dimanche 13 septembre 2009

13 septembre

toutes les époques trouvèrent troubadours


j'essayais vainement d'écrire quelque chose qui me préoccupait
cette mise en miroir des mots et ce quatrième jour d'affiler
faisait cligner mon oeil unique tandis que l'autre dépourvu de larmes
semblait goutter à une sorte d'ébullition sèche.
Je n'arrivais pas à organiser ma pensée.
La journée n'avait pas été particulièrement "brûlante" si ce n'étaient ces deux femmes
de la chambre ... qui semblaient faire des enchères pour quémander ma présence. L'une fixée sur son transit, l'autre sur la chambre particulière qu'elle n'avait pas ou la morphine promise et je passais de l'une à l'autre sur le tempo d'un sablier clignotant "rouge" qu'elles allumaient pour tester la souris pavlovienne : "moi".
Dans ce jeu, je fonctionne comme la souris : d'humeur égale devant les stimuli, me disant que celles (celui) qui veut me mener à bout est mal barré(e) (ce qui est faux puisque une patiente m'a déjà fait disjoncté) mais là l'ibérique et l'italienne relevaient un challenge improbable. Aussi quelle idée de mettre ces deux tempéraments du quatrième âge dans la même pièce au risque de ces enchères où chacune accuse l'autre d'intolérance, de parler constamment, de geindre. Mon affection se portait sur la dame ibère, un peu plus âgée, un peu perdue après une opération à la hanche qui n'est jamais une sinécure à cet âge avancé. Elle pleurait beaucoup, de ces larmes nécessaires que je laissais couler sans commentaire. Ma grand mère était ainsi, dans ses excès de solitude quand le rhum, la fatigue des longues journée de casalingha lui ramenaient en vague tous ses deuils, son exil, ses souffrances tues, tout le désespoir vertébral d'une vie qui arrivait à terme. Enfant, je compris très vite qu'il fallait laissait passer cette eau souterraine, ne pas chercher à trouver des mots que le flux emporterait. La dame ibère le savait. Elle pleurait, je lui souriais parfois lui tenant la main. Ce comportement finement observé par la voisine attisait sa perception d'un échange inégal. Comme bien des femmes italiennes promptes à utiliser le pouvoir de la voix, elle m'ordonnait : "je veux la morphine cela fait plus de 3 H que j'attends". Plus je lui répondais en italien, plus elle insistait en français ajoutant à son argumentaire des remarques sur la qualité des repas, le café qui n'avait pas été servi et la fameuse chambre particulière. Je lui proposais de lui servir un café et bien sûr, elle refusa pour avoir en contrepartie une tisane! L'idée d'avoir un numéro vert/vers la psychologue de la clinique traversa mon esprit. J'étais toujours amusé devant ces stratégies d'enchères incessantes, cette quête d'avoir le dernier mot. Je revins avec la tisane, elle embraya sur la télécommande de sa tv qui ne fonctionnait pas. Je la pris, fis mine d'aller la changer sachant que les piles étaient récentes, revins, fis la démonstration et crus avoir un répis, il était à peine 16 h. Il ne fallait pas y compter.Les dimanches (en milieu hospitalier) sont des jours de semaine : not END, si ce n'était ce midi table festive et couscous délicieusement préparé par
collègue priée d'aller voir ailleurs. (Il y a tjs x manières d'évincer quelqu'un, même
quelqu'un de brillant, apportant un savoir-faire indéniable ; à croire que la gestion des rh est plus de l'ordre de créer du chaos que de susciter l'harmonie, faites un zoom sur google et tapez france télécom- harcélements, fermons la parenthèse).
La table était mise et assiettes servies et bien sûr la vie du service qui vous empêche de rester attablés plus de qqs minutes, histoire de partager un peu de temps à blablatter de tout et de rien. Restait le plaisir de ce temps fugace, d'avoir pris cette initiative, d'avoir agrémenter la journée "à notre sauce".
J'avais repris le fil de ma pensée ce lundi de repos et comme tout jour de repos
"ne parlerai pas boulot" : ne parlerai pas!

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