur l’expérience de la course pour épuiser les philosophies – pas toutes – et les sociologies qui prétendent la subsumer ou lui dire ses quatre vérités.
Courir est non seulement un hymne à la course, une défense et illustration du joggeur, mais une rébellion contre un certain usage de la philosophie…
Aujourd’hui nous recevons bel et bien le coureur Guillaume Le Blanc…"
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