jeudi 5 mars 2009

7 marzo



la voix de paolo conte me bascule chaque fois sur les visages des rares hommes de mon enfance. Des visages de mes grands oncles piémontais, bacchantes et montre à gousset. J'ai une affection sans borne pour ces hommes burinés par les temps et la guerre, silencieux et conteurs, la voix filtrée par le tabac brun de la pipe. Migrants et fermiers d'un autre siècle, quand la faim déplaçait les enfants pour chercher du travail de ce côté des Alpes. Les hommes de mon enfance étaient au bout de leur chemin, le souffle plus court et le pas plus lent pour attendre l'enfant que j'étais.
Je n'ai jamais eu le moindre rejet de la vieillesse, j'ai toujours une méfiance "des adultes". J'ai toujours été sensible à ces paroles ombrées par le sentiment de finitude. Plus que le contenu, sa musique particulière, laissant entrevoir une ultime sincérité. Ces figures de mon enfance m'ont guidé sur les chemins de l'histoire enracinant le sans racine que j'étais. Peut être dois je à ces hommes de ne pas avoir glissé dans la folie ou la violence sans principe. Peut être dois-je à ces hommes ce privilége d'aimer un statut solitaire, anti grégaire et le ressort à se lier quand il le faut. J'ai la mémoire de leurs gestes simples, du poids de la parole. J'ai ce gout de la lenteur pour braver le temps. La prégnance de leurs présences m'a greffé cette inaptitude au temps présent , ce refus de ce réel. Ni une rébellion, ni une contestation, un principe vital pour ne pas disparaitre. Je n'ai jamais renié ce monde rêvé des hommes. J'ai une haine secréte pour ce que j'appelle "mon monde des femmes". Une haine viscéralle, épidermique, une haine de soi. Ce brouillage m'a toujours convaincu combien l'éducation était un dressage.
Est ce pour cela que lorsque je croise certaines femmes-mères qui tentent autre chose, je suis dans le ravissement

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